DISCORAMA #17

Promenons-nous dans les bacs…

édition JE SUIS MUSIQUE #17 . 30.03.19.


DISCORAMA, c’est notre panorama des sorties du moment ! Et encore une belle sélection ce mois-ci qui confirme un début d’année très prometteur : Christophe et ses duos, le retour à la chanson française de Keren Ann, le chouchou du moment Malik Djoudi, Le nouveau Gauvain Sers, le retour de Brune très en forme, celui de Luke aussi, le sans faute des Innocents, et aussi Nach, Emilie Marsh, Elsa Gilles, Mylène Farmer et la compilation du moment du Fashion Freak Show… On vous dit tout sur ces nouveautés ici… Bonne écoute et belles découvertes… C’est parti !

KEREN ANN

« Bleue »

(Polydor / Universal)

Alléchés par un premier extrait « Bleue », et un clip hypnotique et de toute beauté (cf. JSM 16), on s’impatientait de découvrir le 8ème album de Keren Ann, le premier en Français depuis fort longtemps… Disponible depuis quelques jours, sous un visuel étonnant où la belle se dénude tout autant qu’elle cultive son mystère habituel, ce « Bleue » est à la hauteur de nos attentes les plus folles : dès les premières notes du titre d’ouverture, « Les jours heureux », on retrouve la chanteuse qu’on aime tant, perdue de vue depuis « Nolita » (2004), même si des albums en Anglais et diverses collaborations étaient venus s’intercaler entre temps, dotée de cette voix lasse et nonchalante, si attachante et addictive. Revenue à Paris, après avoir vécu quelque temps à New-York, elle renoue également avec la mélancolie et les climats cotonneux qui font sa griffe et lui avaient valu à ses débuts le titre d’héritière de Françoise Hardy,  au travers de 10 titres Folk intimistes ultra-mélodiques d’une grande cohérence et d’une fluidité remarquable. Si le thème de l’eau, sous diverses approches, court d’un titre à l’autre, il est ici aussi question en filigranes d’amour éphémère (« Nager la nuit »), de chagrin inconsolable (« Ton île prison »), de temps qui passe (« La mauvaise fortune »), de séparation (« le goût d’inachevé » en duo avec David Byrne), d’amertume (« Le goût était acide », d’exil (« Odessa Odyssée », un des meilleurs titres), avec toujours cette pudeur et ce goût de l’ellipse qui lui confèrent cette classe dingue et que tant lui envient. Notons qu’en véritable femme-orchestre, elle a assuré elle-même l’écriture et la réalisation de ce « Bleue » (à l’exception de deux titres co-écrits avec Doriand), en parallèle de sa vie de maman, de projets divers pour le cinéma, le théâtre national de Bretagne, ou de concerts avec le quatuor Debussy… Enfin, que l’album a été enregistré dans son home-studio, mises à part quelques sessions additionnelles à Ferber, Motorbass ou à New-York. Au vu de son accueil déjà dithyrambique de toutes parts, on peut aisément parier que ce petit bijou s’inscrira dans le temps comme un grand classique de la chanson française !

Eric Chemouny

CHRISTOPHE

« Christophe, etc »

(Capitol / Universal Music)

A l’instar d’un Bashung ou d’un Daho, Christophe demeure pour plusieurs générations une des références de la chanson française, en matière d’exigence et d’avant-gardisme : un statut auquel rien ne prédestinait l’ex chanteur néo-yéyé créateur des tubes « Aline » et « Les marionnettes », devenu une des plus grandes vedettes de la variété populaire dans les 70’s, de celle qui fit les beaux jours des émissions de Guy Lux et des Carpentier. Il aura fallu l’émergence d’une nouvelle vague d’artistes à l’aube des années 2000, capable de déceler au-delà du kitsch, des paillettes et du star system qui lui collaient à la peau, toute la modernité, la singularité et la richesse des compositions et de la production de l’iconoclaste artiste. Véritable légende vivante aujourd’hui, il n’en demeure pas moins créatif, à l’affut de nouvelles collaborations et défricheur de sons nouveaux. En témoigne son 13ème album studio, « Les vestiges du chaos » publié en avril 2016, prétexte à une tournée sold out. Loin de se reposer sur ses lauriers, après un premier single « Succès fou », titre emblématique revu à la sauce « Nusky et Vaati, il revient avec un album plus intimiste cette fois, sur lequel il a choisi de revisiter ses grands classiques, tout en cherchant à se réinventer et à se surprendre lui-même au contact d’artistes toutes générations confondues, qui lui vouent un culte non dissimulé : Juliette Armanet, Jeanne Added, Julien Doré, Laetitia Casta, entre autres. Sans oublier les vieux copains, Arno et Eddy Mitchell. Un album envoutant à l’image de sa belle pochette, qui promet de nouveaux instants de grâce en compagnie du légendaire noctambule, au théâtre de la Porte Saint-Martin, du 21 au 29 mai prochain…

