L’interview « Voyage Voyage »

de TINA ARENA

À la fin des années 90, la France découvrait Tina Arena, une voix et une personnalité hors du commun, véritable joyau venu d’Australie, un pays où elle fut découverte très jeune, et dont elle est depuis plus de trente ans une des grandes fiertés, aux côtés de Kylie Minogue ou Olivia Newton-John. Au fil de tubes qu’elle enregistre en français (« Aller plus haut », « Les trois cloches », « Tu es toujours là », « Aimer jusqu’à l’impossible », « Je m’appelle Bagdad »…), et de collaborations avec les plus grands auteurs-compositeurs (Jimmy Kapler, Jacques Vénéruso, David Hallyday, David Gategno…), elle finit par s’installer durablement dans le coeur du public hexagonal et tisser avec lui d’indéfectibles liens d’affection. De retour aujourd’hui après 5 ans d’absence, avec « Love Saves », un album sorti sur un label indépendant, tout entier dédié au pouvoir salvateur de l’amour et comptant 3 titres en français, Tina la star internationale aux millions de disques vendus, était l’invitée rêvée pour parler « Voyage voyage » avec Je Suis Musique. Nous l’avons retrouvée resplendissante dans ce Paris qui l’a prise dans ses bras et qu’elle affectionne tant, au point de bien vouloir se prêter aussi, et en toute simplicité, à une séance photo exclusive…  

– Dans quelle ville, quel pays es-tu née ?

Je suis née en Australie, à Melbourne, en plein centre ville, de parents immigrés italiens, siciliens des deux côtés.

– Quel est le premier pays que tu as visité ?

Je pense que que c’était Hong-Kong, alors que ma famille et moi étions en route pour l’Europe. J’avais 4 ans, et j’ai fêté ensuite mes 5 ans en Sicile, parce que mes parents avaient organisé un voyage de quatre mois, pour nous emmener, ma soeur aînée et moi, à la rencontre de nos grands-parents maternels et de toute notre famille dispersée entre la Sicile, la Belgique et la France.

– Le dernier pays visité ?

J’ai visité la Grèce et la Turquie l’été dernier.

– Celui où tu rêves d’aller ?

J’ai beaucoup voyagé dans ma vie, mais il y a encore plein d’endroits que je rêve de visiter : le Vietnam, les pays du Nord de l’Europe, le Népal… 

– Ton plus beau souvenir de voyage ?

J’ai un très beau souvenir de voyage avec mon fils Gabriel, alors qu’il était encore petit. Avec son père, nous avions pris six ou sept semaines pour faire un tour d’Italie en voiture, et visiter aussi la Corse. C’était vraiment magnifique… On est partis à l’aventure, sans rien avoir réservé, ni hôtels, ni quoique ce soit… J’ai notamment un très beau souvenir de la Sardaigne. C’était monstrueux… Je n’ai jamais vu d’aussi belles plages qu’en Sardaigne dans ma vie. Stintino, la Pelosa ont été de très belles découvertes pour moi. J’ai aussi beaucoup aimé visiter l’Autriche dernièrement, c’était fantastique pour moi d’aller dans tous les musées et admirer tous les tableaux des grands génies. J’aime tellement l’art… Je collectionne d’ailleurs des tableaux de peintres que j’aime. Evidemment, je n’ai pas de Da Vinci chez moi, mais j’aime les artistes et les gens qui ont quelque chose à dire et un regard à part.

– Et ton pire souvenir de voyage ?

C’est difficile pour moi d’en parler, mais j’ai eu une très mauvaise expérience en Arabie Saoudite, où j’étais en transit. Sur le plan de l’énergie, j’ai eu beaucoup de mal. Il y a là-bas une différence de culture, de manière de voir les choses, qui font partie de la vie bien sûr, mais qui m’ont personnellement pas mal chamboulée…

– Quelle est ta ville préférée au monde ?

C’est difficile pour moi de répondre à cette question, car j’aime beaucoup d’endroits pour des raisons diverses, mais disons que j’aime beaucoup être chez moi, à Melbourne. C’est une ville très très jolie. Les villes italiennes sont aussi au sommet de la liste de mes endroits préférés.

