JEANNE CHERHAL
« L’An 40 »
(Barclay / Universal)

Après l’album « Histoire de J », Jeanne Cherhal revient telle qu’en elle-même et différente à la fois. Les cheveux plus longs et récemment maman d’un petit garçon, la chanteuse apporte une nouvelle pièce à sa discographie avec cet opus, « L’an 40 », inaugurant son entrée dans une cinquième décennie, qu’elle a décidé de vivre dans la plénitude et l’épanouissement le plus total.
A la fois féministe et espiègle, comme à son habitude depuis ses débuts où elle n’hésitait pas à parler du cycle des femmes avec naturel, elle nous livre 10 nouvelles créations enregistrées entre Paris et Los Angeles, chantées de sa voix claire et limpide. Pour preuve de cet état d’esprit, libre et en dehors des sentiers battus, elle n’a pas hésité à choisir pour pochette une photo dévoilant une aisselle non épilée.
Epaulée parfois par une chorale Gospel, ou des musiciens de légende comme les batteurs californiens Jim Keltner (Neil Young, Steely Dan, John Lennon…) et Matt Chamberlain (Fiona Apple, Elvis Costello…), Jeanne a néanmoins assuré l’intégralité des arrangements de cet album, réalisé par le fidèle Sébastien Hoog. Au fil de ses voyages imaginaires, sur des mélodies gracieuses et agiles, elle s’est laissée aller à parler de ses désirs les plus intimes de liberté et de sensualité (« Fleur de peau «, « Soixante Neuf », « L’art d’aimer ») sans tabou ni vulgarité, tout en jouant avec autodérision de son statut de « Fausse parisienne » maladroite et en proie au rougissement facile.
Le lien maternel sous toutes ses formes tient également une place importante dans cet album « exclusivement féminin » (pour paraphraser son modèle Sanson), au point qu’elle n’hésite pas à traiter, avec finesse et tendresse du thème de l’accouchement par césarienne (« César »). En guise de clôture (provisoire) de ce journal intime d’une femme d’aujourd’hui, elle a aussi choisi de rendre un pudique hommage à son ami Jacques Higelin qu’elle aimait tant, et avec lequel elle a chanté à ses débuts, en évoquant la vibrante cérémonie d’adieu d’avril 2018 à l’autre fou chantant.
Un album réussi, sincère et d’une élégance rare et aux chansons suffisamment subtiles pour qu’elles nous deviennent intimes et familières et s’apprécient chaque fois un peu plus au fil des écoutes, à l’instar du nouvel extrait aux accents autobiographiques choisi après « L’an 40 » : « Racines d’or ».
En général, c’est plutôt bon signe…
Eric Chemouny
NB : Jeanne Cherhal sera en concert aux Folies Bergère à Paris le 3 décembre 2019
