VERONIQUE SANSON

Le rouge et le noir

C’est un double heureux évènement que les fans de Véronique Sanson fêtaient au Dôme de Paris, à partir du 24 avril dernier, comme un prélude à une longue tournée qui s’achèvera les 30 et 31 décembre à Paris Pleyel : son retour sur scène (après de graves problèmes de santé), coïncidant avec son 70éme anniversaire ! Si bien qu’au meilleur de sa forme, et sortie plus forte de cette difficile épreuve, c’est un spectacle à son image et à son répertoire, entre flamboyance et mélancolie, que la blonde chanteuse a choisi d’offrir à son public pour sa renaissance : comme si, plus que jamais, Sanson refusait de choisir entre la neige et le feu, entre le rouge et le noir…

Et d’ailleurs, c’est symboliquement de rouge et de noir qu’elle a choisi de se présenter au public, au cours des différents tableaux composant ce concert si attendu… Mais tout d’abord, comme c’est désormais la coutume avec Véro, c’est son fils Chris qui ouvre le bal. Comme animé d’une énergie communicative, c’est en guitar-hero qu’il entre fièrement sur scène, coiffé d’un Stetson blanc et sous les acclamations : il présente les titres de son nouvel album, ironise sur les faibles ventes de celui-ci en invitant le public à se brancher sur Spotify… Quand un artiste joue la carte de la sincérité et de l’humour à ses dépens, on ne peut qu’aimer. Mais il sait aussi l’impatience du public à retrouver sa maman : si bien qu’après un tour de chauffe, il annonce sans attendre, un super show à venir, celui d’”une jeune fille de 17 ans… “. Le fils Stills ne cache pas son bonheur, et on l’a rarement vu aussi rayonnant, et heureux d’être sur scène. On se met alors à penser aux moments difficiles passés ces derniers mois auprès de sa maman, dont on sait qu’il l’a beaucoup soutenue, et à admirer sa dignité et sa pudeur du moment, tant les choses sont ici suggérées à demi-mots…  

L’entrée en scène de Sanson est plus qu’émouvante et joyeuse à la fois : sa silhouette parait plus frêle dans son costume noir, et son visage porter encore les traces de fatigue des durs moments passés, mais elle semble avoir tout balayé d’un revers de la main, de ce geste qui n’appartient qu’à elle, juste avant d’effleurer les touches de son piano et d’attaquer un concert : le sourire radieux et  l’énergie scénique intacte promettent d’emblée des moments de partage intense. Le ton festif d’ouverture est donné avec des titres aussi rythmiques que « Dignes, dingues, donc » ou « Radio vipère », avant qu’elle prenne place au piano pour « Monsieur Dupont » et le vibrant « Marie », très aimé des fans, s’amusant à mimer comme une gamine un grand maestro classique, en soulevant sa veste queue de pie.

Jouant dans un juste équilibre de l’alternance entre ces deux grandes sources d’inspiration de son répertoire, le Rock Californien et la chanson piano-voix magnifiée d’arrangements symphoniques, Sanson est plus que jamais dans son élément sur cette grande scène du Dôme de Paris, ex Palais des Sports, où elle a déjà connu tant de moments de bonheur et de communion avec son public si fidèle. Mais le contexte n’a jamais été celui-là, si bien que de tube en tube, jalonnant sa carrière sans fautes (le morceau d’anthologie « Ainsi s’en va la vie », « Je me suis tellement manquée », « Et je l’appelle encore »…), elle donne tout comme jamais, histoire de dire son bonheur mais aussi sa reconnaissance envers les anonymes et les amis qui l’ont portée jusque-là…

