DISCORAMA #16
Promenons-nous dans les bacs…
édition JSM#16 . 16.02.19.
DISCORAMA, c’est notre panorama des sorties du moment ! Et on peut dire au regard de notre sélection que la création française se porte bien et que ce mois-ci est placé sous le signe des beaux voyages : les odyssées de Bensé et d’Emmanuel Moire, les images américanisantes de Bertrand Belin et de Lou Doillon, les soleils d’Enrico Macias, mais aussi les révélations Clea Vincent, et Loane, les nouvelles chansons de Clara Luciani, la pop rock de Radio Elvis et enfin Jacques Dutronc et Véronique Sanson. Un éclectisme réjouissant tant que la musique reste bonne ! Bonne écoute et belles découvertes… C’est parti !

LOU DOILLON
« Soliloquy »
(Barclay / Universal)
Après un premier album très remarqué en 2012, « Places » supervisé par l’ami Etienne Daho (lui ayant valu un double disque de platine et la Victoire de l’artiste féminine de l’année), suivi de « Lay Low » en 2015, album de la confirmation réalisé par le canadien Taylor Kirk, plutôt plaisant à défaut d’être aussi enthousiasmant, l’actrice Lou Doillon enfin définitivement reconnue comme chanteuse, revient avec un troisième opus, « Soliloquy ». Décidée à passer la vitesse supérieure, à se remettre en question, et à sortir de la zone de confort un peu Folk et doucement cotonneuse qui avait fait sa griffe et son charme jusqu’ici, elle s’est entourée de Benjamin Lebeau (moitié de The Shoes) pour 4 titres, de Dan Levy (The DØ) pour 3 autres, et enfin de Nicolas Subréchicot, qui l’accompagne notamment aux claviers sur scène, pour le reste de l’album, quand elle ne s’est pas essayée elle-même à la réalisation. Au programme de ce disque, trouvant pourtant une unité et une cohérence indéniables, en dépit de ces trois différents intervenants, une collection de chansons écrites en tournée, dans sa chambre d’hôtel ou en tour bus, histoire de combler l’ennui et d’exprimer surtout une envie urgente d’extérioriser la douce violence contenue en elle, comme autant de zones d’ombres jusqu’ici restées inexplorées dans son jeune répertoire. Plus chaleureuses, organiques et animales que d’ordinaire dans leur facture, les nouvelles chansons produites par Benjamin Lebeau laissent place à des guitares post-punk et autres puissants sons industriels (« Burn »), de somptueuses cordes entrelacées de riffs de guitares déchainées (« Brother »), venant miraculeusement exhaler les autres mélodies, certaines plus enjôleuses sur fond de synthés (« All These Nights », « Nothings »), d’autres plus baroques et exubérantes (la marche guerrière « Widows »), voire introspectives et lancinantes (« Soliloquy », soliloque, en Français qui donne son joli titre à l’ensemble). Sans oublier le magnifique et lumineux duo avec Chan Marshall (Cat Power), « It’s You », enregistré à distance entre Paris et Miami. Au final, et au-delà de la richesse d’inspiration de l’auteure-compositrice, ce « Soliloquoy », loin d’être un disque puzzle, fait preuve d’une fluidité et d’une percutante force de conviction émanant de la voix grave, assurée, sombre et terriblement envoûtante de Lou. C’est avant tout grâce à ce pouvoir de séduction magique, que la belle devrait prochainement nous faire partager sur scène ses monologues intérieurs, à partir du 1er avril et à l’Olympia le 16 mai.
