JANE BIRKIN
de A à Z
Alors qu’on attend avec impatience son nouvel album « Oh pardon, tu dormais » (le 20 novembre 2020), conçu avec Etienne Daho et Jean-Louis Pierot, dont ont été extraits « Les jeux interdits » et “Ta sentinelle”, viennent de sortir deux compilations retraçant le parcours sans faute de l’éternelle muse de Gainsbourg : « The Best Of » (en triple CD) et « The Very Best Of », en vinyle. Nous y avons vu une (double) occasion de rêve pour nous prêter à l’exercice du portrait de Jane B., en forme de A jusqu’à Z…


A comme Anglaise : née le 14 décembre 1946 dans le quartier de Marybone à Londres, elle y grandit entre un frère ainé Andrew et une soeur cadette Linda, avant de s’installer en France à la fin des années 60. Jane Birkin est dans l’esprit collectif, la plus anglaise des françaises, et inversement. Son accent si identifiable et ses amusantes fautes de français, demeurent, depuis plus de 40 ans, son adorable signe distinctif.
B comme Barry, John : célèbre compositeur britannique de musiques de films et de séries TV, de « James Bond » à « Amicalement vôtre », multi-oscarisé à Hollywood, et bardé de prix internationaux, son premier époux de 1965 à 1968 et papa de sa fille Kate. Il est décédé le 30 janvier 2011.
C comme Charlotte : sa fille, actrice et chanteuse à succès, née le 21 juillet 1971 à Londres, et compagne du comédien et réalisateur Yvan Attal. Jane est enceinte de sa deuxième fille lors de la séance photo de l’album culte “L’histoire de Melody Nelson”, et doit dissimuler son ventre arrondi. Si Charlotte commence sa carrière d’actrice très jeune (« Paroles et Musique » en 1984, puis « L’effrontée » en 1985), elle a su se faire un prénom et devenir une star internationale convoitée par les réalisateurs les plus exigeants, de Lars Von Trier, à Michel Gondry, sans rien perdre de sa popularité. Chanteuse plus sporadique, après des débuts en duo avec Serge (« Lemon Incest »), son dernier album « Rest » est un succès commercial et critique, lui ayant valu la Victoire de l’interprète féminine de l’année à sa sortie en 2019.

D comme Daho, Etienne : son ami de longue date, et maitre d’oeuvre de son nouvel album, il avait déjà signé pour Jane « L’autre moi », sur son premier album conçu sans Gainsbourg, « A la légère », paru en 1998, et auquel contribuaient d’autres amis de longue date, comme Alain Chamfort, Françoise Hardy ou Alain Souchon.

