DALIDA

de A à Z

Il y a 35 ans, Dalida choisissait de nous quitter, laissant à son public désemparé ces quelques mots : « La vie m’est devenue insupportable, pardonnez-moi… ». Depuis, la chanteuse devenue un modèle de carrière pour plusieurs générations de chanteuses populaires, et érigée au rang d’icône de la chanson française, n’a jamais été si présente dans nos coeurs, tant ses chansons ont traversé l’épreuve du temps, de « Bambino », à « Gigi l’Amoroso » ou « Mourir sur scène ». A l’occasion de cet anniversaire, vient de sortir un luxueux coffret contenant 3 CD, 2 vinyles et un DVD du film « Dalida, pour toujours », le tout richement complété par un livret illustré de 48 pages, en attendant un coffret de onze 45 tours dans leur version originale. Histoire d’accompagner l’évènement, et bien qu’il soit difficile de résumer la prodigieuse carrière de la star en 26 lettres, nous ne pouvions que dédier un portrait de A à Z à l’éternelle diva …

A comme Alviti, Sveva : elle est la comédienne, alors inconnue du grand public, choisie par Lisa Azuelos pour incarner Dalida dans le biopic qu’elle réalise pour le grand écran en 2016, et qui rencontre un vif succès au box office.

B comme « Bambino » : son premier succès, qui la propulse immédiatement au rang de vedette en 1956, alors que les chanteurs et chanteuses à accent sont à la mode, et représentent une forme d’exotisme très apprécié, de Gloria Lasso à Dario Moreno. Au fil des années, la chanson fait l’objet de nombreuses reprises, de Plastic Bertrand, à Dany Brillant, ou plus récemment Alain Souchon et Ibrahim Maalouf.

C comme Chahine, Youssef : le réalisateur égyptien lui confie son premier rôle principal dans un film sérieux (et hélas le dernier aussi), « Le sixième jour » en 1987, l’histoire d’une femme qui essaye de soustraire son enfant atteint de choléra aux autorités sanitaires, en Egypte en 1947. Pour les besoins du rôle, Dalida accepte de se montrer sans maquillage, les traits durcis et la tête recouverte d’un voile. Le film ne rencontre qu’un succès critique mais le public n’est pas au rendez-vous.

D comme Delon, Alain : lorsqu’elle débarque à Paris, elle loue un minuscule appartement dont le voisin n’est autre que le jeune acteur débutant. Elle retrouve la star Delon le temps d’un duo resté mythique et révolutionnaire avec son jeu alterné de parlé-chanté, le fameux « Paroles, paroles » en 1973. Après la disparition de Dalida, il est dévoilé que les deux stars ont vécu une courte romance dans les années 60, dans le plus grand secret.

E comme Egypte : Iolanda Gigliotti voit le jour au Caire, le 17 janvier 1933. Elue Miss Egypte en 1954, et après quelques participations à des films égyptiens, elle débarque à Paris où elle prend des cours de chant et se produit dans des cabarets sous le nom de Dalila. Elle ne rompra jamais tout à fait les liens avec son pays natal, et y retourne même en le temps d’un documentaire poignant dans lequel elle revient (en larmes) à Choubra dans le quartier italien de son enfance, ovationnée par une foule en délire, pour laquelle elle reste l’enfant du pays.

F comme « Femme » : avec sa silhouette de sirène parfaite, sa chevelure flamboyante, ses robes de star, et son tempérament de feu, Dalida est l’incarnation de la femme dans toute sa beauté et sa complexité. Si « Femme » est le titre de son album paru en 1983, la féminité assumée et exaltée est un des thèmes récurrents de son répertoire, de « Femme est la nuit », à « Je suis toutes les femmes », « Ta femme » ou « Une femme à quarante ans ».

G comme « Gigi l ‘Amoroso » : un de ses plus gros tubes sorti en 1974, en dépit de sa longueur (7’28) hors-format pour les radios. La chanson raconte l’histoire d’un chanteur napolitain parti tenter sa chance aux Etats Unis et revenu dans son village natal après une succession d’échecs. C’est un véritable mini-pièce de théâtre dans laquelle Dalida chante, danse et joue la comédie dans la grande tradition du cinéma populaire italien. L’entendre vivre littéralement l’histoire de Gigi est un morceau d’anthologie très attendu dont se régalent les téléspectateurs et le public qui l’applaudit sur scène. Le succès est tel, y compris à l’International, qu’elle lui donne une suite, « Gigi In Paradisco » (1980).

