SERGE LAMA
L’amour aux quatre temps
Avec « Aimer », annoncé comme l’ultime album d’une carrière vertigineuse, Serge Lama a choisi de conjuguer le plus noble des verbes : à tous les temps, sur tous les tons, tous les rythmes, et à tous les âges de sa vie d’homme et d’artiste bien remplie, avec ses nombreux succès, mais aussi ses plaies et ses bosses. Comme si l’amoureux de la langue française qu’il a toujours été, n’avait pas trouvé mieux pour résumer une existence toute entière tournée vers les autres, ce public fidèle, pour lequel il n’a jamais visé que l’excellence. À l’occasion de la sortie de ce magnifique cadeau d’adieu, le dernier géant d’un certain âge d’or de la variété française nous a reçus chez lui, dans le quartier des Invalides à Paris où il a grandi, pour se livrer sur la genèse de ce diamant intemporel, aux douze facettes parfaitement ciselées, avec le franc-parler et toute la passion qu’on lui connait…

– Après avoir décidé de faire vos adieux à la scène, vous avez déclaré qu’«Aimer » serait votre ultime album… C’est irrévocable ?
Oui. Plus précisément, je devais initialement faire une tournée intitulée « Adieu, chère Province », car c’est la Province qui a fait ce que je suis. Je voulais donc commencer par là, même si la tournée se serait certainement terminée à Paris. Les locations étaient lancées, tout était prêt, quand est arrivée la Covid. A partir de là, tout s’est déglingué… On a été obligé de tout reporter. Du coup, je me suis mis à travailler sur un album, tandis que mon corps a pris de l’âge, et s’est affaibli. Car il faut rappeler que je suis très handicapé depuis toujours : je l’ai masqué pendant plus de quarante ans, mais aujourd’hui je ne peux plus le faire. Je ne peux plus tenir debout pendant tout un tour de chant, ce n’est plus possible et je ne veux pas chanter assis. C’est hors de question, si bien que j’ai décidé d’arrêter la scène. Je disposais malgré tout des chansons de cet album, qui sera donc le dernier et puis voilà. Il y a un moment où il faut bien arrêter. Alors c’est vrai qu’un album est généralement prétexte à une tournée. Là, c’est le contraire ! (rires).
– Vous redoutiez le combat de trop ? Avant de prendre votre décision, aviez-vous à l’esprit des exemples de grandes figures de la chanson qui, selon vous, auraient du faire leurs adieux avant ?
Exactement. J’ai vu Trenet, dont les adieux au Palais des Congrès étaient éprouvants. Et puis surtout Reggiani. Il n’avait que 70 ans, mais il était déjà dans un état physique délabré… Il était porté par deux mecs qui l’amenaient au micro : on aurait dit une momie… Ça m’avait vraiment frappé et je me suis dit : jamais ça !

– Qui a eu l’idée de cette pochette qui reprend les codes de l’album culte « Je suis malade », dit l’album rouge ?
C’est moi, et j’ai d’ailleurs étonné ma maison de disques, qui a trouvé que c’était une bonne idée marketing, alors que ce n’est pas mon fort. Tout le monde me parlait sans cesse de cet album rouge, qui a effectivement beaucoup compté dans ma carrière, si bien que j’ai eu l’idée de refaire exactement la même pochette, mais avec ma tête d’aujourd’hui. C’était une façon de boucler la boucle en quelque sorte, en essayant de faire d’aussi bonnes chansons.
– Vous aviez l’embarras du choix pour le titre : « Aimer » pourrait-il résumer votre vie ?
Il résume surtout assez bien l’album, qui compte beaucoup de chansons d’amour, mais aussi des chansons d’admiration, qui est une autre forme d’amour.

