BENJAMIN BIOLAY

sur les starting blocks

à Radio France

Benjamin Biolay aura sans doute bénéficié d’un timing parfait bien qu’involontaire, pour lancer l’un de ses meilleurs albums, “Grand prix”, bolide musical inspiré, qui a roulé à vive allure dans un chaos organisé. “Comment est ta peine ?” aura cristallisé ce moment de traversée unique dans l’Humanité, entre prudence collective et individualités exaltées, traçant le chemin insoupçonné du succès des hit- parades pour un artiste réputé “à albums” plus que chanteur “à singles”. Alors que semblaient rouvrir timidement les portes des salles de spectacle, Benjamin Biolay a donné l’un des premiers concerts de ce retour en salles, le tout sous haute surveillance, dans l’auditorium de Radio France. Starting block événement d’une tournée encore en points de suspension…

Il y a dans la salle du grand auditorium de Radio France, un grand souffle de soulagement quand arrive Benjamin Biolay et avec lui et son petit concert, c’est le retour à la scène, à la vie qui se cristallise enfin. C’est l’un des premiers concerts post-confinement, pas le premier certes, mais l’un de ceux qui créent l’événement, avec peu mais avec panache. Aussi, lorsque s’ouvrent les portes de cet alcôve élégante et chaleureuse, le public restreint se sachant chanceux s’avance hagard et fébrile vers l’un des sièges tant convoités d’une salle amputée des autres, distanciation oblige. Une ambiance particulière règne dans l’antre musicale de Radio France, mais peu importe les masques et les craintes, c’est le bonheur de ce retour en grâce qui supplante ce sentiment lourd comme un orage qui passe, à l’aube d’un été de canicule, privé de festivals et de sons.

C’est dans ce grand damier d’auditeurs invités et d’invités de marque dont Jack Lang, fan de la première heure, que Benjamin Biolay fait son entrée en scène, surpris mais heureux de voir réunis, éparses mais intensément là, ceux qui ont fait de son “Grand Prix” le succès enfin unanimement reconnu de sa carrière. il y a les fidèles, il y a les curieux, il y a les nouveaux conquis par l’homme à la voix chaude et si reconnaissable entre mille.

C’est avec “Comment est ta peine?” que Benjamin Biolay entame ce court set, comme s’il fallait ménager ses envies de donner de la voix, à peine refrénées, que le chanteur avait pourtant exaltée pendant tout le confinement en offrant un bouquet de reprises quotidiennes des chansons qu’il affectionne. Un bonheur, un régal à l’état brut, l’un des moments les plus intimes d’un confinement marqué par des artistes connectés comme jamais à leur public.

“Comment est ta peine ?” aura marqué non seulement cette année 2020, au sortir d’un moment unique, libérateur pour les uns, emprisonnant pour les autres, perturbants pour beaucoup, dont personne n’est pas totalement sorti indemne. Le titre aura cristallisé un sentiment, une émotion, et en quelques mots, une période de vie intime. Et si dans la carrière de l’artiste, d’autres titres auront façonné sa renommée, de “La Superbe” à “Miss Miss”, de “Ton héritage” à “Roma (amoR)” (etc.), “Comment est ta peine ?” aura réussi (enfin?) à rassembler plusieurs publics qui se sont appropriés le message universel de la chanson. Avec lui, accompagné sur scène de Pierre Jaconelli et de Johan Dalgaard, c’est un auditorium en osmose qui célèbre ce succès.

Le chanteur enchaîne avec deux autres titres de son album qui fait pour la première fois l’unanimité de la presse et du public : “Vendredi 12” et “Où est passé la tendresse ?” avant de rejoindre son piano pour une version toute en douceur et à fleur de notes de “Ton héritage” qui restera sans doute pour les générations futures la chanson phare de son répertoire, celle qui a touché le plus de monde et auquel répond désormais “La roue tourne” sur “Grand Prix”.

Après ce moment toujours aussi émouvant que le public salue avec reconnaissance, Benjamin Biolay rend hommage à Etienne Daho avec une reprise plus Rock que Pop du “Grand sommeil” (extrait de “La Notte La Notte” sorti en 1984). C’est l’ami Daho en effet avec son album “Pop Satori” qui lui a inspiré le ton de son “Grand Prix” dont il parlera dans l’interview qui suit ce mini concert.

Retour au “Grand Prix” pour le 6e titre live : “Ma route”, un tube, une évidence comme il y en a d’ailleurs d’autres sur ce 9e album, avant de clôturer ce set avec un retour aux sources, aux débuts : “Les cerfs-volants” splendide extrait de son premier album “Rose Kennedy”, sorti en 2001.

Le moment est vite passé, trop vite, le public en redemande. il se prolonge avec une interview menée par Matthieu Conquet, pendant laquelle le rejoignent deux amis, Melvil Poupaud avec qui il avait construit l’aventure “Songbook” et Clément “Animalsons” Dumoulin, programmateur sur certains de ses titres. « On ne sort pas indemne d’une expérience en studio avec Benjamin Biolay. Il est en-dehors de l’ordinaire » échangent-ils, détendus avant que Thomas Sénécal, directeur adjoint de la rédaction de Canal en sports mécaniques s’en mêle et évoque le documentaire réalisé avec Benjamin Biolay autour de la course automobile.

A la sortie, malgré les mesures strictes appliquées partout par Radio France, Benjamin Biolay, pourtant pressé, échange avec le public, comme une urgence à reconnecter, partager… Et c’est incertain, et même inquiet, qu’il confie ne pas savoir si ses concerts auront lieu fin octobre, avant de s’éclipser poliment dans la nuit qui tombe sur Paris.

Gregory Guyot

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