H comme « Hava Naguila » : Dalida est une des rares artistes de sa génération dont la renommée dépasse les frontières. Elle enregistre dans toutes les langues des pays qui la reçoivent en star, en Anglais, en Italien, en Arabe, en Espagnol, en Allemand ou encore en Hébreu avec cet hymne israélien, également chanté par Rika Zaraï, qui achève de faire d’elle un star au Moyen Orient. Elle reprend également dans cette langue le classique « Hene Ma Tov ».

I comme « Il venait d’avoir 18 ans » : la face B du 45 tours « Gigi l’Amoroso », écrite par Pascal Sévran et composée par Pascal Auriat, est dans un registre différent, un énorme succès commercial. Devenue un classique de son repertoire, la chanson inspirée du roman « Le blé en herbe » de Colette, traite avec audace d’un sujet encore tabou pour l’époque, celui de la relation d’une femme mature avec un jeune homme. Un titre aux relents autobiographiques, qui aura sans doute été inspiré par son histoire avec Lucio, un jeune étudiant italien de 22 ans, dont elle tombe enceinte et avec lequel elle rompt, après avoir avorté, en raison de son trop jeune âge.   

J comme « Je suis malade » : Dalida reste une des interprètes les plus émouvantes de ce grand classique de la chanson française créé par le tandem Serge Lama / Alice Dona, auquel elle apporte beaucoup d’intensité et de vécu en 1973. Elle est l’occasion pour la chanteuse de variété populaire, habituée des plateaux de Guy Lux et des Carpentier, de donner une autre facette de son talent, celui de tragédienne et de chanteuse réaliste très convaincante. Dans ce registre, elle reste aussi une des meilleures interprètes de la chanson de Léo Ferré, « Avec le temps ».  

K comme Ketty, Rina : en 1976, toujours soucieuse d’être en phase avec son époque, Dalida dépoussière la chanson « J’attendrai », créée par Rina Ketty en 1938, chantée aussi par Tino Rossi ou Jean Sablon, mais inconnue du jeune public, dans une version Disco, et elle rencontre – comme à son habitude – un énorme succès au Hit-Parade.

L comme « Le temps des fleurs » : traduite de l’anglais par le parolier Eddy Marnay en 1968, la chanson donne son nom à son 21ème album studio. La mélodie est tirée de la chanson d’amour russe « Dorogoi Dlinnoyu » composée par Boris Foin en 1941.

M comme Morisse, Lucien : directeur des programmes, puis directeur général d’Europe numéro 1, première Pygmalion de Dalida, il est à l’origine avec Eddy Barclay, du lancement de l’ex miss Egypte avec un premier 45 tours, « Madonna », mais surtout le tube « Bambino », après avoir été subjugué par sa beauté lors du concours « Numéros 1 de demain » organisé par Bruno Coquatrix en 1956 à l’Olympia. Directeur général du label Disc’AZ, il contribue à la découverte de nombreux autres artistes comme Petula Clark, Michel Polnareff ou Christophe. Il épouse Dalida le 18 avril 1961, mais leur union est de courte durée, Dalida étant tombée amoureuse d’un autre homme, le peintre Jean Sobieski. Bien qu’ayant refait sa vie, Morisse se donne la mort le 11 septembre 1970 dans l’ancien appartement du couple.

N comme « Ne me quitte pas » : elle reste une des plus poignantes interprètes de la chanson culte de Jacques Brel, qu’elle chante en Italien (« Non Andare Via »). Après sa disparition en 1978, elle rend un pudique hommage à son ami belge, avec la chanson « Il pleut sur Bruxelles » (1981).

O comme Orlando : son frère, ex chanteur dans les années 60, né Bruno mais rebaptisé Orlando dans le métier du spectacle, devenu son producteur et qui entretient depuis sa disparition en mai 1987 le mythe Dalida avec de nombreuses sorties d’albums et remixes rencontrant toujours un vif succès commercial auprès de ses fans fidèles. Producteur, il est aussi à l’origine du succès des chanteuses Indra et Hélène Ségara,

P comme « Pour ne pas vivre seul » : la solitude est un thème récurrent dans le répertoire de Dalida, comme un écho à sa propre histoire. Ecrite en 1972 par Sébastien Balasko et Daniel Faure, cette chanson reste un grand classique de son répertoire et une chanson culte pour son public gay, auquel les paroles adressent un discret message plutôt osé et avant-gardiste pour l’ époque : « Et l’on voit des garçons épouser des garçons… ». Dans un registre grave et tragique, elle contribue avec « A ma manière », « Fini la comédie », ou « Pour en arriver là », à construire son image d’icône gay, par ailleurs toujours très souvent imitée par les transformistes dans les cabarets.