– Fait-on ce métier pour être aimé ? Pour compenser un manque affectif ?
je ne sais pas. Quand on veut vraiment faire ce métier, on ne se pose pas toutes ces questions. On y réfléchit peut-être après coup. Mais quand on débute, on ne pense qu’à foncer… Quand l’Ecluse a accepté de me prendre à son programme, le bonheur le plus grand me tombait sur la tête. C’était en 1964, un 11 février très exactement, jour de ma naissance. Je m’en souviens très bien, parce que mes parents étaient venus me voir et on avait fêté mon anniversaire à La Boule d’Or, qui n’existe plus d’ailleurs. J’ai véritablement empoigné ce métier, parce que je voulais arriver en haut de l’affiche, et de nombreux documents en attestent aujourd’hui. Je voulais y arriver, coûte que coûte. On devient alors un aigle… En 1954, je n’avais que onze ans, quand j’ai vu l’affiche de Gilbert Bécaud à l’Olympia, et je me suis dit que ma place était là. Mon père chantait alors un peu plus loin, boulevard des Capucines. Ma décision était prise… On n’arrive pas par hasard. Il faut en vouloir et s’en donner les moyens, sinon ça ne marche pas.
– Comment l’album s’est-il construit, autour de quels compositeurs ?
L’album aurait été différent si la tournée avait eu lieu. J’avais écrit quelques chansons que j’aimais beaucoup mais que je n’ai pas retenues, l’album s’étant dessiné comme étant le dernier. Je l’ai construit dans cette optique, et j’ai donc décidé de parler d’amour avant tout, car c’est finalement le thème récurrent de beaucoup de mes chansons, quand on se penche en arrière. Je dirais que deux tiers des chansons de mon répertoire sont des chansons d’amour. Quant aux compositeurs, à la différence du précédent album dont le concept était de faire uniquement appel à des compositeurs stars comme Julien Clerc, Francis Cabrel, etc, j’ai travaillé avec Davide Esposito qui avait déjà composé quelques chansons pour moi, et aussi Augustin Charnet, qui est le fils d’un ami, et qui m’a ébloui par les chansons qu’il compose pour lui-même déjà… Il a un talent incroyable, très original et attrayant. Il a 25 ans, et je me bats pour qu’il fasse carrière, même si ce n’est pas facile pour les jeunes aujourd’hui…

– Avez-vous écrit plus de douze chansons ? Peut-on espérer une réédition augmentée de l’album, dans quelques mois ?
Oui, j’en ai écrit davantage mais j’ai toujours procédé ainsi dans le passé. Il y a peut-être une ou deux chansons que je regretterai de ne pas avoir gardées, mais il n’y aura pas de réédition. Je ne veux pas que ça se passe comme cela. C’est mon dernier album, point barre. Si elles devaient exister, je les enregistrerai avec mon accordéoniste préféré, Sergio Tomassi, et ils s’en débrouilleront quand le temps sera venu, mais pas avant…
– Avec « Aimer » vous redonnez du sens à la notion d’album, qui s’est perdue aujourd’hui avec le mode de consommation de la musique, mais qui revient avec le retour du vinyle…
C’est ce que tout le monde me dit ! Je suis attentif à ce qu’un album soit construit, ait une cohérence, une couleur musicale. Je suis allé à la bonne école avec Jean-Claude Petit, avec lequel j’ai travaillé ici, et qui avait déjà arrangé l’album rouge. C’est un des plus grands arrangeurs de la variété, tout en ayant aussi signé des musiques de films restées célèbres. Sur l’album rouge, il écrivait déjà chaque note enregistrée, jusqu’à la dernière jouée par l’accordéoniste, ne laissant aucune marge aux musiciens. Tout était pensé, et cela s’entend…