E comme « Ex-fan des Sixities » : un de ses plus gros succès discographiques, signé Gainsbourg, paroles et musique, lui ayant permis d’accéder en 1978 à des émissions de variété de grande audience, comme celles des Carpentier et Guy Lux, une chanson dans laquelle elle évoque les stars des 60’s, pour beaucoup disparues, emportées par les excès de l’époque, de Janis Joplin à Elvis Presley… Jane avoue avoir rencontré les pires difficultés à enregistrer cette chanson, pour des questions de rythme, au grand dam de Serge. L’album du même nom compte d’autres succès comme « l’aquoiboniste », inspiré du personnage de Jacques Dutronc, et initialement destinée à Françoise Hardy, qui l’a refusé.
F comme « Fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve » : une de ses plus belles chansons signées SG, figurant sur l’album cristallisant leur rupture amoureuse, « Baby Alone In Babylone » (1983). Le titre s’inspire d’une phrase du peintre Francis Picabia, que Serge admirait beaucoup, et extraite de son livre « Jésus-Christ Rastaquouère » (1920) : « je fuis le bonheur pour qu’il ne se sauve pas ».
G comme Gainsbourg, Serge : son Pygmalion et compagnon dans les années 60-70. Il façonne le personnage de Birkin chanteuse, et l’aide à trouver « sa voix », en dépit de capacités au départ très minces. Il fait de ses défauts des qualités, et lui offre d’innombrables chansons somptueuses, disant d’elle qu’elle est sa « face B ». Les images du couple font désormais partie de l’iconographie de ces années-là. Depuis sa disparition en 1991, Jane continue de chanter Serge, et ses multiples interprètes d’Isabelle Adjani, à Catherine Deneuve, Françoise Hardy ou Pétula Clark, notamment lors de sa dernière tournée avec un orchestre symphonique.
H comme Hermès : lors d’un trajet Paris-Londre en 1984, Jane se plaint à son voisin d’avion, Jean-Louis Dumas alors gérant d’Hermès, de ne pas trouver de cabas adapté à ses besoins de jeune maman. Il n’en faut pas davantage pour que le créatif dessine spécialement pour elle un sac rectangulaire, souple et spacieux, avec un espace biberon qui portera son nom, et deviendra un des classiques de la prestigieuse maison.
I comme Icône : depuis ses débuts, Jane Birkin est une icône incontestée et un modèle pour plusieurs générations de jeunes filles qui copient « le style Birkin », très naturel et composé de basiques intemporels : un jean, un panier en osier, un t shirt et de grands pulls en laine. A l’instar d’une Françoise Hardy, elle a su faire de son physique atypique et hors-mode pour l’époque, de grand fille mince, androgyne et avec de petits seins, un nouveau canon de beauté, inspirant les plus grands photographes.
J comme « Je t’aime, moi non plus » : initialement enregistrée avec Brigitte Bardot en 1967, la chanson ne sortira pas suite au veto de Gunter Sachs, le mari de celle-ci, et sera ré-enregistrée en 1969 par Serge et Jane, devenant un tube en dépit de la censure et de son interdiction de passer sur les ondes. Serge en reprendra le titre pour le long-métrage qu’il réalise en 1976, avec Joe Dalessandro et Jane dans les rôles principaux.

K comme Kate : première fille de Jane, née le 8 avril 1967 à Londres, de son mariage avec John Barry. Photographe renommée, ayant notamment souvent photographié Jane et sa soeur Charlotte, elle est tragiquement décédée le 11 décembre 2013, à 46 ans, laissant un fils, Roman de Karmadec.
L comme « Lost Song » : le titre d’une chanson (sur une mélodie de SG, d’après Grieg « Peer Punt », suite n°2 op55/S),ayant donné son titre à l’album « Lost Song » (1987), deuxième volet d’un triptyque musical, écrit par Gainsbourg pour sa muse après leur séparation, comme un ultime cadeau d’adieu, entre « Baby Alone in Babylone » (1983), et « Amours des feintes » (1990). Il compte de petits bijoux comme « Physique et sans issue », « Une chose entre autres » ou « Le couteau dans le play », mais donne surtout à Jane l’occasion de se produire pour la première fois sur scène au Bataclan, se présentant au public en toute simplicité, en marcel blanc, et les cheveux courts.

M comme « Munkey Diaries » : le premier volet de ses mémoires, couvrant la période de 1957 à 1982, inspiré du nom du singe en peluche, gagné dans une tombola, fidèle confident avec lequel elle dort, et auquel la petite Jane s’adresse dès l’âge de 11 ans dans son journal intime. Il a été suivi d’un tome 2, « Post Scriptum » (1982-2013), autour du démarrage de son autre vie avec le réalisateur Jacques Doillon, papa de sa troisième fille Lou,
N comme « Nicotine » : extraite de l’album « Ex fan des Sixities » (1978), Jane chante souvent cette chanson en télé, exploitant la thématique de la cigarette et du tabac, très présente dans l’écriture et l’imagerie du couple culte.
O comme « Oh pardon, tu dormais ? » : d’abord paru sous forme d’un livre autour d’un couple qui se déchire en pleine nuit, écrit quelques mois avant la mort de Serge Gainsbourg, et celle de son père. L’ouvrage est ensuite devenu un film avec Christine Boisson et Jacques Perrin, ainsi qu’une pièce de théâtre jouée par Jane elle-même. C’est aujourd’hui le titre de son nouvel album, mis en musique par Etienne Daho et Jean-Louis Pierot.