– Le pays, la ville, dans lequel / laquelle tu aimerais vivre ?

Je pense que je finirai quelque part en Italie… 

– Côté gastronomie, ta cuisine préférée ?

Je n’en ai pas, parce que je suis fan de cuisine, un point c’est tout. Je pense que j’ai hérité de mes parents l’amour véritable de la cuisine.

– En vacances, es-tu plutôt découvertes ou farniente ?

Les deux, ça dépend si je suis épuisée ou pas. C’est important de se savoir reposer dans ce cas. Mais sinon, j’ai l’âme d’une aventurière : j’aime partir en sac à dos, en tongs et baskets. On y va, sans maquillage ni rien d’autre de superflu.

– Plutôt « La mer » (Charles Trenet)  ou « La montagne » (Jean Ferrat) ?

J’aime les deux, ça dépend de mon état d’esprit et des saisons aussi. S’il y a une chose que je sais, plus que jamais, c’est que j’ai besoin de voir l’horizon. Mon idéal serait de vivre entre les deux, comme en Italie et dans beaucoup d’autres pays de la Méditerranée.

– Plutôt « il voyage en solitaire » (Gérard Manset) ou « Les jolies colonies de vacances » (Pierre Perret) ?

Avec mon équipe, on voyage déjà en tribu quand je suis en tournée, et c’est toujours fun. Voyager en solitaire, c’est rare. J’aime beaucoup voyager avec mon compagnon. On aime découvrir les choses ensemble, parce que nous avons en commun d’aimer tous les deux l’art, l’architecture… J’ai besoin d’échanger pendant les voyages. J’ai eu mon lot de solitude dans ma vie. Etre artiste est déjà une grande solitude en soi…

– Quelles langues étrangères pratiques-tu ?

Je parle l’italien, qui est ma langue maternelle, l’anglais et le français.

– Celle que tu aimerais apprendre ?

Le grec, l’espagnol…

– Dans combien de langues as-tu déjà chanté ?

J’ai chanté en anglais, français, italien, espagnol et même en grec. D’ailleurs, j’ai fait une très belle rencontre cet été avec la grande Nana Mouskouri. C’est une femme extraordinaire, hors du commun comme tu n’imagines pas. Elle est tellement brillante. Elle a fait une carrière internationale de folie, a chanté dans 7 langues, vendu des millions de disques dans le monde. C’est une vraie visionnaire, en fait, un être humain d’une grande intelligence émotionnelle. Elle a 89 ans, bientôt 90, et une de mes meilleures amies en Grèce, qui la connaît très bien, a voulu nous présenter. J’en avais très envie, et apparemment, c’était une envie réciproque. J’en étais très flattée.

– Dans quels pays as-tu déjà chanté ?

En Australie, en France, en Angleterre, notamment au Royal Albert Hall, à Dubaï dans les Emirats Arabes Unis, en Italie, à Hong Kong, aux Etats-Unis, en Allemagne, en Hollande, en Chine, au Japon avec Chaka Khan… J’ai chanté en Grèce à l Odéon d’Erode Atticus, ce théâtre ouvert près de l’Acropole. J’étais la première et la seule australienne à mettre le pied sur cette scène. C’était quelque chose, crois-moi… Quel souvenir incroyable ! Et puis, j’ai joué Notre-Dame de Paris à Londres. C’était une toute autre époque. Quand je passe aujourd’hui devant le Palais des Congrès à Paris, et que je vois l’affiche avec d’abord écrit en gros le nom des producteurs, puis celui de la pièce, et enfin ceux de l’auteur et le compositeur, sans aucune mention du casting, je suis sans voix… On en est arrivé là. Les gens achètent un spectacle plusieurs mois à l’avance sans rien savoir de son contenu, juste pour la marque. Je n’ai pas les mots pour dire ce que je ressens…

– Celui où tu aimerais chanter ?

Ce serait incroyable pour moi de chanter dans les pays d’Amérique latine où je ne suis encore jamais allée.

– Ton plus beau souvenir de tournée ?