– Cet album marque aussi vos retrouvailles avec Marie-Paule Belle, dernièrement remise au goût du jour avec le remix de « L’amour dans les volubilis » par Bon Entendeur…
Oui, c’est ma copine, je l’aime beaucoup. « L’amour dans les volubilis » est une chanson tellement drôle ! Marie-Paule a eu la chance de trouver une excellente auteure en la personne de Françoise Mallet-Joris. Vous savez, je suis tributaire des compositeurs, mais les compositeurs sont aussi tributaires de leurs paroliers. Et c’est parfois plus ennuyeux, car c’est le parolier qui tient la barre quelque part… Le texte est toujours porteur d’une petite musique. Or, une chanson repose sur trois concepts : d’abord, la musique, parce que c’est ce qu’on retient. Ensuite, les paroles qui fixent la chanson et lui donnent une direction. Et enfin, l’interprète. « Les feuilles mortes » n’aurait pas été ce qu’elle est devenue, sans l’interprétation de Montand. Il faut réunir beaucoup de conditions…
– Votre nom reste très lié à celui d’Alice Dona, absente de ce disque : avez-vous essayé de faire de nouvelles chansons ensemble ?
Non. Il y a une chanson composée par mon vieux complice Yves Gilbert sur l’album, mais concernant Alice, elle a écrit toutes les chansons qu’elle avait à m’écrire. Elle habite loin, et ce n’est pas facile de travailler avec quelqu’un qui vit à 500 km de chez vous. Quand on travaillait ensemble, on était à 20 minutes l’un de l’autre : elle se mettait au piano, et les chansons naissaient comme cela… C’était formidable, toute une époque qui a duré jusqu’en 1981. Ensuite, elle est tombée amoureuse (n.d.l.r : de l’animateur Laurent Boyer, dont elle est aujourd’hui séparée), et une cassure s’est produite dans notre collaboration. D’autant qu’est arrivée l’aventure de « Napoléon », et qu’il m’a fallu choisir entre mes deux compositeurs attitrés. Ça a été un casse-tête chinois pour moi, je peux vous l’assurer.
– Au-delà de Marie-Paule Belle, avez vous réussi à construire de vrais amitiés dans ce métier ?
Oui, Il y a Marie-Paule en effet, et aussi Nana Mouskouri. On a un tel passé commun tous les deux… Et puis, il y a des gens que j’aime profondément, mais que je vois peu, comme Francis Cabrel, que je porte dans mon coeur.

– Comment est née l’idée de rendre hommage à Albert Camus ?
C’était une évidence… J’ai lu Camus dès l’âge de 12 ans. Une fois sorti des lectures de l’enfance de Jules Vernes et Hector Malot, je suis tombé directement dans son oeuvre. Bien sûr, je ne comprenais pas forcément tout ce qu’il écrivait, dans « Le mythe de Sisyphe » notamment ou ses écrits à portée philosophique, mais je le lisais et j’étais comme envoûté. Ce mec me fascinait par son naturel et sa simplicité. Il venait des mêmes régions du coeur que moi, même s’il était originaire d’Algérie. Il y avait quelque chose dans la fêlure de Camus, qui produisait un effet miroir sur moi.
– Sur « Aime-moi », vous chantez en duo avec votre discrète épouse, Luana Santonino… Avez-vous du batailler pour la convaincre de chanter ?
Oui, j’ai eu du mal… Au départ, cette chanson n’étant pas de moi, j’aurais pu être réticent à l’enregistrer. Mais quand je l’ai entendue, je l’ai trouvée magnifique et je n’ai pas voulu passer à côté. À partir de là, tout le monde s’est mis en quête d’une femme qui pourrait la chanter avec moi. On a pensé à plusieurs chanteuses, mais j’en suis arrivé à dire à Lu : c’est toi qui va la chanter ! Je crois que si elle avait été un homme, elle m’aurait sacrément secoué ! C’était hors de question. Selon elle, la chanson était trop haute, et puis elle n’avait jamais chanté… Alors qu’en réalité elle a déjà chanté dans des chorales, mais elle a trouvé tous les prétextes pour refuser. Il a fallu débattre, qu’elle travaille avec la compositrice Hélène Blazy, et qu’elle finisse par se convaincre elle-même qu’elle en était capable. Elle a eu l’angoisse de mal placer sa voix, mais au final, elle a été rassurée par les retours très positifs autour de cette chanson merveilleuse. Les paroles sont très justes… Il en existe deux versions d’ailleurs, celle qui figure sur la version standard de l’album et celle sur la version « collector », qui est celle de l’auteur Inès Dauxerre, telle qu’elle l’a écrite initialement. Dans cette version, Lu chante une minute au début, avant que j’intervienne. Jean-Claude ayant trouvé que le chanteur arrivait un peu tard, on a du découper la chanson autrement sur la version standard, ce qui n’a pas plu à l’auteure. Pour lui faire plaisir, la version d’origine existe aussi, exactement telle qu’elle l’a imaginée.
– Sur « Je te dis adieu » vous abordez frontalement le sujet de la différence d’âge, à la façon de Reggiani sur « Il suffirait de presque rien »…
Oui, je n’y avais pas pensé, mais c’est exact. C’est un sujet très présent dans mon esprit, depuis le début de ma liaison avec Lu. Je me disais que 35 ans d’écart, c’est énorme. Et puis finalement, vous voyez, on est là… Ce ne devrait pas être un sujet, c’est un choix personnel. Et puis, la vie est beaucoup plus inventive qu’on ne l’imagine…
– Vous rendez aussi hommage à Roger Federer sur un titre plus léger… Pourquoi ce clin d’oeil ?
J’en suis fan absolu, c’est plus qu’un tennisman : c’est un artiste ! Il a une telle aura ! L’image de ses adieux en larmes, main dans la main avec Nadal avec lequel il s’est si souvent confronté, restera dans l’Histoire. Elle grandit tellement le tennis et le monde plus généralement… C’est quelqu’un qui crée de la beauté : c’est pourquoi je le compare aux sept merveilles du monde. Il y a un peu de cela en lui…

