CLARA LUCIANI
Sainte Amour
Depuis deux ans, Clara Luciani vit à fond et sans repos l’aventure de “Sainte Victoire”, un album qui a pris vie et ampleur sur toutes les scènes où elle a distillé ce charme et cette élégance, éclatant au yeux du monde et de ses pairs. Point final du chapitre le plus important de sa vie, pivot d’une existence désormais remplie d’étoiles, l’ultime concert de la tournée s’est déroulé à l’Olympia, les 10 et 11 septembre dernier. Nous y étions…

Clara Luciani est dans l’ADN de JE SUIS MUSIQUE : nous la suivons depuis ses débuts en solo, libérée de La Femme, saupoudrant son talent sur de prestigieuses premières parties, de Benjamin Biolay à Juliette Armanet, du Trianon à l’Olympia, en passant par le Zénith, courant les studios d’enregistrement pour des duos insensés, de Calogero à Pierre Lapointe, en passant par Philippe Katerine, ne rechignant jamais à monter sur une scène, de festivals en concerts privés, d’émissions de télé en studios de radio, tout en poursuivant sa propre tournée “Sainte Victoire” qui n’a cessé d’évoluer.

On se souvient d’elle, grande fille timide, se présentant sur scène presque dans le noir, avec sa guitare électrique, son fil de prise torsadé blanc, sa frange, son sourire, son sérieux, sa voix grave, son look suranné qui rappelle les grandes chanteuses des années yéyé, entre Françoise Hardy et Marie Laforêt. Sur la scène dépouillée, elle proposait un bouquet de chansons extraites de son premier EP “Monstre d’Amour” avec la pochette “Moi avec le grand chapeau” s’amuse-t-elle à rappeler, et de son premier album “Sainte Victoire”, l’un des meilleurs de ses dernières années, avec calme et volupté.
De ces débuts, seule avec sa guitare, demeure intacte une exceptionnelle fraîcheur, une remarquable douceur, et une infinie gentillesse que la célébrité ne semble pas avoir écorchées à ce jour.

Deux ans après avoir goûté au succès, aux sollicitations et aux appels du pieds en tout genre, elle est restée la même, et en cette ultime date d’une tournée triomphale qui n’a cessé d’évoluer, de prendre de l’ampleur et du sens, elle s’émeut toujours de voir son public qui répond systématiquement présent, continue de regarder attentivement chaque visage, chaque sourire, chaque personne dans la salle qui lui fait signe, souriant volontiers en réponse aux bras qui se tendent, plaisantant facilement ici et là, laissant encore ce soir ce bonheur d’être ensemble se répandre dans l’enceinte de cet Olympia qui, quelques mois plus tôt, l’avait déjà consacrée et encensée.

Dans une ambiance cathédrale avec des vitraux de tissus dessinés par elle-même qui changent de couleur, sublimés par des éclairages classieux, où l’on retrouve notamment le dessin stylisé d’une grenade, son premier tube, son plus grand, celui qui a marqué une époque où la parole se libère et qui appelle à l’égalité, Clara Luciani est aujourd’hui une femme plus assurée, plus mûre aussi. On le ressent dans ses accords, ses sonorités plus rock, plus affirmées, plus assumées aussi qui offre à chaque chanson, un pur moment de musique en même temps que d’émotion, dans des versions plus parfaites encore que sur les microsillons de son album.

Pour l’accompagner dans ces deux derniers concerts (filmés, qui n’en feront plus qu’un pour sa diffusion audiovisuelle), Clara Luciani s’est entourée de Philippe Katerine et de Vladimir Cauchemar le premier soir et de Pierre Lapointe, venu de Montréal pour elle, et Alex Kapranos, le chanteur du groupe anglais Franz Ferdinand, rencontré sur un festival cet été, pour le second soir.

Mardi soir, avec Philippe Katerine, elle a repris le duo de Marc Lavoine et de Catherine Ringer qu’elle a réenregistré avec lui et que l’on retrouve sur la réédition de “Sainte Victoire” : “Qu’est ce que t’es belle” transformé en “Qu’est ce que t’es beau?”. Avec Vladimir Cauchemar, le chanteur masqué, elle a rendu hommage à l’un de ses films préférés : “Les demoiselles de Rochefort” interprétant “La chanson de Maxence”, bouleversant.

Le lendemain, avec Pierre Lapointe, elle entame le duo original qu’elle a enregistré cette année avec lui, “Qu’est ce qu’on y peut” après que le chanteur québécois, fidèle à lui même et à son humour délicieux, ait plaisanté sur leur rencontre. Enfin, avec Alex Kapranos, elle livre une classieuse version de “Summer Wine / le Vin de l’été”, succès de 1966 de Nancy Sinatra avec Lee Hazlewood qu’avaient chanté Marie Laforêt et Gérard Klein en français et plus récemment Isabelle Boulay et Benjamin Biolay. Moments suspendus d’une cabotine élégance aux comparses malicieux.
Et puis parmi ses musiciens (tous formidables et fidèles) s’invitent Adrien Soleiman au saxophone, et Voyou à la trompette. Que du beau monde !



Quand arrive le moment des au revoirs, Clara revient sur scène pour les rappels de rigueur, veste à paillettes violette, émue aux larmes, elle entame “Drôle d’époque”, fond quand ses fans lèvent des affichettes en réponse à la chanson “c’est la dernière fois que tu me vois” … “certainement pas” et termine seule par “Jean Bleu” la chanson qu’elle aurait rêvé d’avoir écrite mais que Lana Del Rey a faite avant elle. Quand ses musiciens la rejoignent sur la scène de la salle mythique, l’émotion est à son apogée, les larmes coulent sur beauocup de joues mais il faut partir… sans aucun doute pour mieux revenir…
Seul regret de ce dernier rendez-vous avant la suite : qu’elle n’ait pas tenu sa promesse de nous raconter une blague “grivoise” proposée par Pierre Lapointe. Alors, Raconte, Clara, raconte… Raconte encore et reviens vite.
Gregory Guyot

Setlist Olympia : On ne meurt pas d’amour / Comme Toi / A crever / Eddy / Les fleurs / Nue / Mon ombre / Dors / Pleure Clara Pleure / La chanson de Maxence (avec Vladimir (sur le 10/9) / Qu’est ce qu’on y peut (avec Pierre Lapointe) sur le 11/9 / Cette chanson / Monstre d’amour / Emmanuelle / La Baie / La grenade / Encore : Drôle d’époque / Folle / Qu’est ce que t’es beau (avec Philippe Katerine) sur le 10/9 / Summer Wine (avec Alex Kapranos) sur le 11/9 / La dernière fois / Encore 2 : Jean Bleu.

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