L’interview « Comme un garçon » 

de NAJOUA BELYZEL

Depuis ses débuts en 2005 avec la tornade « Gabriel », véritable hymne pour toute une génération de jeunes en mal d’identité, dernièrement glorifié par son fan numéro 1, le talentueux Pierre de Maere, Najoua Belyzel poursuit son chemin artistique en dehors des sentiers battus, avec une volonté doublée d’une créativité et d’une énergie communicative qui forcent le respect. Et son nouvel album « Schizo-phonia  (date de sortie TBC), conçu avec son compositeur et producteur Christophe Casanave (cf. Marc Lavoine, Sylvie Vartan, Hélène Ségara…) qui puise ses références dans ce que l’Electro-Pop et la Dance ont  produit de meilleur ces dernières années, en multipliant les hommages et les clins d’oeil à des titres cultes, en est l’éclatante et très convaincante preuve. Annoncé par un premier extrait « Ton guerrier Massaï » dont le superbe clip rappelant le film « Drive » n’a rien à envier à de luxueuses productions américaines, cet opus truffé de hits potentiels pourrait bien remettre Najoua sous les projecteurs et lui offrir la place qu’elle mérite dans la Pop française au féminin. En attendant ce retour en force annoncé, celle que la communauté LGBT a toujours érigé en princesse des dunes, s’est amusée à se glisser dans la peau d’un garçon… 

– Étais-tu « Garçon manqué » (La Maison Tellier) dans ton enfance ?

Un peu fille, un peu garçon, un peu à part.

–  Jouais-tu plutôt à « Toi le Cowboy, moi l’indien » (Zazie) ou « Barbie, tu pleures » (Lio) ? 

J’adore Zazie et j’adore Lio. J’ai très peu joué à la Barbie dans l’enfance. J’avais une poupée Nenuco que j’aimais tendrement, mais cela a duré peu de temps. Étant la 4ème fille d’une fratrie de six, j’ai davantage joué avec mes deux petits frères qui étaient moins sérieux que mes sœurs, au base ball ou à la chasse à l’homme, mais il y avait quelque chose que je ne comprenais pas : aucun garçon ne me choisissait dans son camp. C’était un peu triste, mais je m’en suis remise (rires).

– T’arrive-t-il de te dire «Si j’étais un homme… » (Diane Tell) dans ton métier de chanteuse ? Dans quelles circonstances ? 

C’est la journée de la Femme aujourd’hui 8 mars (n.d.l.r : date de l’interview) et à chaque fois, je me dis que c’est tous les jours que la femme devrait être célébrée : c’est quelque chose d’exceptionnel d’en être une, d’être faite de deux chromosomes XX (rires). Il ne m’est pas souvent arrivé de penser à si les choses étaient autrement dans mon métier, même s’il doit exister des tas d’inégalités (comme dans énormément de domaines et de corps de métiers). Dans certains cas de figures comme l’habillage, les contours d’un tournage, c’est évident : les préparatifs sont plus longs pour une femme, plus prise de tête (maquillage, etc). Mais je dois t’avouer que la fois où je me suis posé la question concrètement, ce fut après ma première grossesse. Artistiquement c’est aussi un risque de disparaître des médias pour faire un enfant et s’y consacrer. C’est une question de temps aussi. Nombreuses sont les femmes qui retardent leur horloge  biologique et chimique et refoulent leur désir de devenir mère pour leur carrière. C’est le cas dans beaucoup de professions et notamment dans la musique.

– Si tu étais un homme justement, quel chanteur français serait ton modèle ? 

Je pense à Jaques Brel, Charles Aznavour, puis par extension à Stromae, mais aussi à Christophe Maé ou à Vianney. Disons qu’ils seraient des sources d’inspiration, plus que des modèles.

– Quel chanteur international ? 

Beaucoup nous ont quittés. Parmi les vivants, disons Paul Mc Cartney ou Ed Sheran.

– Ferais-tu un style de musique différent ? 