Eric Chemouny

EMMANUEL MOIRE
« Odyssée »
(Mercury / Universal)
Décidément, le thème de l’Odyssée est dans l’air du temps, puisque l’ouvrage mythologique semble avoir inspiré concomitamment Keren Ann, Bensé et Emmanuel Moire. Au-delà de ce hasard des inspirations, et après avoir courageusement tenté de porter les couleurs de la France à l’Eurovision en mai prochain à Tel Aviv, avec la chanson « Le promesse », un hymne à l’authenticité et à la liberté d’aimer et d’être soi-même, Emmanuel Moire nous livre un cinquième album, composé de 13 nouvelles chansons, pour beaucoup en forme de confession intime. Après « Le chemin » (2013), portrait d’un homme meurtri par le deuil et les épreuves de la vie, suivi de « La rencontre » (2015), disque de la reconstruction, c’est à nouveau un artiste sincère et authentique par excellence, qui se présente à nous et nous dévoile aussi sincèrement que possible l’homme qu’il est aujourd’hui. Ayant pris les rênes de l’écriture de ses chansons, et sur des mélodies d’obédience assez classique dans le registre d’une variété Pop matinée d’Electro, calibrée pour plaire à un public populaire mais exigeant, c’est en nouvel homme, loyal et transparent, irréversiblement tourné vers la lumière, qu’il a choisi de se présenter à ses nombreux fans. Tel un héros du quotidien, le chanteur musicien formé au Conservatoire du Mans et au Studio des Variétés à Paris, avant d’apprendre son métier à la dure école de la comédie musicale (« Le Roi Soleil », « Cabaret »), a articulé son autoportrait musical autour de trois titres structurants de son cheminement artistique et humain : « L’épreuve », « La quête » et « Mon Odyssée ». Entre ces trois pivots, viennent se glisser des chansons toutes aussi convaincantes, à la production soignée et mettant en valeur sa voix souple et enveloppante : à commencer par le « Le grand saut », qui ouvre l’album et se réfère à son coming out, suivi du simple et touchant « Et si on parlait d’amour », traçant le sillon de « La promesse », celle qu’il s’est faite à lui-même de se rester fidèle, chanson plus que salutaire par les temps qui courent. Se distinguent avec autant de force et de vérité, « La femme au milieu », portrait émouvant de sa grand-mère dont il est allé réveiller le souvenir en replongeant dans son enfance, interprétée ici au piano d’une voix au bord des larmes, ou encore « Des mots à offrir », autre superbe ballade sur un texte signé du rare Jean-Jacques Goldman. Au final, c’est un disque à son image, d’une grande douceur et apaisé, que l’homme féru de lectures spirituelles et philosophiques sur la connaissance de soi nous livre… Si bien que ces nouvelles chansons, à l’instar de « Qui tu es », « Le héros », « La quête » ou « Le bienveillant », sont autant de chansons-miroirs qu’il nous tend avec beaucoup d’empathie et d’humanité.
Eric Chemouny

BENSE
“L’Odyssée”
(Label DIYORDIE)
Ferme les yeux et laisse aller… Ainsi doit s’écouter le nouvel album de Bensé, pour en recevoir le flot d’images et d’émotions qui accompagnent chaque note, chaque son, chaque mot et vivre une odyssée épique et puissante. Ainsi, ces quelques notes de musique qui ondulent sur une guitare comme le doux mouvement d’une mer calme, caressée par les rayons du soleil, introduisent l’album et son titre éponyme… et puis, “Laisse aller” qui pénètre la tête, accompagné de sa mélodie down tempo électronique envoûtante et c’est parti : 10 titres, 10 œuvres, 10 îles en soi, conquises et conquérantes, 10 voyages presque sans retour.
Sorti en fin d’année dernière, le 7 décembre, on a déjà beaucoup lu sur le lettré Bensé, sur les vents des hommes de lettres et d’esprit qui soufflent dans les voiles de ce voyage exigeant que propose cet album absolument parfait. On a moins lorgné cependant sur la musicalité parfaite et l’exigence des sons qui ambiancent chaque chanson traçant le périple pas si lisse de cet album voyageur.
Bensé, qui a tout fait, tout peaufiné, tout exigé sur ce nouvel opus, gouverne en toute liberté sur l’océan créatif et infini de cette odyssée bouleversante, transcendé par le génie textuel et musical qui achève de cristalliser ce voyage immobile où l’émotion pointe comme une terre nouvelle à chaque point de passage mélodique qui donne l’impression que mille chansons en habitent une seule. Si il y a du Camus, de Montaigne, du Nietzsche, du tout ce qu’on pu lire jusqu’à présent et qui prouve s’il était encore nécessaire que Bensé est un grand auteur (il a au passage signé dernièrement 2 magnifiques chansons qui ont contribué à l’envol de Pomme) , il y a aussi les influences sonores d’aînés prestigieux et osons les comparaisons (qu’il ne copie pas pour autant): Jean-Michel Jarre grande époque (“Tomber” écrit par son frère Jil… is lucky, “Les Météores”) , Dominique A dans toute sa poésie vocale (“La Vérité”) , Léo Férré en conteur engagé (“Poggio”), Christophe lyrique et olympien (“Des noeuds, de la soie et du vent”) : il y a de tous ces musiciens- explorateurs qui ont découvert leurs propres mondes comme ici et aujourd’hui Bensé, révélé au sien.
