FRANÇOISE HARDY

de A à Z

Deux ans après la sortie de son dernier album original « Personne d’autre », chaque réédition constitue un évènement dans la carrière de la trop rare Françoise Hardy. C’est plus que jamais le cas avec la sortie du coffret « Essentiel – volume 2 », regroupant dix albums cultes de sa discographie exemplaire, dont deux disques en anglais « One-Nine-Seven-Zero » (1969) et « If You Listen » (1972). Dix prétextes valant mieux qu’un, et alors qu’on attend “Chansons sur toi et nous”, un nouveau recueil de textes de ses chansons commentés (Ed. des Equateurs), nous y avons vu une occasion en or pour dresser le portrait de A à Z de l’unique et légendaire Françoise…

A comme Asparagus : en référence au surnom d’asperge qui lui est donné, en raison de sa grande taille et de sa silhouette filiforme, elle est une des premières chanteuses de sa génération à être sa propre productrice et monter son label dénommé Asparagus, à l’issue de son contrat avec les disques Vogue et les éditions Alpha, avec le disque « Ma jeunesse fout le camps », en 1967. La maison Vogue continue néanmoins d’assurer la distribution de ses disques.  

B comme Berger, Michel : en 1973, très impressionnée par son travail de directeur artistique sur le premier album « Amoureuse » de Véronique Sanson, elle rencontre Michel Berger par le biais de Jean-Marie Périer. Nouvellement signée chez WEA, il accepte de travailler avec elle, et de composer seulement deux ou trois chansons, dont le fameux « Message personnel », à la construction originale avec son intro parlée. La chanson marquera le grand retour de Hardy et deviendra un de ses « golds » radiophoniques. Elle sera notamment reprise par Isabelle Huppert en 2002, dans le film « 8 femmes » de François Ozon.

C comme « Comment te dire adieu ? » : 9ème album de Françoise, sorti en décembre 1968, du nom de la chanson du même titre, écrite par Serge Gainsbourg sur un instrumental signé Arnold Goland, « It’s Hard to say Goodbye », et orchestrée par Jean-Pierre Sabar, son accompagnateur scénique de l’époque. Devenue au fil des ans un tube international, la chanson sera reprise en 1989 par Jimmy Sommerville (toujours en Français) sur une nouvelle rythmique Disco-House.

D comme Dutronc, Jacques (et Thomas) : Françoise partage la vie de Jacques, de 1967 aux années 90. De leur union ultra-médiatisée est né Thomas Dutronc, le 16 juin 1973. Le couple finit par se marier le 30 mars 1981 à Monticello en Corse, officiellement pour des raisons fiscales, et continue d’entretenir des liens amicaux et fraternels, après leur séparation. Si leur relation amoureuse compliquée a inspiré à Françoise quelques unes de ses plus belles chansons, le couple se retrouve souvent en musique, notamment sur le duo « Puisque vous partez en voyage », une chanson de Mireille (son ex professeur du Petit Conservatoire) et Jean Nohain, datant de 1935. 

E comme « Et si je m’en vais avant toi » : la reprise en duo de cette chanson (figurant initialement sur l’album « L’éclairage » – 1972), scelle son amitié avec Etienne Daho, lequel contribue beaucoup à son grand retour à la fin des années 80, à sa signature sur le même label Virgin, et devient un de ses fidèles collaborateurs. Etienne signe en 1986 avec Jérôme Soligny, « Superstar et ermite », une des biographies les plus documentées sur son idole de jeunesse, et chante  avec elle « So Sad » sur l’album « Clair obscur » en 2000. En 1998, il chante aussi en trio avec ses amies Françoise et Sylvie Vartan, son tube « Quelqu’un qui m’ressemble » pour les besoins d’un show télé.

F comme « Femme parmi les femmes » : la chanson qu’elle interprète sur la bande originale du film de Claude Lelouch, « Si c’était à refaire » (1976) avec Catherine Deneuve et Anouk Aimée,

G comme « Grand Prix » : actrice très occasionnelle dans « Château en Suède » de Roger Vadim en 1963, ou « Une balle au coeur de Jean-Daniel Pollet en 1965, Françoise apparait en 1966 dans le film « Grand Prix » de John Frankenheimer avec Yves Montand et Eva Marie-Saint, qui inspire des années plus tard, à Benjamin Biolay le titre du dernier album.

H comme « Hang On to a Dream »  : une de ses plus belles chansons en anglais, figurant sur l’album « En anglais » (1968), publiée aussi en 45 tours avec « Loving You », en face B.

I comme International : Françoise est une des rares artistes françaises à être célèbre à l’international et notamment en Angleterre, et à bénéficier de pressages étrangers de ses disques, chantés en plusieurs langues, Anglais, Italien et même Allemand. Aujourd’hui encore, ses chansons sont chantées dans toutes les langues, et utilisées comme bande-son de nombreux films étrangers. Elle a aussi été une des rares chanteuses des 60’s, à se produire au prestigieux Savoy de Londres.

J comme Jagger, Mick : proche du milieu des Rockstars anglo-saxonnes, de Bob Dylan à Mick Jagger, grâce aux reportages réalisés par Jean-Marie Périer pour le magazine Salut les Copains, elle est souvent photographiée à ses côtés, le photographe ne manquant pas de souligner leur ressemblance physique et leur androgynie respective.

K comme Kundalini : le nom de sa maison d’éditions musicales, dès le début des années 70, alors qu’elle quitte Vogue pour WEA.

L comme La Grande Sophie : l’auteure-compositrice à succès a signé « Mister » sur l’album « La pluie sans parapluie » pour Francoise en 2010 et plus récemment son dernier tube en date, « Le large », premier extrait de l’album « Personne d’autre » en 2018, que LGS a repris sur scène à l’Olympia en décembre 2019, et lors de la tournée qui a suivi. Les deux artistes sont restées très proches.