– Sur « Je te fais l’amour comme une femme », vous dévoilez une facette plus fragile de vous-même, aux antipodes de l’interprète de « Femmes, femmes, femmes » et « Les petites femmes de Pigalle »…
Oui, je ne dirais pas plus fragile, mais elle exprime une forme de tendresse absolue. Elle dit en quelque sorte : je te fais l’amour avec douceur, je sais où tu aimes que je m’attarde… Ce qui n’est pas exact d’ailleurs, car les femmes qui font l’amour avec des femmes, ne le font pas forcément avec douceur. Elle signifie aussi, sans oser dire le mot, que je fais l’amour d’une façon où le physique s’engage de façon différente que par le passé… (rires).
– Vous cassez ainsi le tabou de la sexualité des séniors…
Exactement, même si ce n’était pas mon intention de départ… Je ne sais pas toujours pourquoi j’écris des chansons au départ.
– À qui s’adresse « Beau mec » ? À l’homme à femmes et interprète de « Superman » que vous étiez ?
En effet, elle peut s’adresser à celui que j’ai été. Et puis à ces mecs que je voyais systématiquement quand je sortais encore. Je remarquais qu’il y avait toujours des mecs qui se postaient au coin du bar, bien exposés, et qui étaient là pour se montrer… Les gens ne les remarquaient pas forcément, mais ça m’a toujours frappé : ils sont là, cherchent la bonne lumière et font leur boulot… Au sujet de « Superman », quand mon directeur artistique m’a apporté cette chanson « Apeman » des Kinks pour en faire une adaptation, je n’avais pas particulièrement en tête ce thème. J’ai juste essayé de retrouver un son proche du mot « Apeman » qui revenait dans le refrain. J’ai trouvé « Superman », et ce n’est qu’ensuite que j’ai construit le reste du texte. Au départ d’une chanson, je ne sais jamais ce que je vais dire. Ce n’est qu’au bout d’un couplet et d’un refrain, que je sais la direction qu’elle va prendre. Pas avant. Parfois, je n’ai pour point de départ qu’une phrase qui me plait, sans savoir où elle va me mener…
– Ce « Beau mec » est un peu le versant masculin de « Jolie môme », sur le thème de la beauté éphémère de la jeunesse …
C’est vrai et d’ailleurs, je lui balance une petite beigne à la fin de la chanson, car c’est le genre de mec qui laisse les femmes toutes seules.