Car, malgré ces rapprochements artistiques sans doute osés, le chanteur, qui a déjà publié plusieurs albums dont “L’amour et le haine” (qui explorait la chanson de ses aînés avec des reprises aux sons plus rock), existe bel et bien et grandit au fil des plages qui se succèdent : il bouleverse souvent comme sur “La vérité”, “Les météores” ou “Les Mathématiques” ; il excelle toujours, pour atteindre son apogée sur un sublime “Palo Alto” (au final injustement brutal pourtant) qui prendra sans aucun doute toute son ampleur sur les scènes qu’il s’apprête à accoster.
A l’arrivée, “L’odyssée” s’écoute comme un voyage aux amarres larguées du quotidien par nos yeux fermés, faisant vagabonder des images homériques et divines, dessinant l’histoire d’un marin d’audace, d’un explorateur en recherche de la perfection qu’il aurait enfin trouvée. Cette “Odyssée” se laissera conter encore longtemps pour qui sait écouter.
Grégory Guyot.
Bensé sera en concert le 9 avril au Café de la Danse.

BERTRAND BELIN
« Persona »
(CINQ 7 / WAGRAM)
Depuis 2005, quand sort son premier album éponyme, et deux ans après un premier EP, Bertrand Belin pose d’emblée sur microsillons un phrasé unique, une prose singulière, une musicalité nonchalante et pointue, comme une exigeante évidence. Véritable ovni dans le paysage musical français, il a une gueule, une voix, une élégance qui ne laissent ni indemne ni indifférent et l’allure d’un cowboy fringuant, d’un aventurier solitaire, que l’on le croirait tout droit sorti d’un roadmovie américain. Un roadmovie bizarre où le temps se serait suspendu à sa voix rauque et pénétrante, à son phrasé à contre-temps déroutant, à ses mélodies rythmées par leur propre pouls. C’est le cas de ses 5 albums et c’est encore plus flagrant sur ce 6è opus, « Persona », peut être le plus abouti, sorti en même temps qu’un roman, son 3è, « Grands Carnivores » et qu’un film « Ma vie sans James Dean » dans lequel il fait l’acteur et dont il signe la B.O. Rien que ça! Car oui, Bertrand Belin est un touche-à-tout talentueux et audacieux, entre baroudeur du Grand Ouest et des beaux espaces, et homme de lettres et de sons dans des endroits plus confinés.
Et « Persona » est sans doute le mélange de toutes ses facettes, le dédoublement de portraits singuliers, la multiplication de son propre espace temps, tant et si bien que cet opus nous a renvoyé d’emblée les images d’un film de David Lynch, aussi inspiré et barré dans des contrées d’exigence artistique et de partis pris fragmentés : les notes, la voix, la scansion est fissurée, brisée pour mieux se recomposer, insufflant ce déferlement d’images épiques et sauvages, à la manière d’un « Lost Highway » ou encore, d’un « Inland Empire ». Le temps dans un temps, le monde dans un monde, le rythme de son propre rythme, au fil de mélodies maîtrisées par une collection de guitares aguerries.
