VINCENT DELERM
« Panorama »
(Tôt ou Tard)

La rentrée sera à double face pour l’ami Vincent Delerm ! Si on parle déjà beaucoup de son premier film comme réalisateur « Je ne sais si c’est tout le monde », présenté en août dernier au festival du film francophone d’Angoulême, il publie en parallèle « Panorama », son septième album auquel le long-métrage fait forcément écho.
Toujours à l’affut d’idées nouvelles, il a choisi de confier chacune de ses dix chansons à des réalisateurs différents. Si certains étaient déjà en terrain connu pour avoir déjà oeuvré avec lui sur de précédents disques (Clément Ducol, Maxime Le Guil, Peter Von Poehl), ou fait partie de son environnement amical et/ou artistique (Keren Ann, Yaël Naim), tous les autres ont été sollicités par goût du risque, doublé d’une admiration pour leur travail (French 79, Dan Lévy, Girls In Hawaii, Herman Dune, ou le nouveau venu Voyou). A noter également un duo aussi inattendu que réussi avec le canadien Rufus Wainwright, « Les enfants pâles », en témoignage de leurs souvenirs très proches d’enfance en demi-teintes.
Ici et là, d’autres guest-stars apparaissent au fil des chansons, comme autant de références à son petit Panthéon personnel, tant musical que cinématographique, puisque depuis son premier album, Vincent n’a jamais caché l’influence du 7ème art sur son inspiration : Agnès Varda, à laquelle un touchant hommage est rendu ici (formidable « La vie Varda », veritable éloge de la lenteur et hymne aux contemplatifs), François Truffaut, Raymond Carver, auquel un titre réalisé par Dan Levy est dédié, le mythique Nick Drake et même un Angelo Branduardi que les moins de 40 ans, etc, etc.
L’ensemble n’en demeure pas moins d’une grande fluidité et d’une grande cohérence, d’un bout à l’autre, grâce aux mélodies toujours sensibles et délicates de Delerm, et à son interprétation pleine de tendresse et de mélancolie qui confère à l’ensemble un sentiment de proximité réconfortante avec l’artiste.
Dans son travelling avant, c’est tout l’univers d’un chanteur désormais familier et attachant que Delerm brasse ici avec modernité, comme dans un large « panorama » de références personnelles (Souchon, Sagan…), de détails du quotidien et autres souvenirs personnels (un voyage en famille au Brésil sur « Fernando de Noronha »), et de sentiments universels captés avec un regard pétri d’humanité (cf. « Photographies » et sa phrase épilogue qui tue : « la vie passe, et j’en fais partie »).
On attend à présent d’entendre ces 10 nouvelles pépites prendre vie sur scène, là où l’artiste complet n’a pas son pareil pour leur donner une dimension supplémentaire…
Eric Chemouny
NB : Vincent Delerm sera en concert à La Cigale à Paris du 22 au 26 octobre (complet) et du 5 au 9 novembre 2019.
