VANESSA PARADIS

L’âme à l’amour…

Vanessa Paradis, album après album, film après film, est restée l’icône absolue de toute une génération et des suivantes. Toujours aussi discrète, son éternelle jeunesse traverse le temps, femme à nouveau épanouie, jeune épouse amoureuse, maman attentionnée et effacée devant la lumière laissée à Lily Rose, elle a voyagé tout au long de ces années avec cette même évanescence, désinvolte et timide à la fois, alors que la vie riche et par moments mouvementée aurait pu avoir vite raison de son calme olympien et de sa bienveillance remarquable. C’est exactement comme ça qu’elle est apparue sur la scène du Centre Evènementiel de Courbevoie, le 13 mai dernier, pour le premier concert de sa nouvelle tournée, qui passera par l’Olympia fin juin, venant délicatement soutenir son album « Les Sources », hymne à l’amour retrouvé, augurant un retour à la source et à ces Pygmalions qui ont façonné son image.

A l’image de la pochette magnifique et boisée de son nouvel album, la scène est voilée , animée par des projections bucoliques, images d’eau et de verdure, une tranquillité presque naturelle balancée par les premières notes instrumentales de son nouveau tour de chant avant qu’elle n’apparaisse, à l’ombre des musiciens, presque irréelle au fond de la scène.

Ce concert est à l’image de l’ambiance calme et tranquille de cet album « Les Sources » évoqué dans cette introduction, donnant le ton d’un show paisible et apaisé, voyage en légèreté de plus de 30 ans d’une carrière absolument remarquable, qui fait tout de même la part belle à ce dernier opus (avec 8 titres chantés sur 12) qui renoue avec le bonheur insolent de l’amour retrouvé, à l’instar du premier titre qui ouvre le tour de chant, « La plage ». Puis, pendant près de 2 heures, l’enfant star devenue femme iconique va égrainer ses 7 albums, sans oublier quelques pépites comme « Il y a », l’inédit de son seul best of, composé par Gaëtan Roussel ou l’une des B.O. sur lesquelles elle a chanté : « La Seine  » (extrait du film « Un Monstre à Paris » avec M où elle a également prêté sa voix). Autant d’étapes d’une vie marquée par sa rencontre avec les hommes de sa vie qui ont chacun taillé une des facettes de cette égérie, cette icône, cette enfant de la France. Pour cette nouvelle tournée, Vanessa retrouve l’âme de l’amour après une longue période de vagues à l’âme

Quasiment tous les tubes sont là, de « Joe le Taxi » dans sa version de 1987 à « Pourtant », en passant par le relativement discutable « Commando » qui reste néanmoins toujours efficace sur scène, à ses derniers tubes comme « Kiev » ou « Ces mots simples » (proposé en rappel). Vanessa pose ici, sans grande surprise mais en toute humilité, les petites pierres d’un parcours pourtant exceptionnel.

Alors, si on veut pinailler un peu, on dira qu’il manque peut être « Que fait la vie » ou que l’album avec Gainsbourg, « Variations sur le même t’aime », est ici encore et comme trop souvent négligé. On dira qu’au final, c’est un peu toujours les mêmes chansons que l’on retrouve et qu’on aurait sûrement aimé un peu plus d’audace et aussi de mise en scène, mais la grâce et l’élégance intacte et innée de Vanessa Paradis, sa douceur et son nouveau bonheur affiché emportent toutes les questions que l’on peut se poser. D’autant que ce soir, cet amour-là est dans la salle. Elle le regarde souvent d’ailleurs tissant le fil invisible qui les relie avec une tendresse palpable.

Même si peut rester dubitatif devant l’idée, presque incompréhensible, du Medley vite expédié de son album avec Lenny Kravitz, on s’inclinera devant sa superbe reprise de « La Ballade de Johnny Jane », deux moments opposés et symboliques qui résument à eux seuls les grandes rencontres des hommes de sa vie qui ont façonné sa discographie, et qui transpire dans chacune de ses chansons, chantées ici comme autant de retour aux sources de sa vie et de sa carrière. Amis, amours, Dieux d’une vie pour une déesse moderne et qui se sont enchaînés depuis 1987 : Etienne Roda-Gil, Serge Gainsbourg, Lenny Kravitz, Johnny Depp, Matthieu Chedid, Benjamin Biolay, et aujourd’hui Samuel Benchetrit… autant d’amour à donner et à prendre, amplifié par un public toujours aussi présent, fidèle, disciples d’une égérie intacte qui donne de l’humanité et du sens à ce tour de chant attendu et chaleureux.

Gregory Guyot


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