– Vous évoquez la retraite, un sujet d’actualité brûlant : vous l’imaginez comment votre retraite à vous ?
C’est un débat d’actualité, mais me concernant, il a longtemps que j’ai dépassé l’âge légal (rires). Dans cette chanson, je décris la solitude des personnes âgées dans une société qui prône le jeunisme. les retraités sont souvent dans un coin de banlieue, à vivre avec une pension qui ne tient pas debout, « un salaire qui ne fait pas de bruit » comme disait Ferré. Le personnage du petit vieux s’est dessiné dans ma tête, je l’ai vu et j’ai écrit la chanson pour lui, l’imaginant dans ses relations avec les jeunes de son quartier, qu’il a appris à côtoyer pour ne pas avoir trop d’ennuis. Me concernant, j’aborde la retraite sans problèmes, j’ai beaucoup de livres à lire et j’ai encore beaucoup de projets que je ne peux pas divulguer de peur qu’on m’en pique les idées…
– Comptez-vous garder un lien avec votre public, sous une forme ou une autre ?
Oui, on a publié jusqu’ici plusieurs biographies de moi non autorisées, alors je m’autorise à présent à écrire ma propre biographie … (rires).
– Vous resterez donc dans la vie publique…
Oui, je verrai comment je le sentirai. Quoiqu’il en soit, Lu et moi ferons les choses ensemble, comme on le fait toujours.
– À qui s’adresse la chanson « Ti bijou »?
Elle est dédiée à ma petite-fille (n.d.l.r : la fille de son fils Frédéric). Je ne la surnomme pas ainsi dans la vie, mais j’ai trouvé que l’expression lui allait bien. En revanche, tout le reste est vrai dans la chanson. Dès le premier regard, j’ai vu qu’elle en voulait. C’était frappant pour un bébé qui vient de naitre. Mais je ne suis pas papy gâteau pour autant : je ne la vois pas beaucoup. Ce n’est pas facile… Mon fils travaille énormément et il est en train d’aménager un autre appartement. On est presque obligés de prendre rendez-vous pour se voir…

– Le personnage de « Napoléon » reste très attaché à votre image, à votre carrière : aimeriez-vous que votre spectacle soit repris comme un classique, à la façon d’un « Starmania » ?
Je crains que malheureusement, il ne soit plus dans l’air du temps. En réalité, le spectacle était assez marrant, souvent à charge contre Napoléon, avec des scènes comme celle du couronnement, par exemple, pendant lesquelles les gens riaient beaucoup. C’était très rigolo à jouer. Je ne sais pas si ça passerait aujourd’hui. Selon les époques, son personnage et son influence ont été plus ou moins bien vus. Ce n’est plus le cas, à la différence du 19ème siècle qui l’a beaucoup plus glorifié. Le 20ème siècle lui a été beaucoup moins faste. En fait, il y a eu deux personnages : Napoléon dont on retient les aspects négatifs, en oubliant Bonaparte, qui a fait voter des lois qui tiennent encore debout aujourd’hui, et tout un tas de choses formidables.
– Rétrospectivement quelles sont vos chansons les plus populaires auprès du grand public, selon vous ?
En premier lieu, incontestablement « Je suis malade », qui est devenue une chanson de concours de chant, qu’on se passe de génération en génération. Ensuite viennent « D’aventures en aventures », « Une île », « Les ballons rouges » , « L’enfant au piano », « L’enfant d’un autre », « Les glycines »… J’en oublie certainement, mais je dirais qu’il y en a une trentaine. J’ai eu la chance en cela de pouvoir faire une longue carrière, de plus de cinquante-cinq ans : j’ai le sentiment qu’aujourd’hui, il est plus difficile de durer. On a son heure de gloire pendant trois ou cinq ans maximum, et le public passe vite à quelqu’un d’autre…
– Sans fausse modestie, acceptez-vous d’être qualifié de dernier géant de la chanson ?
Oh, nous sommes quand même plusieurs : il y a Sardou, même s’il a arrêté de chanter, Julien Clerc… Et puis Cabrel, Souchon qui sont des géants de la chanson française, pour lesquels j’ai une immense admiration…. Je dirais simplement que je fais partie des derniers représentants d’une chanson typiquement française : je n’ai jamais subi les influences anglo-saxonnes, je n’ai jamais voulu swinguer, même si comme tout le monde, j’ai écouté du Jazz quand j’étais petit et aimé Nat King Cole et tous ces chanteurs formidables… Je voulais suivre le chemin d’une chanson qui chante droit, à la française ! Je n’ai jamais cherché à être moderne à tout prix, je ne voulais qu’être fidèle à moi-même.
Propos recueillis par Eric Chemouny
Photos : Matthieu Camille Colin (DR)

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