Ainsi, chaque chanson vit dans un biotope absolument hypnotisant, éblouissant et apaisant à la fois, formant au fil des 13 plages cet élément incroyablement cohérent et dense. Influencé par les sons Rock’n’Roll de ses guitares, tantôt électriques, tantôt acoustiques qui donnent à l’ensemble cette couleur si “Lynchienne”, Bertrand Belin réussit un album transcendé par des images du Grand Ouest : des autoroutes (“Nuits Bleues”) à la Route 66 (“Grand Duc”), des motels (“De corps et d’esprit”), des visions surréalistes et colorées des nuits chaudes (« Bronze »), des fonds de bar (« Glissé redressé”) et des arrières de breaks à l’assaut des déserts, chevelure rockabilly au vent (“Sur le cul”) ou à la chaleur de la nuit (“L’Opéra”). On entreverrait même un peu de Chris Isaak sur “Sous les étoiles” (le chanteur de “Wicked Game” extrait de “Sailor & Lula” de Lynch justement). Et puis, l’album qui passe à la vitesse des nuages du Grand Canyon, se referme sur un intriguant morceau bicéphale, clôturant ce voyage par une mise en boîte bizarrement poétique (un peu de « Mullholland Drive » ?) : le très beau “En rang (Euclide)”. Ainsi, le chanteur breton nous embarque avec élégance dans propre espace, aux dimensions absolument déstabilisantes et bluffantes, et signe là une des premières belles surprises de 2019.
Grégory Guyot
En tournée à partir du 26 février et le 11 avril à l’Olympia.

RADIO ELVIS
« Ces Garçons là »
(Pias le Label)
Pour son deuxième album, après avoir été récompensé par les Victoires en 2018, le trio parisien mené par son chanteur l’élégant Pierre Guénard, continue sur sa lancée avec un album Rock, chic urbain, un peu à la manière de ce que les Strokes distillaient il n’y a encore pas si longtemps. Les rythmiques nerveuses sur fond de synthétiseur sont toujours bien présentes.
Le groupe a néanmoins gagné en maturité mélodique avec cette fameuse science du “refrain qui tue” que l’on apprécie particulièrement sur « 23 minutes », « Ce qui nous fume » ou encore « New York »… De belles balades au piano agrémentent et viennent aussi équilibrer le tout : « Prière perdues », « Nocturama ».
Enfin, le groupe semble attacher une importance particulière à l’écriture de textes très personnels, leur conférant une dimension littéraire à la manière d’un Dominique A, ou plus récemment d’un Feu !Chatterton. Il y a pire comme références…
Guillaume Wessels
Radio Elvis sera en concert le 4 avril prochain au Trianon

LOANE
« Alone »
(Huit Heures Cinq / Kuroneko)
Après avoir collaboré avec la légende Christophe (« Boby ») et l’icône Lenny Kravitz (« Save Us ») sur son précédent album «Le lendemain » (2011), la belle et talentueuse Loane est de retour pour un opus qu’elle a conçu toute seule, simplement entourée de ses complices ingénieurs Ambroise Boret et Yann Arnaud. Si son premier essai (« Jamais seule », paru il y a dix ans déjà), s’écoutait comme la promesse d’un talent féminin à suivre pour sa singularité et la qualité de ses compositions Electro-Pop, ce troisième album de la confirmation, au titre jouant de l’anagramme amusant de son prénom, compte de jolies réussites : à commencer par l’entêtant « Normale », qu’elle chante avec un double imaginaire qui fait écho à ses interrogations introspectives, sur fond de claviers et de beats électroniques. On ne boude pas davantage son plaisir sur le lancinant titre d’ouverture « Etat limite », l’appel au secours « La folie » avec son refrain tout en doutes intérieurs, la très belle petite valse « Quelque part », chanson de rupture en forme de mea culpa, oscillant sur un fil fragile, entre espoir et mélancolie résignée, ou « Andréa » titre parlé-chanté dédié à sa fille, qui clôture superbement un album aussi risqué qu’abouti. De tempérament solitaire (elle est seule aux commandes de ses textes, son piano et ses machines), l’aventurière s’est néanmoins offert quelques invités de renom, pour la suivre dans ses voyages immobiles : le réalisateur Michel Gondry sur le duo « Ne m’oublie pas », Stephane Milochevitch (Thousand) co-auteur de « before Sunrise », Auden (co-arrangeur de ce dernier titre), ou la chanteuse Rose (co-auteur de « Partout »). Touchant de fragilité et de sincérité, empreint de bout en bout de la sensibilité à fleur de peau de la chanteuse à la voix fracturée de mille maux, cet « Alone » conçu entre Paris, New-York et Chicago, devrait séduire les amateurs d’une chanson française poétique et élégante, qui sait faire rimer qualité et modernité, renvoyant entre autres au meilleur d’une Emilie Simon.