Q comme « Que sont devenues les fleurs ? » : un de ses plus grands succès enregistré en 1961, sur l’album « Loin de moi », alors que l’émergence de la génération Yéyé la conduit ensuite à surfer sur la vague avec des titres davantage dans l’air du temps, comme l’immense tube 

R comme Remix : les chansons de Dalida font l’objet de nombreux remixes et versions revisitées, plus ou moins réussis ou audacieux, mais ils permettent d’entretenir le mythe et la faire découvrir aux plus jeunes. C’est encore le cas en 2022, avec une nouvelle version réarrangée de son  tube « Mourir sur scène »,

S comme « Salma, Ya Salama » : Dalida est adulée dans les pays arabes, mais il faut attendre 1977 pour qu’elle reprenne une chanson du folklore égyptien, « Salma Ya Salama ». Le succès de ce titre Raï avant l’heure est tel qu’elle l’enregistre en 5 langues, et se produit en Egypte où la reçoit le président Anouar El Sadate et dans les Emirats. Elle lui donne une suite en 1979, avec « Helwa Ya Baladi ».

T comme Tenco, Luigi : en janvier 1967, elle participe au festival de San Remo avec le chanteur italien au répertoire contestataire, qu’elle rencontre grâce à la maison de disques RCA Italie. Elle éclipse quelque peu son nouvel amour auprès des medias, si bien que le torturé Luigi Tenco, alcoolisé et sous calmants, rate sa prestation avec sa chanson « Ciao Amore Ciao ». Eliminé par le jury, il se suicide d’une balle dans la tête dans sa chambre d’hôtel. Meurtrie par sa disparition, alors qu’ils devaient se marier en avril de cette même année, la chanteuse tente aussi de mettre fin à ses jours, mais elle est sauvée de justesse. Elle entreprend alors plusieurs voyages, notamment en Inde, s’initie au yoga et à la philosophie zen, et commence une analyse selon la méthode de Jung. C’est une nouvelle Dalida, plus grave et plus profonde qui revient à son public, qui l’érige en sainte. Elle ne retrouve une relation stable qu’auprès du très mystique Richard Chanfray, dit Le Comte de Saint-Germain, personnage trouble et très contesté par son entourage, mais auprès duquel elle passe de nombreuses années et avec lequel elle enregistre un duo, « De l’amour, de l’amour, de l’amour » en 1975. Lui aussi se suicide, bien après leur rupture, en juillet 1983.

U comme « Ultimo Valzer (l’) » : parue en 1968, cette chanson donne à entendre Dalida en Italien. C’est pour elle l’occasion de se produire dans de nombreuses émissions de télé de la Raï, notamment en duo avec l’acteur Alberto Lupo. De son côté, Mireille Mathieu en propose une version française, «La dernière valse ». 

V comme « Violettera (la) » : une des toutes premières chansons d’une Dalida encore brune, issue de l’album « Son nom est Dalida » paru en 1956.

W comme Wilson, Lester : le chorégraphe de « Saturday Night Fever », le film avec John Travolta. Pour les besoins de son show au Palais des Sports en 1980, il métamorphose Dalida en show-woman à l’américaine, entourée de danseurs et danseuses. C’est une nouvelle Dalida qui est ovationnée tous les soirs du 5 au 20 janvier.

X comme « classé X » : de nature extrêmement pudique, en raison d’une éducation catholique italo-égyptienne plutôt stricte, elle n’a jamais posé ou tourné nue. Seule une photo privée d’elle les seins nus, prenant un bain de soleil sur un bateau, est publiée par l’hebdomadaire Paris Match, des années après sa disparition.

Y comme Yeux : son léger strabisme, s’il lui confère un certain charme et beaucoup de mystère, reste un complexe pour Dalida jusqu’à la fin de ses jours. Plusieurs fois opérée depuis sa tendre enfance, elle s’avoue très blessée par les imitations, notamment celle de son ami Thierry Le Luron, exagérant cette « coquetterie dans l’oeil », comme on dit pudiquement.   

Z comme « Zorba le Grec » : en 1965, elle chante « La danse de Zorba » sur la musique de Théodakis, qui compose la bande originale du film à succès, ouvrant son répertoire à un autre registre folklorique.

Réalisé par Eric Chemouny

Photos : Albums covers originales, photos DR extraites du livret « Dalida, 35 ans déjà… » (DR)