Eric Chemouny

MALIK DJOUDI 

« Tempéraments »

(Cinq 7 / Wagram)

En 2017, avec son premier album justement intitulé « Un » révélant un univers synthétique hors du commun (cf. « Sous garantie », « Cinéma »), Malik Djoudi avait fait forte impression, tant sa voix androgyne et son phrasé proches de ceux d’un Matthieu Chédid enveloppaient de mystère et magnifiaient ses chansons Pop truffées de références prestigieuses, allant de Daho à Christophe. Après une longue tournée de 70 dates et des concerts remarqués dans les festivals les plus en vue de l’Hexagone (les Nuits de Fourvière, Francofolies, Pete The Monkey, MIDI Festival, Biarritz en été, Rock en Seine, Coconut Festival…), le discret et non moins charismatique musicien, natif de Poitiers, revient avec un nouvel album très attendu mixé par Ash Workman (cf.Metronomy, Christine and The Queens, Baxter Dury…) et intitulé « Tempéraments ». Et force est de constater à l’écoute de ses douze nouvelles créations qu’il n’en manque pas : avec douceur et détermination, Malik nous entraine ici dans un voyage hypnotique ensorcelant, entre chanson française et Pop synthétique, où des mélodies précises et ultra sophistiqués croisées à des paroles ciselées et poétiques en diable, font la part belle à une production racée, singulière et référencée : un cocktail auquel l’ami Etienne Daho, toujours à l’affut de jeunes talents, n’a su rester insensible. En témoigne le joli duo « A tes côtés », auquel le célèbre Rennais a prêté sa voix… Véritable album à deux faces, comme au temps béni du 33 tours vinyle, sur lequel cohabitent deux climats, l’un alangui et paisible (« Dis moi que t’y penses », « Histoires d’autres »…), l’autre plus nerveux et électrique (« « Belles sueurs »…), ce « Tempéraments » n’en demeure pas moins cohérent, addictif et mystérieux. Lorsque la scène anglaise (Brighton, Londres…) nous l’aura rendu, on pourra voir ces petits bijoux musicaux prendre vie sur scène lors d’une longue tournée française, passant par Paris, le Trianon le 20 novembre…

Eric Chemouny

LES INNOCENTS

« 6 et demi »

(BMG / RCA / Sony Music)

Chic ! Les Innocents sont de retour : encouragés par l’accueil de « Mandarine », album récompensé par une Victoire de la Musique et marquant les retrouvailles de Jipé Nataf et Jean-Christophe Urbain, le duo Pop emblématique des années 90’s aux multiples tubes (« Un homme extraordinaire », « Colore »…) revient avec un sixième opus, malicieusement intitulé « 6 ½ », et illustré d’une pochette colorée et printanière très efficace. Au terme d’une longue tournée de plus de 250 dates, et comme débarrassés des appréhensions ayant précédé la confection du précédent opus, les deux compères semblent avoir pris beaucoup de plaisir à nous concocter leurs 10 nouvelles créations et cela s’entend. Car de « Quand la nuit tombe », à « Aime moi », tout ici n’est qu’harmonie de deux voix en totale symbiose, comme des guitares se répondant avec énergie, sur des mélodies faussement faciles, et ciselées avec une précision d’orfèvre pour pouvoir être fredonnées avec envie et jubilation. A noter le rôle essentiel du 3ème Innocent dans cette petite entreprise, alias Dominique Ledudal, ami fidèle et complice des débuts, qui les a accompagnés au studio ICP à Bruxelles pendant trois semaines, pour assurer la luxueuse et élégante réalisation de l’ensemble. L’efficace « Apache » (premier single), « Les cascades » « Opale » ou le plus intimiste et personnel « Mon homme » sur le thème du père absent, promettent de jolis moments sur scène avec ce tandem emblématique et immuable, qu’on a toujours plaisir à revoir comme on retrouve de vieux copains de lycée… 