Eric Chemouny

CLEA VINCENT
« Nuits sans sommeil »
(Midnight Special)
Depuis quelques temps déjà, et la sortie d’un premier album inaugural (« Retiens mon désir »), le nom de Cléa Vincent est sur toutes les lèvres, tant ses premières apparitions l’ont déjà érigée comme l’une des porte-drapeaux d’une Pop à la française, féminine, intelligente et acidulée, dans la descendance d’une France Gall période 60’s, ou d’une Lio des 80’s. Habillé d’une belle pochette invitant sans détours à la fête et aux nuits blanches, son nouvel album « Nuits sans sommeil », beaucoup plus abouti, tient ses promesses et confirme nos attentes concernant cette jeune femme, aux allures candides post-adolescentes, mais au caractère très affirmé et à la plume bien trempée. Sur des mélodies Electro-Pop tubesques en diable, faussement sucrées et optimistes, laissant entrevoir quelques échappées mélancoliques inattendues et forcément bienvenues, Cléa décline sur 11 titres radieux et avec déjà toute l’assurance d’une grande, ses préoccupations de fille d’aujourd’hui, de celles qui veulent tout, le sexe et les sentiments. Le tout, sur un ton toujours libre et décalé, dans un tourbillon permanent d’incertitudes propres à notre époque et à sa génération. Résolument moderne, pleine de fraicheur et d’insolence aussi, la jeune pianiste de formation signe ici quelques jolies partitions addictives à souhait et aux refrains bien troussés : outre les extraits « Nuits sans sommeil » et « Dans les strass » (résultat d’une fructueuse collaboration avec la Pirouette Vickie Chérie) déjà joliment clippés, d’autres titres tout aussi réussis comme « Sexe d’un garçon », « Maldonne » (en duo avec l’énigmatique Voyou, au sommaire de ce numéro), « Au phone », « Le soleil dans la mer », « I.R.L » sans oublier la reprise audacieuse de « Femme est la nuit » (Dalida), devraient faire les beaux jours (ou plutôt les belles nuits) de l’année musicale à venir. Elle sera à la Cigale le 9 avril !
Eric Chemouny

CLARA LUCIANI
« Sainte-Victoire » (réédition)
(Initial / UM)
Incontestablement, Clara Luciani est la découverte la plus enthousiasmante de ces derniers mois ! Et d’ailleurs, les dernières Victoires de la Musique ne s’y sont pas trompées en lui décernant la Victoire de la révélation scène de l’année, quand elle aurait tout aussi bien mérité celle de la révélation féminine, de l’album et de la chanson de l’année. Avec plus de 25 000 albums vendus de son « Sainte Victoire » (ce n’est qu’un début !), des concerts sold out, et auréolée du tube 2018, « La grenade », plus que jamais sur toutes les lèvres depuis que NRJ le joue sur ses ondes, sans oublier de nombreuses couvertures de magazines (Stylist, Grazia, Modzik, JSM…), la belle brune de Martigues nous propose à présent une nouvelle version de son album, habillée d’un visuel revisité de jaune soleil, mais surtout augmentée de 4 inédits : « Nue », « Mon ombre », « Bovary », et « Qu’est ce que t’es beau » en duo avec l’iconoclaste Katerine, lui aussi tombé sous le charme de l’élégante Clara. Autant de chansons pour certaines déjà expérimentées sur scène, qui confirment son talent et tout le bien qu’on pense d’elle, en attendant de la retrouver sur la scène où elle assure déjà comme une grande (par la taille, mais surtout le talent), avec toute la grâce et le professionnalisme qui la caractérisent, notamment le 12 avril (complet) et le 10 septembre prochain à l’Olympia. Fans de la première heure, nous ne manquerons pas ces rendez-vous avec celle qui incarne, comme personne, les valeurs et les goûts musicaux de JSM, Clara Luciani, la plus explosive « grenade » de la Pop française…
Eric Chemouny

ENRICO MACIAS
« Et Al Orchestra »
(Capitol / Universal Music)