J’adorerai m’essayer à un style un peu Jazz. Sinon – rien à voir – mais reprendre des grands classiques du répertoire français me ferait aussi kiffer.

– Dans les 60’s, aurais-tu été davantage séduite par la sexy Sylvie (comme Johnny), ou la cérébrale Françoise (comme Jacques) ?  

Sylvie me plaît encore et toujours, c’est une grande dame, une grande âme. Mais j’aime aussi l’écriture et la lecture de l’âme de Françoise Hardy.

– Avec quelle chanteuse aimerais-tu enregistrer un duo d’amour sulfureux comme «Je t’aime, moi non plus » (Gainsbourg / Birkin) ? 

Je ne sais pas.

– Dans la peau de Gainsbourg, quelles actrices actuelles aimerais-tu faire chanter ?

Adèle Exarchopoulos. Elle a une voix colorée, à la fois suave et très timbrée. Je serai curieuse de l’entendre chanter un de mes titres.

– Accepterais-tu de changer de sexe pour les besoins d’une pochette comme Gainsbarre sur « Love on The Beat » sans te soucier de ton image ? 

Bien sûr ! Ce serait un très bel exercice. J’en ai déjà eu l’idée : me transformer, me faire … mâle ! (rires).

– Si tu devais faire une reprise jouant sur l’androgynie aujourd’hui, plutôt « Comme un garçon » (Sylvie Vartan) ou « Sans contrefaçon » (Mylène Farmer) ? 

« Comme un garçon ». ️

– Et dans la peau d’un séducteur, plutôt « Femme des années 80 » (Michel Sardou) ou « Femmes, femmes, femmes » (Serge Lama) ? 

J’aime les deux, mais « Femme des années 80 », j’ai tellement dansé dansé sur cette chanson quand j’étais petite…

– Plutôt « Un homme heureux » (William Sheller) ou « Un homme debout » (Claudio Capéo) ? 

William Sheller est un très grand compositeur, un poète, un magicien.

– Au registre gay friendly, plutôt « Comme ils disent » (Charles Aznavour) ou «Kid » (Eddy de Pretto) ?

« Comme ils disent »  : quelle chanson incroyable ! C’est un texte haute-couture et une mélodie comme je les aime, qui glisse à l’oreille jusqu’au centre du cœur, sans effort, sans tricherie.

– Si tu devais chanter « Je suis un homme », ce serait la chanson de Polnareff ou celle de Zazie ? 

Je suis une grande admiratrice de Michel Polnareff. Y a pas à se poser la question (rires).

– Quelles devraient être les qualités de la femme idéale ? Plutôt « Je serai douce » (Barbara) ou « Libertine » (Mylène Farmer) ? 

Un peu des deux. Un bon smoothie et des tas d’autres ingrédients : des épices et des écorces douces-amères …

– Quel type de femme n’aurait aucune chance de te séduire ?

Je méprise la vulgarité.

– Accepterais-tu d’être un homme au foyer, si ta compagne était artiste, par exemple  ? 

Oui.

– Épouserais-tu sans problème une femme de 20 ans ta cadette, comme beaucoup de Rockstars ? 

Rien n’est sans problème, surtout en amour (rires).

– Et de 20 ans ton aînée ?

Ha ha ha !

– Quelle est pour toi la plus belle déclaration d’amour, jamais chantée par un homme à une femme ? 

Une chanson écrite par l’Amour de mes vies. Unique et confidentiel.

– Quelle chanson du répertoire masculin est « la chanson de ta  vie » ?

Très difficile à dire… Ma vie continue . J’espère vivre encore mille ans. Pour l’instant, « La chanson des vieux amants » de Jacques Brel me donne le frisson.

– Celle que tu trouves inchantable par une femme ? 

Aucune.

– Question subsidiaire : dans la peau d’un garçon, que dirais-tu à Najoua, pour la séduire ? 

Je ne dirais rien. J’écrirais.

Propos recueillis par Eric Chemouny

Photos : DR

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