Eric Chemouny

GAUVAIN SERS

« Les oubliés »

(Fontana / Mercury / Universal)

Après le succès inattendu de son premier album « Pourvu » (certifié disque de platine), révélant un auteur-compositeur brillant et inspiré, le jeune chanteur originaire de la Creuse, revient avec « Les oubliés », un deuxième album tout aussi réussi, qui devrait être celui de la confirmation. Fidèle à son look naturel et rustique, avec cette casquette en velours côtelé marron qui lui colle à la peau, il l’est tout autant à son style musical, en marge des modes et des courants. Si l’interprétation toujours aussi gouailleuse et enfantine s’est affinée et nuancée, tout autant que les mélodies au piano ou à la guitare – de facture certes très classique – se sont diversifiées, c’est surtout son sens de la formule et sa plume alerte et malicieuse qui distinguent l’ami Gauvain. Pour ce deuxième opus, il a su renouveler son regard sur le monde qui l’entoure et ses pairs, pour nous livrer 14 chansons sous forme de portraits ou de scènes de vie d’une grande acuité, et empreints d’une belle philosophie de vie. A commencer par « Les oubliés », dédiée à ces contrées pas si lointaines de notre pays, et à leurs habitants oubliés et de plus en plus privés de structures les plus vitales. C’est d’ailleurs pour  rendre hommage à ces villages « invisibles » qu’il a choisi d’y poser ses valises lors de sa tournée. Entre autres réussites, on relève également un amusant et très touchant duo avec l’immense Anne Sylvestre « Y’a pas de retraite pour les artistes », ainsi qu’un titre bonus tiré du roman de Michel Bussi, « J’ai du rêver trop fort » : deux titres qui bouclent un album comptant des chansons très originales, bien construites et chantées avec beaucoup de conviction comme l’autoportrait « La langue de Prévert », l’ode à l’amitié « L’épaule d’un copain », « Excuse-moi mon amour » sur le harcèlement des femmes, « petite piaule » sur la crise du logement, « La boite à chaussures » sur la nostalgie de l’enfance, « Le tiroir » sur la magie des premiers instants, ou « L’étudiante », portrait glaçant d’une étudiante vivant de ses charmes avec toute l’inconscience de sa jeunesse…  Touchant de sincérité et de simplicité, Gauvain Sers nous livre un album utile et citoyen, en plus d’être beau…

Eric Chemouny

LUKE

“Porcelaine”

Verycords

Luke ne pouvait pas trouver meilleur titre pour sixième album que “Porcelaine”, fragile matière lissée, tant il se met réellement en danger, prenant un virage risqué à 180°, sur le fil tendu entre la frénésie Rock et engagée des albums passés et l’accalmie Pop et sensible de ce groupe en phase de maturité, orienté ici vers une musique plus populaire, un Rock à la fois plus assagi et plus aseptisé mais aussi et paradoxalement, plus explorateur de sons que le groupe n’avait jamais osés auparavant. Ceux qui les estampillaient héritiers de Noir Désir ou frères de Saez, vont réorienter désormais leurs comparaisons forcées vers l’influence d’un héritage de 40 ans de scènes Pop Rock, de groupes tels que Simple Minds (“Sauvage et positive” qui ouvre magnifiquement l’album) aux nouveaux rois du Rock comme Coldplay (“C’est immense”), en passant par David Bowie (à qui le groupe semble emprunter un sample de “Ashes to Ashes” pour mieux le triturer sur “Danse dans la nuit”). L’album “Porcelaine” fait permuter le groupe avec des mélodies plus arrondies, presque plus dancefloor (le morceau “Porcelaine” en mode eurodance, balancé aux médias en éclaireur en janvier dernier), plus Electro (“Flèche”, entre Visage et leur “Fade to Grey” et la maître Moroder) faisant la place à des textes plus lumineux et optimistes, moins engagés, moins rebelles, moins politiques, plus amoureux. Et il faut des titres comme “On est pas des machines” ou “Dis-moi” pour retrouver le Luke incandescent que l’on a connu en enfant du Rock révolutionnaire qui portait haut cette sombre flamme jusqu’à “Pornographie”, l’album précédent, l’un de leurs meilleurs. Si ceux qui les suivaient depuis toujours risquent de passer rapidement leur chemin, ne se retrouvant pas dans cette oeuvre de “porcelaine” plus Pop que Rock, d’autres, peut être plus nombreux, vont enfin découvrir un groupe au risque certain, au talent éclatant porté le charismatique Thomas Boulard, ultime lien fragile, qui donne à chaque titre par sa voix d’écorché toujours vif, une ampleur insoupçonnée, survivant aux riffs de guitare jouissifs, que l’on pourrait regretter ici. Il montre sur cet album (comme beaucoup trop rarement par le passé) l’éventail de ses possibilités vocales, aussi convaincant dans sa rage nourrie du passé que dans l’extrême douceur qu’il propose à présent et fait que Luke est, et reste, l’un des meilleurs groupes français depuis ses débuts.