P comme « Piscine (la) » : une de ses premières et marquantes apparitions au cinéma, dans un film culte, de Jacques Deray, à l’affiche en janvier 1969, avec Romy Schneider, Maurice Ronet et Alain Delon, sur une musique de Michel Legrand. Si Jane a tendance à minimiser son rôle dans ce classique, elle y est d’une beauté magnétique.
Q comme « Quoi » : parue en 1985, le 45 tours « Quoi » est un énorme succès, avec 250.000 exemplaires vendus du 45 tours. C’est pourtant son seul succès de ces années-là dont Gainsbourg n’a signé que l’adaptation en Français, l’original étant de Cesare de Natale (auteur) et des frères Guido et Maurizio de Angelis (musique). Le succès du titre enclenche la parution en 1986, d’une compilation du même titre.
R comme Richard, Pierre : son inoubliable partenaire dans les comédies de Claude Zidi, qui ont rendu Jane populaire au cinéma, dans le rôle de la jeune anglaise sexy, sympa et un peu nunuche, de « La moutarde me monte au nez » (1974) à « La course à l’échalote » (1975).


S comme « Slogan » : le film de Pierre Grimblat, grâce auquel elle rencontre Serge Gainsbourg en 1968, lequel se montre d’abord arrogant et odieux avec elle, excédé entre autres parce qu’elle a été choisie à la place de Marisa Berenson et parle mal le Français… Le début d’une longue et belle histoire amoureuse et artistique.
T comme Théâtre : plus rare au théâtre, Jane a tenté pourtant l’expérience du jeu sans filet dans « La fausse suivante » de Marivaux, en 1985 au théâtre des Amandiers de Nanterre, sous la direction de Patrice Chéreau, avec Didier Sandre et Michel Piccoli, ou encore « Oh pardon, tu dormais », inspirée de son livre, et adaptée pour le théâtre en 1999. Elle joue à guichets fermés au théâtre Montparnasse à Paris, avec Thierry Fortineau, avant de partir en tournée.
U comme « Une chose entre autres » : extraite de l’album « Lost Song » (1987), elle compte une des plus belles phrases écrites par Serge pour sa belle anglaise perdue : « Tu as eu plus qu’une autre le meilleur de moi… ». Une confession d’une grande lucidité, tant il est vrai que Jane a interprété ses plus belles partitions.
V comme Varda, Agnès : la cinéaste récemment disparue a consacré deux films à son amie Jane, « Jane B par Agnès V » (1988), un portrait de l’actrice sous forme de collages, d’entretiens et de sketches, suivi de « Kung Fu Master »(1988), histoire d’amour de Mary-Jane, une quadragénaire et Julien, 14 ans, interprété par Mathieu Demy, fils d’Agnès et de Jacques Demy, avec la participation de Charlotte et Lou.


W comme Wainwright, Rufus : le chanteur canadien a écrit « Waterloo Station » pour Jane sur l’album « Fictions » (2006), et chanté avec elle sur scène à plusieurs reprises, notamment à New York en février 2018, au Carnegie Hall, « Ces petits riens » et « La chanson de Prévert », accompagnés d’un orchestre symphonique, spectacle auquel participait aussi Charlotte. Grand fan de Gainsbourg, Rufus avait donné en solo sa propre version de « Je suis venu te dire que je m’en vais ».
X comme « Classé X » : une des chansons méconnues de l’album « Ex fan des Sixties », sur lequel Gainsbourg s’est amusé à jouer avec l’image de sex-symbol de sa muse, celle-ci ayant souvent joué nue au cinéma, ou posé pour des magazines de charme comme le mythique Lui. Le texte de la chanson qui recense des rimes en X est une prouesse d’écriture, comme on en doit tant à Gainsbourg.
Y comme « Yesterday, Yes a Day » : une de ses plus belles chansons, signée SG et ayant servi de générique au film « Madame Claude » (1977), de Just Jaeckin.
Z comme « Exercice en forme de Z » : un chanson extraite de l’album « Ex fan des Sixties » (1978), reprise sur l’album « Versions Jane » (1996), véritable exercice de style autour de la lettre Z, évoquant en vrac la Zazie de Queneau, Mozart, la réglisse Zan ou encore le fameux Zippo : c’est une véritable performance pour une chanteuse dont le Français n’est pas la langue natale, et dont Jane se sort avec les honneurs…
réalisé par Eric Chemouny
Crédit photos : page de gauche : Jean-Loup Sieff d’après visuel “The Very Best of” (D.R / Universal Music) et (D.R/ Mercury / Universal)

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