Avec toute sa fougue, sa spontanéité et sa générosité légendaire, elle ne peut que vouloir partager ce bonheur qui crève les yeux : avec ses 14 musiciens et fidèles choristes qu’elle présente à plusieurs reprises (la violoniste Anne Gravoin, le choriste Mehdi Benjelloun, le charismatique guitariste Basile Leroux ou encore le trompettiste Renaud Gensane, pour ne citer qu’eux…), mais aussi bien sûr avec les fans qu’elle invite à chanter sur « Vancouver » ou « Amoureuse », comme une gigantesque chorale à donner le frisson. Sans oublier plusieurs de ses amis artistes, présents sur son dernier album « Duos Volatils » et venus lui souhaiter de vive voix un joyeux anniversaire le soir de la première : Vianney (« Chanson sur ma drôle de vie »), et Christophe Maé (« Besoin de personne ») … Entre temps, elle aura rendu hommage à Simone Veil, comme ça, pour le plaisir… 

Et c’est ensuite de rouge vêtue, dans une magnifique veste de monsieur Loyal, au dos brodé d’un étrange squelette couleur or, comme pour conjurer le sort, qu’elle revient en rappel, coiffée d’un chapeau :  là encore, l’énergie et le grand spectacle sont de mise avec « Bernard’s Song » et « On m’attend là-bas », alors que Chris Stills brûle de rejoindre sa star de mère à la basse… 

A noter pour les historiens et les statisticiens en herbe, que si sa précédente tournée accompagnait la formidable double compilation « Les années américaines », coincidant avec le très beau livre de Laurent Calut et Yann Morvan, Véro semble avoir choisi, pour son retour magnifique, de revisiter plus largement son impeccable discographie, comme on se penche en arrière sur une drôle de vie de chanteuse et de musicienne, en laissant certes une large part à « Dignes, dingues, donc » (avec 6 titres), suivi des albums à succès « Amoureuse » (3), « « 7ème » (2), « Moi, le venin » (2), « Sans regrets » (2), sans pour autant laisser pour compte « De l’autre côté de mon rêve », « Hollywood », « Indestructible », « Laisse-la vivre », « Le maudit », « Plusieurs lunes »ou « Vancouver »…

Enfin, c’est sur un triptyque de ballades hautement symboliques en cette soirée « historique » qu’elle quitte la scène, trois chansons profondes et existentielles qui prennent tous leur sens en ces circonstances : « Toute une vie sans te voir », « Ma révérence » et « Visiteur et voyageur ». Et comme si la jeune fille de 7 fois 10 ans refusait de quitter la scène sur des chansons tristes, c’est sur les notes caressantes et pleines de promesses de « Bahia » qu’elle se retire en coulisses….

Provisoirement seulement, car de nouvelles dates de tournée sont annoncées à partir de mi-octobre jusqu’à la fin de l’année, passant par « Les nuits de Champagne » à Troyes le 24 octobre…

En attendant, passez un doux été chère Véro, et merci pour la belle leçon de vie !

Eric Chemouny

Crédit Photos : en rouge, à Tours, Christian Meilhan (DR / Collection personnelle) – en noir, à Paris, Delphine Champion (DR/JSM)

Setlist (du 24 avril 219, soirée anniversaire avec « guests ») : Dignes, dingues, donc / Radio Vipère / Monsieur Dupont / Marie / ces moments-là / Vols d’horizons / Ainsi s’en va la vie / Je me suis tellement manquée / Et je l’appelle encore / L’écume de ma mémoire / La loi des poules / Chanson sur ma drôle de vie (avec Vianney le 24 avril) / Vancouver / Amoureuse / Besoin de personne (avec Christophe Maé) / rien que de l’eau / Et s’il était une fois // Rappels : Bernard’s song (il est de nulle part ) / On m’attend là-bas (avec Chris Stills) / Toute une vie sans te voir / Ma révérence / Visiteur et voyageur / Bahia.
Tournée automne 2019 : octobre : le 16 octobre à Yerres, le 18 au Blanc-Mesnil, le 24 à Troyes / novembre : le 7 à Lille, le 13 à Dijon, le 22 à Liège, le 28 à Marseille, le 30 à Saint-Etienne / décembre : le 4 à Clermont-Ferrand, le 6 à Grenoble, le 12 à Rouen, le 13 à Caen, le 18 à Rennes, le 21 à Orléans, les 30 et 31 décembre à Paris.

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