Gregory Guyot

NACH

« L’aventure »

(Polydor / Universal)

Pas facile d’être « fille de… », encre moins « soeur de… ». Et pourtant, avec sa fraîcheur et son joli timbre de voix sensible et clair, Anna Chédid, alias Nach (contraction de son prénom et son nom), a su se construire une identité artistique et se frayer un joli chemin lors de la publication de son premier opus. Confortée par le succès de l’aventure familiale à quatre voix avec son père Louis, et ses frères Matthieu et Joseph, tant sur scène que sur disque, la belle brune revient en mai prochain avec un deuxième album solo intitulé « L’aventure ». Entendez par là, celle de l’intime, de l’universel, de la vie. De cette voix désormais plus familière, l’excellente chanteuse nous livre 10 titres d’une grande fluidité, à l’évidence mélodique permettant les circonvolutions vocales qui font son originalité. Co-réalisé avec son frère Joseph, « L’aventure » se veut l’album d’une femme en phase avec elle-même et sa réalité sans fards. Touchante de sincérité, Anna explore ici ses états d’âme tout autant que ses souvenirs, empreints de sentiments contrastés, allant de la mélancolie introspective, à l’espoir ou l’euphorie communicative. Entre autres chansons structurantes de cet opus dont elle a signé paroles et musiques (aidée ici et là par Felipe Saldivia), « Moi tout à toi » lui permet de renouer avec son adolescence parisienne heureuse et entourée, « Dans les yeux de ma mère » se passe d’explications par son message intime et pourtant universel, « Mon meilleur et mon pire » explore avec justesse les doubles faces de sa personnalité, « L’autre bout du monde » est un appel à l’amour universel des humains, tandis que « Le bon moment » est l’aveu touchant d’une maternité désirée mais différée. Plus personnelle encore, est « Jo », véritable déclaration d’amour à son discret frère Joseph, alter ego et miroir artistique de l’attachante chanteuse au regard brun si profond. A noter que femme d’exigence et d’images, elle a aussi confié au cinéaste Nicolas Bary, la confection d’un court métrage de trois clips (« Moi tout à toi », « Allo », « Dans les yeux de ma mère »). Avec un si bel album dans ses bagages, Anna peut être certaine que du paradis des poètes, sa grand-mère Andrée Chédid est fière de sa progéniture…  

Eric Chemouny

BRUNE

“Sombre animal”

(Modulor / Warrior Records)

Souvenez-vous, Brune nous avait charmé avec succès sur une “Rupture Song” à la Pop légère et, avouons-le, un peu datée. C’était en 2010, déjà. Depuis, Brune a expérimenté de nouveaux sons, de nouvelles expériences musicales, de nouveaux instruments et grand bien lui en a fait tant elle semble avoir trouvé parfaitement sa voix aujourd’hui en dévoilant ce “Sombre animal”, à l’opposé de ce qu’elle nous avait proposé auparavant, révélant une maturité et une personnalité qui participent à la grande réussite de ces 11 nouveaux titres denses, âpres, dont les aspérités musicales sont empreintes de mélodies vénéneuses et charmeuses qui la font bifurquer vers une Pop Rock totalement envoûtante, presque reptilienne. La chanson titre qui ouvre l’album nous plonge immédiatement dans ce nouvel univers où rien ne semble avoir été laissé au hasard : tout est en place dès les première notes de ce premier titre jusqu’au dernier son du dernier, intitulé “Comment feras-tu?”, qui vient clore magistralement cet album dans un déluge musical absolument fascinant. En 11 titres, il y en a pour tous les sons : de la Pop (le très efficace “Je vois rouge”, un tube), du Trip Hop (le rampant magnifique “Cyclones”), de l’Electro-Rock (l”Reviendras-tu?”, très Muse, ou encore “Qu’on m’applaudisse” qui nous rappelle délicieusement un autre grand groupe, canadien cette fois-ci, Vive la fête), du Rock langoureux (le vénéneux et puissant “Fil de Fer”), sans oublier ce malin premier single “Rien n’est grave” qui cache bien le jeu d’un album dont chaque chanson semble avoir été choisie pour être un tube. Et puis, il y a cette voix brune et “Caméléonne”, tantôt sensuelle et claire, tantôt rageuse et sombre, merveilleusement mariée à ses mélodies par une production impeccable signée Valentin Montu (qui a travaillé avec Blondino, Cyril Mokaïesh, Granville…). A eux deux, ils signent un album dont chaque chanson impose sont style mais qui s’enchaînent néanmoins toutes avec une remarquable fluidité. A écouter d’urgence et sans modération.