M comme Madeleine : son deuxième prénom. Née le 17 janvier 1944 à Paris, elle grandit rue d’Aumale, dans le 9ème arrondissement, entre sa maman Madeleine Hardy, aide comptable célibataire, et sa soeur cadette. Son père, déjà marié à une autre femme est directeur d’une fabrique de machines à calculer, se montre très peu présent. En 1996, elle chante « Les madeleines » (extrait de l’album «Le danger »), en clin d’oeil à ce prénom.

N comme « Noir sur blanc » : premier extrait de « La pluie sans parapluie » (2010), ce succès marque sa collaboration avec le mélodiste Calogero, lequel lui voue une immense admiration.

O comme « Où va la chance » : une de ses plus émouvantes chansons, figurant sur l’album « Comment te dire adieu » (1968), adaptation par Eddy Marnay de « The But for Fortune »(1963) de Phil Ochs, aussi chantée par Joan Baez. Françoise la reprend également dans cette version originale sur l’album « En anglais » (1968).

P comme Périer, Jean-Marie : jeune photographe à Salut Les Copains, il tombe sous le charme de la chanteuse débutante dès ses premiers reportages et contribue à construire son image d’icône des 60’s, en lui consacrant de nombreux reportages. Après leur séparation, il reste très ami avec le couple qu’elle forme avec Jacques Dutronc, et continue de les photographier ensemble ou séparément. En 2011, il lui consacre un livre de photos, tout simplement intitulé « Françoise ». « Ce qui m’a tout de suite frappé chez Françoise, c’est qu’elle n’avait aucune conscience de son incroyable beauté. Pour un photographe, c’est une situation idéale et pour le jeune homme que j’étais, ce fut un véritable choc » raconte-t-il.

Q comme « Question (la) » : un de ses albums cultes, et de ceux dont elles est le plus fière, à défaut d’avoir rencontré le succès à sa sortie en 1971. Véritable OVNI discographique avant-gardiste, il résulte de sa rencontre avec la musicienne d’origine brésilienne Tuca, et brille encore aujourd’hui par sa modernité épurée, comme en témoignent les chansons « La question », « Viens », « Même sous la pluie », ou « Doigts ». 

R comme Rabanne, Paco : véritable icône de mode, Françoise incarne la jeune fille idéale des années 60. Elle contribue à la renommée du créateur en portant ses fameuses robes de métal, emblématique du « style Rabanne ».

S comme Scène :  toujours au sommet après presque 60 ans de carrière, Françoise a pourtant très tôt arrêté de se produire sur scène, exercice qu’elle n’aime pas particulièrement, afin de se consacrer dès 1968 à son couple avec Dutronc, puis à sa vie de famille dès la naissance de son fils Thomas.

T comme « Tous les garçons et les filles » : Françoise interprète ce premier titre à la télévision dans la soirée du 28 octobre 1962, alors que les français attendent les résultats du référendum sur l’élection au suffrage universel du président de la République. Le lendemain, la chanson est un tube fédérateur, grâce au charisme de la chanteuse et à son fort pouvoir d’identification pour la jeunesse. Le disque s’écoule à plus de 500.000 exemplaires.

U comme « Un cadeau du ciel » : son dernier ouvrage en date, paru en 2018, et évoquant avec beaucoup d’humour, de distance et de philosophie, les épreuves endurées et sa véritable renaissance lors de son hospitalisation en mars 2015, suite à la dégradation de son état de santé, dû à un lymphome de Malt, suivi d’une fracture de la hanche et du coude, qui la conduit à être placée dans un coma artificiel, alors que la médecine la croyait perdue.

V comme Vogue : sa première maison de disques, où elle auditionne en 1961 parce qu’elle trouve la réalisation des disques de Johnny Hallyday, très supérieure à celle des autres artistes de sa génération.

W comme Wolfsohn, Jacques : le directeur artistique de chez Vogue, découvreur de Johnny Hallyday, qui lui fait signer son  premier contrat d’artiste et deviendra son associé au sein du label Asparagus.

X comme « Monsieur X » : personnage masculin principal du roman « l’amour fou » qu’elle publie en parallèle de l’album du même nom en 2012. Monsieur X, en lequel il est difficile de ne pas identifier l’amour de sa vie, lui échappe et lui inflige des tortures morales, au point de lui faire connaitre « L’enfer et le paradis », titre d’une chanson de l’album.

Y comme Yéyé Girl : comme Sylvie Vartan et Sheila, Françoise est cataloguée comme « yéyé girl » à ses débuts, mais se distingue de ses copines comme « l’intellectuelle de la bande » car, à la différence des autres, elle a commencé des études supérieures et surtout, elle écrit et compose elle-même ses propres chansons. Le journaliste Gilles Medioni les réunit une dernière fois en 2006 pour L’Express, devant l’objectif de Jean-Marie Périer.

Z comme Zodiaque : en parallèle de sa carrière de chanteuse, elle porte un intérêt grandissant à l’astrologie, qu’elle conçoit comme un complément à la psychologie. Reconnue par ses pairs comme une professionnelle compétente, elle participe en qualité d’astrologue à des émissions de radio et de télé, et publie plusieurs ouvrages sur le sujet, « Entre les lignes, entre les signes » en 1986 (avec Anne-Marie Simond), « le grand livre de la Vierge » en 1996 (avec Béatrice Guérin), et « Les rythmes du zodiaque » en 2003.

Réalisé par Eric Chemouny

Crédit photos : Benoit Peverelli (DR / Warner Music France)

Laisser un commentaire