ARMAN MELIES
Live en clair obscur
Discret dandy à l’élégance naturelle, Arman Méliès est un rare diamant noir aux multiples facettes. Musicien complet, auteur, compositeur, chanteur, écrivain, s’effaçant trop souvent derrière les grands noms de la chanson française de Alain Bashung à Julien Doré, en passant par Daniel Auteuil ou HF Thiefaine avec lequel il a enregistré un duo, “Météores” sur son dernier album “Laurel Canyon” qu’il est venu défendre sur la scène du Café de la Danse, le 18 octobre dernier. Il nous a entrainé dans une promenade en clair obscur progressive et hypnotique. Récit…

Rares sont les concerts qui racontent une histoire, qui nous emmènent dans une vraie ballade à la fois musicale, sensorielle, voire sensationnelle, qui nous chopent à l’orée d’un bois et nous déposent totalement ailleurs, après un voyage en chansons. C’est sans aucun doute le côté cinématographique d’Arman Méliès (à qui il emprunte une partie de son pseudonyme) qui s’est exprimé au Café de la Danse, qui a exalté cette invitation remplie de sons et d’images au fur et à mesure qu’ont défilé ses paroles, sa voix, ses riffs de guitare comme des kilomètres inspirés, pour nous transporter aux confins d’un rock progressif en même temps que poétique, le cœur et le corps à vif.
Tout commence dans le calme, dans le clair obscur presque apaisé du mur de briques du Café de la Danse, avec un titre évocateur : “Avalon”. C’est le point de départ classieux d’une montée en puissance presque naturelle qui s’apprête à envahir la salle au public retrouvé, encore un peu refroidie par la réminiscence d’une pluie qui vient de tomber au dehors, la première page de l’histoire d’une promenade rock et fougueuse. Dès les premières notes, Arman Méliès nous transporte dans son monde, dans le dédale de son bois sombre, de sa forêt de chansons.

Accompagné sur scène par Antoine Kerninon, son batteur, et rejoint sur la fin par Pacôme Genty (qui a assuré sa première partie), Arman Méliès va principalement parcourir l’univers de sa trilogie discographique (composée des albums “Roden Crater”, “Basquiat’s Black Kingdom” et “Laurel Canyon” sortis entre mai 2020 et février 2021) mais aussi quelques pépites extraites de “Vertigone” (2015), de “AM IV” (2013) et de “Casino” (2008) . Une setlist de 13 morceaux précise en même temps que charnue dont son dernier album “Laurel Canyon” ouvre magnifiquement ce moment totalement suspendu avec les 4 premiers titres de cette errance musicale (“Avalon” donc, puis “Modesta”, “Météores” sans HF Thiefaine et “Une promesse”) qui va monter crescendo avec un extrait de “AM IV”, le magnifique intrumental « Silvaplana » suivi de “Roden Crater” et de “Mercure” dans une plongée progressive Rock perfusée d’Electro envoûtante.

Après le cadeau d’un nouvel inédit, « La Nuit » totalement en symbiose avec une setlist jubilatoire, c’est le tube « Constamment Je brûle » qui arrive à point nommé, presque en pause rassurante d’un terrain connu, avant de nous emporter encore plus loin, avec le déchirant « Laurel Canyon » absolument hypnotique et crépusculaire.
Sur “Gran Volcano”, il invite Pacôme Genty, à la guitare où le trio ainsi formé nous offre une nouvelle performance remarquable et puissante. Presque un point final à un concert d’exigence et de maestria d’une humilité remarquable. Arman revient pour “Diva” et termine cette escapade onirique en mode acoustique avec « Dans La mêlée ».

En un peu plus d’1h15, Arman Méliès a été le porte-voix d’une chanson française à la fois Rock et mélodique, cinématographique et poétique, dont l’intensité assez rare provoque immédiatement un vide, une fois la rue retrouvée…
Gregory Guyot
Set list : Avalon / Modesta / Météores / Une Promesse / Silvaplana (part III) / Roden Crater / Mercure / La Nuit / Constamment je brûle / Laurel Canyon / Gran Volcano / Rappel : Diva / Dans la mêlée.
Photos : Gregory Guyot (DR/JSM/ @I_am_Gregg)