Gregory Guyot

EMILIE MARSH

Eponyme

(Fraternité Cannibale)

Jusqu’ici, on connaissait Emilie Marsh comme mélodiste et guitariste d’exception, dont la silhouette gracile et nerveuse reste associée à la chanteuse Dani, qu’elle accompagne en concert, au point de ne quasiment former qu’une seule entité artistique, tant les deux femmes très complices se complètent et s’admirent mutuellement. Elle était aussi dernièrement responsable de la B.O du film « Nos vies formidables » de Fabienne Godet, magnifique leçon de résilience. Il faudra désormais compter avec la chanteuse Emilie Marsh, car cet album de toute beauté est une jolie surprise. Pour ce premier coup d’essai, la musicienne connue de tous les amateurs de Pop française de qualité s’est attelée à soigner son interprétation, assurée et très personnelle, et l’écriture et à la composition des 10 titres, s’entourant ponctuellement de jolies signatures comme Pierre Grillet ou Céline Ollivier. L’ensemble a été réalisé par la brillante Katel et mixé par Fabien Martin, tandis que le visuel est signé Gil Lesage : bref, une fine équipe, qui assure une jolie cohérence à l’ensemble dont se distinguent toutefois quelques petits bijoux d’élégance mélodique, portés par les beats électroniques d’un album qu’Emilie a imaginé comme la bande-son d’une mystérieuse escapade noctambule. A commencer par le convaincant titre d’ouverture, l’audacieux et presque politique « J’embrasse le premier soir », ou encore le réconfortant « Haut le coeur » au refrain redoutable, le troublant « Où vas-tu la nuit », le très 80’s « Goodbye Comédie », l’hymne à la liberté « L’aventure » ou encore un très aérien « Vents violents », chanté avec virtuosité d’une voix de tête, sur une mélodie tubesque que n’aurait pas reniée Mylène Farmer. Cerise sur le gâteau, un somptueux duo « Sur les ondes », avec sa marraine de coeur, l’icône Dani… On craque !

Eric Chemouny

ELSA GILLES

Eponyme

(Polydor / Universal)

Nouvelle venue dans le petit monde de la chanson, Elsa Gilles n’est pas tout à fait une inconnue. Elle a même plutôt un sérieux bagage de musicienne derrière elle. Une petite mise à jour s’impose donc, pour mieux apprécier l’écoute de son disque : élevée dans une famille où la musique tient une place importante, elle commence le piano à 4 ans, avant d’apprendre le violoncelle et la guitare à 15 ans, au point de décrocher un premier prix de Conservatoire. Après une expérience au sein d’un groupe, elle est repérée par la manageuse de Laurent Voulzy, et commence dès 2007 à l’accompagner, ainsi que Vanessa Paradis, Raphaël, Jenifer, ou Alain Souchon. Autant de tournées sur lesquelles elle s’essaie à l’écriture en anglais de chansons, jusqu’au jour où Calogero la recrute pour l’aventure Circus, qui marque ses premiers pas de chanteuse. Elle met ensuite à profit le temps que lui laisse la naissance de son fils, pour écrire des chansons plus abouties. Tombé sous le charme, le grand frère Calo décide de la produire et l’emmener avec lui en tournée, pour assurer ses premières parties dans les Zénith de France… Le résultat de cette belle histoire est un premier opus de douze titres, réalisé par Cyrille Nobilet et Jan Pham Huu Tri, fidèles compagnons de route de Calo, de facture variété Pop certes assez classique, mais pas déplaisant du tout. Soucieuse de proposer des chansons simples et mélodiques, Elsa a même plutôt réussi son pari : quelques plages touchantes de modestie, de sincérité et de fraicheur, dont « Mon amour » premier single sur le thème de la maltraitance, « De l’air » avec la participation de son mentor, sur celui de la dictature de l’image, « Loin des rivages » sur le sort des femmes de marins, ne sont que des échantillons de son talent. Sans oublier le très pudique et personnel, « Ton absence », écrite par sa soeur Anaïs Paris, pour leur père, qui les a initiées à la musique. Une artiste sensible et touchante à (re)découvrir…

