KEREN ANN

Sur les traces de Virginia Woolf…

le 15 mars prochain, paraitra « Bleue », le nouvel album très attendu de Keren Ann. Alors que la chanson « Bleu » a été lancée en radio début février, la chanteuse auteur-compositrice-productrice a réalisé le somptueux clip d’une autre chanson « Sous l’eau », au synopsis inspiré du destin tragique de Virginia Woolf…

« L’image de « sous l’eau » a été inspirée par le mot du départ de Virginia Wolf le 28 mars 1941,le jour où elle s’est laissée emporter par la rivière Ouse. Virginia Wolf a toujours su trouver la poésie même dans les pires tragédies. Avec cette vidéo je voulais illustrer le décalage entre la frénésie et la sérénité ultime qu’on ressent dans ses histoires juste avant un départ, une naissance ou une mort. ». C’est en ces mots si justes et si touchants, que la chanteuse d’origine israélienne explique la genèse de ce clip en noir et blanc, qu’elle a elle-même réalisé avec une maîtrise inattendue et une délicatesse remarquable.

Annonciateur de la qualité de l’album « Bleue », son huitième après « You’re Gonna Get Love » en 2016 et le premier en français depuis « Nolita » paru en 2004, « Sous l’eau » lui vaut déjà des éloges de toutes parts, tant il permet de renouer avec l’essence même de ce qu’on aime chez elle depuis toujours : cette façon de poser sa voix lumineuse, hypnotique et bouleversante sur un piano, enveloppé de cordes, avec simplicité et grâce, pour finir par nous toucher durablement en plein coeur. La seule phrase « Il me tue cet amour », extraite de « Sous l’eau », finit par tourner en boucle dans nos têtes, pour nous envahir et nous obséder jusqu’à la noyade, sous les torrents d’eau salée de nos larmes. Rien que pour ça, Keren Ann mérite définitivement sa filiation avec Françoise Hardy, à laquelle on la compare si souvent, et devenue son amie : « Elle est aussi importante que Dylan, Springsteen, ou Leonard Cohen » dit-elle avec admiration.

Depuis ses débuts éclatants, l’énigmatique Keren Ann nous parle au fond de l’âme, et remue en nous le spleen enfoui et nos blessures les plus profondes, comme pour mieux ensuite les apaiser de ses mots rassurants empreints de force et de douceur à la fois. Si elle a choisi, à la façon d’un peintre, de colorer de bleu le ciel musical de son nouvel album, écrit, composé et réalisé par elle-même (à l’exception de deux titres co-signés avec son meilleur copain Doriand), le tout illustré d’images en noir et blanc de son amie la photographe Bouchra Jarrar, c’est pour la puissance et la précision de cette couleur, aux tonalités pourtant subtiles. Bref, une couleur à l’image de son travail. Quant au retour à la langue française délaissée depuis 15 ans, la grande voyageuse polyglotte qui s’est réinstallée à Paris depuis trois ans, s’en explique ainsi : « Beaucoup de registres sont possibles dans la langue française. Je la trouve très ouverte. Alors mes mots ne sont pas toujours ceux qu’il faudrait mais je l’accepte : après tout, c’est moi aussi, ces particularismes, c’est mon son ».

Bref, on brûle d’impatience d’avoir entre les mains et les oreilles ce « Bleue », enregistré dans son studio personnel à Paris, avec quelques échappées au studio Ferber, à Motorbass, et à New-York, sur lequel figure aussi un duo avec David Byrne (« Le goût d’inachevé »), et dont la simple lecture du tracklisting évocateur nous met déjà l’eau à la bouche et résonne comme la promesse de vagues d’émotions à venir…

Eric Chemouny

Tracklisting « Bleue » : Les jours heureux / Bleu / Le fleuve doux / Nager la nuit / Sous l’eau / Ton île prison  / Odessa Odyssée / Le goût d’inachevé (feat. David Byrne) / La mauvaise fortune  / Le goût était acide


Retrouvez JE SUIS MUSIQUE sur Instagram / Facebook  / Twitter /Deezer  /YouTube.

Laisser un commentaire