J’ai accumulé tellement de souvenirs, aussi bien dans de très grandes salles que dans de petites salles… Ce serait difficile pour moi d’en choisir un en particulier. Je pourrais écrire un livre sur tous ces souvenirs. Je prends quelques notes parfois, mais je n’écrirai un livre que quand je pourrai vraiment être honnête, sans m’inquiéter de savoir si j’aurai des procès derrière… Ce ne serait pas pour raconter comment ça se passe avec les gens du métier qui sont dans la lumière, mais plutôt avec ceux de l’ombre.

– Ton pire souvenir de tournée ?

C’était à Sidney je pense, lors d’un concert pour mardi gras. Les techniciens avaient monté la scène, sans aucun respect des règles de sécurité. Ils ont été obligés de tout démonter et de remonter ensuite la scène. Ca m’a mis dans un état de colère terrible… Le concert a quand même eu lieu, grâce à deux trois personnes de mon équipe qui sont intervenues, pour signaler les insuffisances de sécurité, d’autant que nous étions proches de l’eau… Le public est resté patient, et tout s’est bien passé au final, mais j’étais furieuse de ce manque de professionnalisme et pour toute cette énergie perdue…

– Le festival que tu n’as jamais fait et que tu aimerais faire ?

Il y en a pas mal. J’aimerais beaucoup faire les gros festivals français comme les Francofolies de la Rochelle.

– En tournée, es-tu plutôt « tour bus » ou « relais et châteaux » ?

On va prochainement passer quelques jours en tour bus aux Etats Unis. Ce sera ma première expérience de ce genre, et je suis certaine que ce sera très intéressant à vivre. Mais de façon générale, j’aime découvrir les endroits simples, découvrir de petites choses. Je me sens très artisane dans mes goûts. J’aime, par exemple,voir  ce que les gens savent faire de leurs mains, en laissant libre cours leur imagination. J’aime les chambres d’hôtes, les jolis petits hôtels de charme… 

– L’artiste étranger avec lequel/ laquelle tu aimerais faire un duo ?

C’est étrange, on me pose souvent la question ici. Pourquoi à ton avis ?

– Sans doute parce qu’on devient artiste soi-même après avoir été fan : chanter avec quelqu’un que l’on a admiré plus jeune reste de l’ordre du fantasme…

C’est possible. Dans ce cas, j’aurais aimé faire un duo avec David Bowie ou avec Georges Michael, dont la mort m’a littéralement flinguée. J’ai eu la chance de chanter avec Donna Summer, les Bee Gees et surtout Olivia Newton-John. Nous l’avons perdue il y’a un an maintenant, et je l’ai très mal vécu aussi. C’était une très grande amie. J’ai perdu beaucoup d’amis hélas. Olivia était une icône dans le monde entier, une femme admirée pour son talent mais aussi pour ce qu’elle représentait humainement. Elle a tellement oeuvré pour la lutte contre le cancer, avec notamment la construction d’un hôpital… C’était une femme comme il n’en existe plus, une amoureuse de la musique, d’une grande liberté. C’est un modèle pour moi : je contrôle mon destin à présent, sans rien me laisser dicter quoique ce soit. J’en suis la maitresse et j’en suis profondément heureuse. J’assume mes choix parce qu’ils sont le reflet de ma plus grande sincérité. La vie est courte, et je veux profiter des choses au maximum…

– Si tu devais faire une reprise, plutôt « Voyage, voyage » (Desireless) ou « Puisque vous partez en voyage » (Françoise Hardy / Jacques Dutronc) ?

Je ne sais pas, je ne connais pas bien ces chansons, mais si Henri Salvador ou Gilbert Bécaud ont fait des chansons autour du thème du voyage, je serais très heureuse de les reprendre. D’ailleurs, il ne faut pas oublier que j’ai chanté avec Salvador, une chanson intitulée « Et puis après».

– Bécaud a chanté « C’est en septembre », sur le thème de l’arrière-saison en zone touristique…

Ah oui, j’adore cette chanson ! Je suis une grande fan de Bécaud. C’est un artiste au talent monstrueux …

Propos recueillis par Eric Chemouny

Photos : DR

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