JOHNNY HALLYDAY & SYLVIE VARTAN

Un parfum d’idéal…

Trois ans se sont écoulés depuis sa disparition, et pourtant le mythe Hallyday est toujours tenace et vivant, avec une multitude de nouveaux livres qui lui sont consacrés, accompagnant la sortie de trois albums : « Son rêve américain », l’album symphonique « Acte II », réalisé par Yvan Cassar, sans oublier un Live inédit à Bercy de 2003. Dans cette avalanche de cadeaux pour les fans, deux beaux livres se distinguent, rappelant combien l’idole et son premier amour, Sylvie Vartan, incarnent encore et toujours l’image du couple idéal pour des millions de Francais…

Le premier de ces livres est signé, Jean-Marie Périer, le fidèle copain du couple Hallyday-Vartan, qu’il aura suivi depuis leurs débuts respectifs, jusque pendant leur voyage de noces aux Canaries en 1965. C’est d’ailleurs une photo issue de ce voyage, qui illustre « Déjà hier » (ed. Calmann-Levy), un ouvrage de 300 pages, retraçant toute une année sur Instagram du photographe chéri des 60’s. Car non content d’être une légende vivante de l’image, Périer fils s’est découvert récemment une passion pour l’écriture, et il a naturellement trouvé en Instagram le meilleur des supports pour commenter lui-même sa photothèque de rêve, en agrémentant les clichés de commentaires, écrits d’une plume ciselée, vive, et souvent caustique.

Page après page, on y retrouve les idoles de ses années Salut les Copains (Françoise Hardy, Jacques Dutronc, Mick Jagger, les Beatles, Claude François…), mais aussi ceux de comédiens et de membres de sa famille (sa grand-mère, son père François, sa soeur Anne-Marie épouse de Michel Sardou, ou son frère défunt Marc Porel), sans oublier quelques auto-portraits, le tout finissant par constituer un portrait en creux de l’homme aux mille vies. Mais c’est aussi et surtout une belle leçon de philosophie à laquelle nous invite Jean-Marie, qui jette sur son époque un regard sans concession, plein d’humour et d’autodérision, aucune des dérives de notre société malade n’échappant à son oeil de lynx ni à son analyse souvent très juste et terriblement drôle. 

Dans ce kaléidoscope foisonnant couvrant au final pas moins de 60 ans d’histoire de France, le couple Johnny et Sylvie occupe une place de choix, tant les baby boomers ont partagé de souvenirs communs avec Jean-Marie, lequel ne tarit pas d’éloges à leur sujet, qu’il s’agisse de vanter leur sens indéfectible de l’amitié, leur disponibilité à toute épreuve, ou encore et surtout, leur incroyable photogénie… « Le matin, lorsque m’attendait une séance de vues avec Sylvie, j’étais tout simplement heureux… » se rappelle-t-il.*

Le second, tout naturellement intitulé « Sylvie et Johnny » (ed. Gründ) est signé du journaliste Benoit Cachin, déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la blonde chanteuse, laquelle après avoir enregistré un album de reprises de Johnny (« Avec toi », 2019) et lui avoir dédié un spectacle, préface ici le livre en toute simplicité. « C’est ici un voyage initiatique, d’une grande partie de ma vie, celles de mes premières amours, et de mes débuts de chanteuse avec celui qui allait devenir, très vite, l’artiste probablement le plus doué de sa génération. Presque 20 ans d’une vie, c’est long même si ces années sont en réalité passées en un éclair, rouge et or » écrit-elle.

Si elle avoue qu’elle a elle-même découvert de nombreux clichés en feuilletant le copieux ouvrage, c’est la folle passion entre deux êtres d’exception qu’il nous est donné de revivre ici, dans ce luxueux catalogue d’images pleines de charme et de nostalgie envers une époque révolue. De leur première rencontre dans les coulisses de l’Olympia en janvier 1962, jusqu’à leur dernière apparition ensemble sur cette même scène en septembre 2009, en passant par leur mariage ultra médiatisé le 12 avril 1965 à Loconville, la naissance de l’enfant roi le 14 août 1966, leurs nombreux duos en concert ou sur le plateau des shows télévisés des Carpentier, leurs voyages de rêve de New-York à Rio, aucun épisode de leur vie publique ultra-médiatisée n’a été oublié. L’ensemble donnerait même le vertige, tant toutes ces magnifiques photos les racontent autant qu’elles nous racontent.

Car plusieurs générations de français ont grandi avec leurs idoles Johnny et Sylvie, ont copié leurs styles vestimentaires, chanté et dansé au rythme de leurs chansons, prénommé parfois comme eux leur fils David, projeté sur eux leur idéal de vie, leur passion pour une certaine idée de l’Amérique et cette musique qu’ils ont contribué à faire éclore en France, le fameux Rock’n’Roll… Jusqu’au jour de 1980, où consumés par un même métier destructeur, les deux amoureux ont annoncé leur séparation, au grand dam de leurs fans : un séisme ayant peu à peu laissé place entre les deux anges blonds, à une grande tendresse et à une amitié indéfectible, autant de sentiments scellés autour de leur fils, et aussi des rencontres « historiques » sur scène, comme en témoignent encore de nombreuses photos. On garde tous en mémoire ce jour de juin 1993, où l’on vit la star, somptueuse dans une robe de panne de velours rouge, descendre d’une limousine et avancer sur l’immense scène du Parc des Princes, pour susurrer a cappella à son amour de jeunesse, qui fêtait alors ses 50 ans, la chanson « Tes tendres années » devant des milliers de fans émus aux larmes…

Alors que la chanteuse s’apprête en 2021 à célébrer 60 ans de carrière au sommet, sur la scène du théâtre Edouard VII en octobre prochain à Paris, comme il est bon de se replonger au bon vieux temps du Rock’n’Roll, et de revivre l’histoire d’amour fou, si belle et si pure, de ces deux enfants du siècle, dont les prénoms restent à jamais indissociables…

Eric Chemouny 

Crédit photos : Jean-Marie Périer (DR / ed. Calmann Lévy) // DR (ed. Gründ) // Photos live par Daniel Millet (DR avec son aimable autorisation).

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