L’interview

« Comme un garçon »

de YELLE

C’est un fait, en dépit de la richesse et de la diversité de notre chanson française au féminin, les filles sont encore sous-représentées dans les shows tv, les medias ou sur les ondes… La question du genre n’ayant pourtant jamais été autant d’actualité, en particulier dans le milieu de la musique, Je Suis Musique a décidé d’offrir à une chanteuse l’occasion unique de se glisser dans la peau d’un homme, le temps d’une interview, toute en paroles et musique. Pour ce numéro, alors qu’elle revient très fort avec un nouveau titre addictif « Je t’aime encore », véritable déclaration d’amour à la France servie par un clip en plan-séquence réalisé par Loïc Prigent, et premier extrait d’un album à venir en septembre 2020, c’est Julie Budet, alias Yelle, qui s’est prêtée à l’exercice avec amusement et une détermination toute féminine … 

– Étais-tu « Garçon manqué » (La Maison Tellier) dans ton enfance ?

Oui, même si je trouve le terme un peu bizarre aujourd’hui, je jouais beaucoup dehors avec mon frère. On s’inventait toutes sortes d’aventures ; on faisait de la soupe aux cailloux. Mes parents nous ont toujours laissé nous exprimer et aussi expérimenter, se déguiser, se maquiller, découvrir quoi !

– Jouais-tu plutôt à « Toi le Cowboy, moi l’indien » (Zazie) ou « Barbie, tu pleures » (Lio) ?

Je jouais à tout, sans me poser de questions et j’aimais autant m’occuper de mes Barbie, que de faire des cabanes et des épées, ou imaginer des spectacles !

– T’arrive-t-il de te dire «Si j’étais un homme… » (Diane Tell) dans ton métier de chanteuse ? Dans quelles circonstances ?

Peut-être justement lors d’interviews, où on me pose des questions de type routine beauté ou choix de vie (enfant ou pas, sexualité) et je me dis pourquoi on ne demande pas ça aux hommes aussi, en fait !

– Si tu étais un homme justement, quel chanteur français serait ton modèle ?

J’aime beaucoup Alain Souchon : sa musique a toujours été présente dans ma vie et j’aime aussi ce qu’il dégage, ce mélange de timidité et son air de s’en foutre un peu aussi ! Sinon, j’aime beaucoup Christophe pour son aura incroyable et son éternelle âme de chercheur de sons.

– Quel chanteur international ?

J’adore Damon Albarn, le chanteur de Blur, depuis très longtemps et j’admire sa capacité à batifoler de groupe en groupe, en se réinventant et en explorant à chaque fois.

– Ferais-tu un style de musique différent ?

Non pas du tout !

– Dans les 60’s, aurais tu été davantage séduit par la sexy Sylvie (comme Johnny), ou la cérébrale Françoise (comme Jacques) ?

Probablement par François Hardy : j’aime beaucoup ses chansons et j’en découvre encore aujourd’hui.

– Avec quelle chanteuse aimerais-tu enregistrer un duo d’amour sulfureux comme «Je t’aime moi non plus » (Gainsbourg / Birkin) ?  

Sûrement avec une fille qui a une voix particulière et du caractère, comme Clara Luciani ou Yseult.

– Dans la peau de Gainsbourg, quelles actrices actuelles aimerais-tu faire chanter ?

Nora Hamzawi sans hésiter ! Quelle fille extra et talentueuse qui, en plus d’être extrêmement drôle, est une excellente actrice !

– Toujours dans la peau d’un homme, accepterais-tu de te déguiser en femme pour les besoins d’une pochette comme Gainsbarre sur « Love on The Beat » sans craindre pour ton image publique ?

Non au contraire, je trouve ça beau de pouvoir explorer cet autre versant de nous-mêmes.

Si tu devais faire une reprise jouant sur l’androgynie aujourd’hui, plutôt « Comme un garçon » (Sylvie Vartan) ou « Sans contrefaçon » (Mylène Farmer) ?

Je choisi Mylène Farmer, parce que j’aime justement sa manière très subtile de brouiller les pistes et de ne se mettre aucune barrière.

– Et dans la peau d’un séducteur, plutôt « Femme des années 80 » (Michel Sardou) ou « Femmes, femmes, femmes » (Serge Lama) ?

Ni l’une, ni l’autre.

– Plutôt « Un homme heureux » (William Sheller) ou « Un homme debout » (Claudio Capéo) ?

« Un homme heureux », sans hésiter ! William Sheller est un chanteur incroyable et j’aime toujours autant écouter ses disques, de toutes les époques d’ailleurs.

– Au registre gay friendly, plutôt « Comme ils disent » (Charles Aznavour) ou «Kid » (Eddy de Pretto) ?

Plutôt Aznavour, cette chanson est presque cinématographique : on est dans la vie, dans la nuit de ce travesti, avec toute la joie et la mélancolie qui s’en dégagent.

– Si tu devais chanter « Je suis un homme », ce serait la chanson de Polnareff ou celle éponyme de Zazie ?

Je choisis celle de Zazie.

– Quelles devraient être les qualités de la femme idéale ? Plutôt « je serai douce » (Barbara) ou « Libertine » (Mylène Farmer) ?

Un mélange des deux, pouvoir exprimer toutes ses facettes et être libre de ses choix, c’est que je souhaite à toutes les femmes.

– Quel type de femme n’aurait aucune chance de te séduire ?

Une femme qui n’aurait pas d’humour, ça ne pourrait pas marcher entre nous !

– Accepterais tu d’être un homme au foyer, si ta compagne était artiste, par exemple  ?

Je pense que je pourrais l’être un temps, mais je ne sais pas si je m’y épanouirais vraiment : pour que ça marche, il faut que tout le monde y trouve son compte.

– Epouserais-tu sans problème une femme de 20 ans ta cadette, comme beaucoup de Rockstars ?

On s’en fout de l’âge, non?

– Et de 20 ans ton ainée ?

(…)

– Quelle est pour toi la plus belle déclaration d’amour, jamais chantée par un homme ?

Daniel Guichard, “Mon Vieux”.

 – Quelle chanson d’homme est « la chanson de ta vie » ?

Alain Souchon, “J’ai dix ans”

– Celle que tu trouves inchantable par une femme ?

Je n’en trouve pas  !

question subsidiaire : dans la peau d’un garçon, que dirais-tu à Yelle, pour la séduire ?

J’essaierais de la faire rire avant tout !

Propos recueillis par Eric Chemouny


Photos : Marcin Kempski (DR)

Retrouvez JE SUIS MUSIQUE sur 
Instagram / Facebook  / Twitter / Deezer  / YouTube / Pinterest

_

“Je Suis Musique” est une marque déposée.

Laisser un commentaire