SYLVIE VARTAN

Le dernier hommage…

Icône intemporelle de la chanson, Sylvie Vartan fait partie des modèles privilégiés du tandem Pierre et Gilles qui l’ont souvent idéalisée sous les costumes les plus fous… Amis dans la vraie vie, ils étaient forcément fidèles au rendez-vous de la star au Grand Rex, les 23 et 24 octobre dernier, où elle rendait un ultime hommage à Johnny Hallyday, en présence de leur fils David

Il y a un an tout juste, Sylvie publiait « Avec toi », un émouvant album de reprises de celui dont elle a partagé la vie pendant 20 ans… Quelques mois plus tôt, dans la foulée de la cérémonie nationale, et au paroxysme de la vague d’émotion qui submergeait la France toute entière à la disparition de l’Idole des jeunes, elle rendait aussi un hommage improvisé à son ex-époux et père de son fils David, en rajoutant une troisième partie à sa série de concerts…

Mais cette fois, la star a choisi d’élaborer tout un spectacle autour de leurs répertoires et de leurs succès respectifs, savamment entremêlés d’anecdotes et de souvenirs, histoire de rappeler combien la passion pour la musique, et l’arrivée en France du Rock’n’Roll avait cimenté leur histoire d’amour et leur couple, véritable modèle pour toute une génération… Ce public si présent dans leur vie de jeunes amoureux, qui découvraient le monde et apprenaient leur métier ensemble, et avec lequel elle aime à rappeler avec amusement qu’ils formaient un « ménage à trois ». 

A grand renfort d’images d’archives et de videos entrées dans la légende iconographique des 60’s, c’est à un plus d’un demi-siècle de « Rock’n’Roll attitude » partagée qu’elle nous convie. D’entrée de jeu, de « Quand revient la nuit », à « Donne-moi ton amour », somptueusement habillée par Hedi Slimane qui signe pour elle trois splendides costumes, Sylvie brouille les pistes en mélangeant leurs tubes respectifs, tant il est vrai que leurs influences et leurs auteurs compositeurs étaient les mêmes … Parmi eux, le grand Charles Aznavour, un des rares à n’avoir manifesté ni méfiance ni mépris pour la vague Yéyé, et à le prouver en signant « Retiens la nuit» pour l’un, et « La plus belle pour aller danser » pour l’autre : une chanson qui faillit bien ne jamais exister, tant les paroles suggestives avaient rendu fou de rage le fiancé de la blonde Sylvie… Ce qui ne l’empêcha pas de l’enregistrer et d’en faire le tube international que l’on sait. 

Après avoir rappelé qu’elle faillit, par l’intermédiaire de son frère Eddie, directeur artistique, avoir pour orchestre quatre jeunes anglais dans le vent, juste avant qu’ils ne deviennent les Beatles, c’est à Mick Jones, futur leader du groupe Foreigner, qu’elle fait référence, lequel signe pour le couple quantité de tubes de « Oh ma jolie Sarah », à « Irrésistiblement »…  

Ces auteurs-compositeurs qu’ils se partagent pendant des décennies, notamment le grand Gilles Thibault, Sylvie aime à se rappeler combien les orages au sein de leur couple si peu ordinaire, et les séparations à répétition relayées par la presse à scandale, les ont inspirés : c’est ainsi qu’elle dévoile avoir appris récemment de la bouche même de Michel Mallory, que « Toute la musique que j’aime » lui était directement destinée et que les paroles lui avaient été soufflées par Johnny… « le blues ça veut dire que je t’aime et que j’ai mal à en crever… c’est ma prière pour te garder… » Le message est explicite, au point que l’amoureux délaissé a exigé ensuite de co-signer la chanson.

Au-delà de ces savoureuses anecdotes, c’est une interprète hors-pair qui se livre sous nos yeux, capable de tisser dans une astucieuse construction musicale les standards de Johnny à ses grands tubes (« Par amour, par pitié », « La Maritza ») et surtout de rester crédible lorsqu’elle s’approprie avec la même conviction des chansons d’homme signées Michel Berger (« Quelque chose de Tennessee ») ou Jean-Jacques Goldman (« je te promets »)… Les coutures de ce coloré patchwork musical sont quasi invisibles, et c’est là, entre autres, le vrai tour de force de ce concert…

Si la deuxième partie s’ouvre sur la plus récente « Cheveux au vent », adaptation signée du grand David Mc Neil, et si représentative de cette époque dont elle reste l’emblème français incontestable, c’est à un medley emprunté aux grands shows de la Vartan des 70’s qu’elle nous convie : « Bye Bye Leroy Brown », « Qu’est ce qui fait pleurer les blondes » ou « L’amour c’est comme une cigarette », ne manquent évidemment pas à l’appel de ses fans…

Mais juste avant, la surprise et l’évènement de la soirée reste la discrète et émouvante apparition sur scène de leur fils David, venu chanter en duo avec sa maman, forcément émue, le tube « Sang pour sang », devenue désormais LA chanson familiale, comme il aime à le rappeler, pour avoir été chantée par Johnny, Sylvie et David, en solo comme en duo… Difficile de rester insensible à leur complicité et à leurs gestes de tendresse d’une vérité implacable.

Mais en vraie pro, et avec toute la pudeur qu’on lui connait, la Sylvie rockeuse reprend vite le dessus sur ses émotions et nous livre un tir groupé de chansons plus rythmiques  qu’elle n’aurait pas reniées en son temps, avec une énergie impressionnante : « Gabrielle », « Noir c’est noir « , « Que je t ‘aime « , un des plus grands succès de Johnny, également directement destiné à sa blonde épouse alors lassée de ses frasques… « Ce n’est un secret pour personne que Johnny n’était pas facile à vivre … » confie-t-elle avec humour au fil de ce spectacle flamboyant.

Et si elle s’éclipse de la voûte constellée du Grand Rex, magnifiée par les lumières du fidèle Jacques Rouveyrollis, c’est pour mieux revenir dans une somptueuse robe longue noire et lamée, plus belle et poignante que jamais. La voix au bord des larmes et les yeux levés vers le ciel, c’est sur « Marie », signée Gérald De Palmas, et remaniée comme une prière pour la paix de l’âme de Johnny, qu’elle conclue cet hommage historique …

Bouleversée, elle nous confie à l’issue du deuxième concert : « Voilà, cette fois c’est terminé. C’était la dernière fois que je rendais hommage à Johnny… Je réalise à présent qu’il est vraiment parti ». 

Eric Chemouny  

Setlist : intro : Je suis né dans la rue (film) / L’idole des jeunes (choeurs) / Jusqu’à minuit / Te voici / Donne moi ton amour / Le pénitencier / Quand revient la nuit / La plus belle pour aller danser / Présentation Beatles et Foreigner / Oh Ma jolie Sarah / Irrésistiblement / Toute la musique que j’aime / Quelque chose de Tennessee / Par amour, par pitié / Je te promets / La Maritza / Cheveux au vent / Sang pour sang (en duo avec David), medley : Petit Rainbow, Bye Bye Leroy Brown, Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ? , L’amour c’est comme une cigarette / présentation des musiciens / Souvenirs souvenirs / Retiens la nuit, Elle est terrible, Gabrielle, Noir c’est noir, Je veux te graver dans ma vie, Que je t’aime /  Le message / Marie.


Photos : Daniel Millet (DR) un grand merci à lui pour sa gentillesse et son talent.

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