ÉTIENNE DAHO à Galliera :
la Pop entre au Palais !
Au fil de sa carrière exceptionnelle, Étienne Daho s’est toujours distingué par une forme d’élégance simple et moderne à la fois, la mode ayant plus souvent épousé parfaitement son style naturel que l’inverse. Aujourd’hui, le Palais Galliera à Paris, haut lieu de la mode, qui a souvent célébré le monde de la musique, s’apprête à recevoir en donation 34 tenues issues de la garde-robe de l’artiste rennais et iconique. Visite guidée…

« Les tenues de scène sont des compagnons de route et des armures dans lesquelles on se glisse pour devenir l’Autre. Elles sont chargées de toutes les énergies et émotions. Le trac, l’impatience de monter sur scène, les joies du partage et le Grand Amour incomparable. Celui que l’on reçoit et celui que l’on donne.»
C’est avec ces mots qu’Etienne Daho accompagne l’extraordinaire donation de 34 de ses tenues qu’il vient de faire au Palais Galliera. Car si l’histoire mêlée de la mode et de la musique ne pourrait retenir du look d’Etienne Daho que sa marinière ou son Perfecto, elle devra désormais lui compter avec les 32 autres tenues qui seront exposées dans ce musée de la mode de la ville de Paris, consacré à l’art et l’histoire du vêtement et de la haute couture.
Peu d’artistes auront finalement autant marqué une époque, à la fois par leur art, mais aussi par leur influence dans d’autres disciplines et d’autres milieux, dont celui de la mode, par conséquent de la société. Etienne Daho fait partie de ceux-là et il suffit de regarder ces 34 tenues pour se rendre compte que chacune a marqué une époque, entre 1983 et 2019. Et plus encore, elles ont sans aucun doute contribué à faire de lui, le maître de la Pop française, le modèle de plusieurs générations, après des débuts pourtant souvent raillés, en raison d’une voix que l’on disait sans avenir, mais auxquels l’artiste a toujours réagi avec élégance et discrétion, en ayant même fait de cette singularité une véritable marque de fabrique. A l’instar de cette voix, reconnaissable entre mille, le style Daho se met subtilement en relief, impeccablement Rock, constamment Pop, quotidiennement élégant.
Encouragée par son amie de toujours, Elli Medeiros, il honore aujourd’hui le Palais Galliera pour satisfaire ces générations qu’il a inspirées et aussi pour celles qui vont suivre avec cette donation, aussi symbolique qu’importante et qui n’est qu’une première étape, car l’artiste devrait continuer d’alimenter cette collection.
À noter qu’Etienne Daho s’est totalement investi dans cette donation, en datant et en documentant chacune de ses tenues. En parcourant cette collection, on peut ainsi relever les signatures illustres de ceux qui ont écrit l’histoire de la mode contemporaine, tels que Agnès B, Paul Smith, Yves Saint-Laurent, Dior Homme, Céline, tout autant que l’histoire de la musique. Pour autant, Daho a toujours arboré son propre style, sans pour autant chercher l’attitude, comme avec cette fameuse marinière Saint-James devenue si célèbre et iconique, d’abord portée en 1984 dans le clip de sa chanson phare « Le grand sommeil » mais aussi et presque surtout sur la pochette de son album « La Notte, La Notte » (1984), réalisée par Pierre et Gilles.

Autant que la mode, Pierre et Gilles ont contribué sans aucun doute à façonner l’image et le style Daho, transcendant le vêtement pour en déifier presque l’artiste et mettre en lumière sa personnalité… ou ce que l’on veut bien y voir. Ils ont véritablement inscrit dans le temps, trois moments de vie de l’artiste à travers le vêtement : En 1984 donc pour “La Notte La Notte”, cette marinière éternelle qui marquera sans doute le carrefour d’une destinée, symbole d’une innocence perdue et d’une personnalité en devenir autant que d’ailleurs, le propre avènement du couple d’artistes. En 1995, une sobre chemise blanche ouverte mais maculée de sang pour la pochette de “Résurrection”, son projet avec le groupe britannique Saint-Etienne, au moment où une sale rumeur donne Etienne Daho pour mort, et qui dévoile là-encore un style qui oscille entre une simplicité classieuse et une ambiguïté déroutante, entre sagesse et audace, et qui le propulsera dans une créativité frénétique. Enfin, en 2017, un Perfecto noir indémodable, arboré par Etienne dans leur dernier tableau avec lui “Le doigt de Dieu” (2017) (que l’on retrouve aussi porté sur la pochette de l’album “Blitz”) et devenu comme une seconde peau, référence aux mauvais garçons, aux rockeurs et aux Punks, et qui achève de donner au style Daho son affranchissement des codes et sa liberté de penser autant qu’un respect infini des matières. Il y a là, dans la concordance de ces 3 œuvres marquantes, tout le style du chanteur résumé.
Enfin, on retrouve aussi dans cette donation, six tenues de scène (de 2014 à 2019) qui mettent en lumière la complicité entre Etienne Daho et Hedi Slimane, sorte de double créatif qui a transcendé pour lui des vestes de smoking avec de riches matières, des broderies de paillettes, lamées or ou couleur argent, évocation ou hommage assumé au vestiaire des rockeurs des années 1960 et 1970 et qui nous rappelle aussi combien le chanteur a toujours été attaché à l’indissociable mariage de la musique et de la mode. On se rappelle, à cette occasion, la minutie de sa préparation pour son exposition “Daho l’aime Pop” à la Philharmonie (2017-2018), dans laquelle chaque portrait proposé incarnait à merveille cette union sacrée.
Gregory Guyot
Photos : Delphine Ghosarossian (DR / http://www.delphineghosarossian.com ) / Oeuvres de Pierre et Gilles (DR – avec leur aimbale autorisation ) / photos des tenues : Julien Vidal (DR/ Palais Galliera)
Eric et Gregg tiennent à remercier tout particulièrement et amicalement Delphine Ghosarossian, Pierre et Gilles.
