KATERINE

« Confessions »

(Cinq 7 / Wagram)

Fraichement auréolé d’un César fortement mérité pour son rôle dans « Le grand bain » en 2018, et de collaborations diverses (Clara Luciani, Lomepal, Alkpote, Julien Clerc…), le Katerine chanteur revient avec un dixième album encore plus déroutant et iconoclaste que ses prédécesseurs : dès sa pochette faussement romantique, mettant en avant des oreilles démesurées et un nez phallique sous son regard triste, on imagine que le trublion nous réserve une jolie collection de chansons plus surréalistes les unes que les autres…

Sauf qu’ici, au-delà de ses farces un peu potaches et toujours désopilantes, auxquelles le fantaisiste nous avait habitués avec sa fausse candeur habituelle, c’est à l’écoute d’un véritable objet musical non identifié qu’il nous convie. Car du format (17 titres) aux sujets abordés (et tournant pour   beaucoup autour du sexe, avouons-le), tout relève de l’expérimentation, et de la construction d’une oeuvre totalement libre et sortant des sentiers battus.

N’éludant aucun de ses instincts primaires, ni aucun sujet de société qu’il aborde avec une fraicheur inédite (le président Macron, la mort de Johnny Hallyday, le terrorisme, l’homosexualité…), il s’est entouré d’un casting de luxe, avec des artistes tous entrés dans son univers totalement délirant et réjouissant avec un plaisir évident : Lomepal (le très scientifique « 88% (des hommes sont pédés)»), Camille (« Keskessécetruc ? »), Angèle et Chilly Gonzales (« Aimez-moi »), Oxmo Puccino (« La clef » sur la découverte de son intimité), Clair (« Une journée sans »), Dominique A (« BOF génération »), Léa Seydoux dont c’est le baptême musical (« Rêve heureux »), ou encore son beau-père dans la vraie vie, Gérard Depardieu (« Blond », amusante variation sur le délit de faciès et l’égalité des chances).

Quelque peu déstabilisés, mais heureux, après l’écoute de ces confessions intimes à ne pas mettre entre toutes les oreilles, quelques questions existentielles soulevées par le poète Katerine nous taraudent encore, comme si sa folie était contagieuse : pourquoi avons-nous 7 trous sur la tête ? Que regardons-nous en premier sur une feuille blanche avec un point noir ?

On espère qu’il y apportera des réponses toutes aussi farfelues sur scène où son génie créatif et ses délires transgressifs prennent encore plus d’ampleur et de démesure…

Eric Chemouny
N.B : en concert à la Cigale les 16 et 17 décembre à Paris 

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