Eric Chemouny

DIVERS ARTISTES B.O

« Fashion Freak Show »

(Warner Music)

« De Gainsbourg à Madonna, de Bronski Beat à Catherine Ringer ou Zazie, c’est la playlist de toute ma vie que je partage avec vous aujourd’hui. Des morceaux les plus intimes aux tubes les plus festifs ». Ainsi Jean-Paul Gaultier, présente-t-il le double CD constituant la B.O de son spectacle autobiographique à succès, « Fashion Freak Show » actuellement aux Folies Bergère jusqu’au 16 juin 2019. S’il est vrai que cette revue dont il rêvait, revisite 50 ans de création et de Pop culture, à travers le regard de cet enfant terrible de la mode qu’il incarne aux yeux du monde, elle constitue tout autant un coup d’oeil dans le rétro sur la société française et ses évolutions, tant la place de Gaultier dans le milieu de la mode et son influence sur les mentalités sont immenses. Si bien qu’il lui était impensable de ne pas donner à la musique toute la place qu’elle méritait dans ce show haut en couleurs, comme il l’a toujours fait d’ailleurs dans ses défilés, en confiant la supervision musicale de celui-ci au grand Nile Rodgers. Disco, Funk, Pop, Rock, New Wave et chanson française, tous les styles sont ici représentés au travers des plus grands tubes d’artistes de légende, dont beaucoup ont d’ailleurs travaillé avec JPG : Chic, Madonna, Brosnki Beat, les Rita Mitsouko, George Michael, Plastic Bertrand, Serge Gainsbourg, Grace Jones, Stromae, Katerine, Eurythmics, Sheila B. Dévotion, Ru Paul, Amanda Lear, Frankie Goes to Hollywood, Maryline Manson, sans oublier Zazie, dont le Replicant remix de son tube « Tout le monde » constitue la bande-son d’un tableau apothéose d’un show génial… Histoire de rappeler que bien avant tout le monde, en faisant appel à des models au physique étrange sortant des canons habituels de beauté, le défricheur Gaultier était le premier à décréter à juste titre que « tout le monde, il est beau… ». Un disque festif à souhait !

Eric Chemouny

MYLENE FARMER

“Désobéissance – remixes”

(Maxi Collector CD & vinyle)

Nous n’avions pas caché notre déception à l’écoute du dernier album de Mylène Farmer sorti en septembre dernier, à la hauteur de notre admiration pour la star. Album dont sont déjà extraits “Rolling Stone” et “N’oublie pas” en duo avec LP dont nous n’avions pas non plus caché notre large préférence pour le single-titre “Désobeissance”, malgré un clip très décevant, accentué par un making of bonus d’une édition de Noël discutable. Alors que le nouveau single “Des Larmes” vient tout juste d’être dévoilé, Mylène Farmer a annoncé quasi-simultanément la sortie en maxi vinyle collector d’une collection de remixes de… “Désobeissance”, nous perdant davantage dans les méandres d’une promo un peu larguée et concentrée sur l’événement scénique de l’U-Arena en juin prochain où 9 concerts sont déjà programmés. Si sa sortie est prévue le 3 mai au format maxi-CD mais surtout en vinyle 33 tours collector (en pré-commande dès maintenant), on ne sait pas grand chose des remixes sélectionnés. Ils seront au nombre de 4 et voici les heureux élus de cet exercice souvent casse-gueule : deux remixes seront signés Mico C (qui avait déjà œuvré par 2 fois pour Mylène Farmer, sur “Stolen Car” en 2015 et sur “Du temps” en 2011, et plutôt de bonne facture), un remix sous son nom et un autre avec son acolyte Julien, sous le nom de Swindlers, les deux autres remixes seront opérés par Lude et par Sylvain Armand. Chaque édition contiendra également la version originale et la version instrumentale, qu’affectionne toujours le public et que l’on ne trouve plus si souvent. De quoi accompagner les fans jusqu’au retour très attendu (et archi complet) de l’idole qui n’était pas montée sur scène depuis 2013.

Gregory Guyot

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