Le week end du 10 février dernier, Enrico Macias fêtait ses 80 ans à l’Olympia, une salle à laquelle il est toujours resté fidèle, entouré de l’orchestre Al Orchestra, un luxueux et hyper talentueux collectif de musiciens franco-algériens, et deux invitées, la chanteuse de chaabi Meriem Belli et la voix d’or tunisienne Syrine Ben Moussa. Deux concerts sold out, devant un public en délire, l’obligeant à revenir en juin prochain mettre à nouveau le feu boulevard des Capucines. En attendant, c’est avec cette même formation que le chanteur a ré-enregistré dans de somptueux et sophistiqués arrangements, et sous la direction musicale de son fils, le multi-instrumentiste Jean-Claude Ghrenassia (également présent sur scène, au même titre que sa petite-fille Julia aux choeurs), 13 chansons plus ou moins connues de son répertoire, qui ont fait du pionnier en France de la musique arabo-andalouse, un véritable porte-parole pour les pied-noirs arrivés en France au début des années 60, mais aussi tous les immigrés d’Europe du Sud (Italiens, Espagnols, Portugais) qui sont restés fidèles depuis presque 60 ans à l’ex instituteur de Constantine. Guitariste émérite et incroyable crooner, Macias a toujours su allier avec élégance chansons festives fédératrices et ballades intimistes Folk sur le thème de l’exil et du déracinement, pour beaucoup devenues des hymnes à la paix, à la fraternité et à la tolérance : « Adieu mon pays » (ici en duo avec Kendj Girac qui pourrait bien être le plus digne hériter de l’artiste), « Les filles de mon pays », « Paris, tu m’as pris dans tes bras », « Aux talons de ses souliers », « La femme de mon ami », « Solenzara », « Les gens du Nord », ou «L’oriental » sont ici à découvrir ou redécouvrir sous de nouveaux habits de fête ! Mais il manque tant de tubes incontournables du généreux chanteur ayant fait les beaux jours des émissions des Carpentier, qu’il n’est pas interdit d’espérer un volume 2 avec « Le mendiant de l’amour », « Une fille à marier », « Enfants de tous pays », « La France de mon enfance », « Un berger vient de tomber », « Générosité », ou les plus récents « Oranges amères » et « La vie populaire », qui rencontrent toujours un aussi vif succès sur scène…
Eric Chemouny

JACQUES DUTRONC
« Fume !… c’est du Best »
(Columbia / SM)
Véritable légende vivante de la chanson et modèle pour toute une génération de jeunes chanteurs pratiquant la dérision et l’humour sur fond de Rock’n’Roll, la dernière apparition du chanteur Dutronc remonte à la tournée des Vieilles Canailles aux côtés de ses potes du square de la Trinité Johnny Hallyday et Eddy Mitchell. Ce « Best Of » au titre amusant, disponible sous forme d’un double CD et d’un triple vinyle, a donc des allures d’évènement, puisqu’il permet de retrouver l’artiste rare et discret, mais aussi et surtout parce qu’il recouvre pour la première fois l’intégralité de la carrière du chanteur au cigare et au look immuable de dandy derrière ses verres fumés, de ses débuts chez Vogue avec Jacques Lanzmann aux paroles, aux dernières années Columbia moins tubesques, mais tout aussi subversives. En 45 titres, de « Et moi, et moi, et moi », « Les play-boys », « Mini mini mini », « Les cactus », « J’aime les filles », « Il est cinq heures, Paris s’éveille », « Fais pas ci, fais pas ça », « L’hôtesse de l’air », « L’Arsène », « Le petit jardin », « Gentleman Cambrioleur » (chanson générique de la série culte de l’ORTF « Arsène Lupin »), « Le dragueur des supermarchés », « Merde in France », aux plus récents « Qui se soucie de nous », « Opium », « Tous les goûts sont dans ma nature », « madame l’existence », « Un jour, tu verras » (superbe reprise de Mouloudji), sans oublier « Puisque vous partez en voyage » (en duo avec son éternel double féminin Françoise Hardy, une reprise de Mireille et Jean Nohain), et à défaut de véritables inédits, ce sont 50 ans d’une chanson française plus moderne que jamais, et de haute voltige, qui défilent sous nos écouteurs… Bref, tout Dutronc ou presque, augurant peut-être d’un vrai retour à la chanson ? On peut rêver…
Eric Chemouny
VERONIQUE SANSON
« Bernard’s Song »
« On m’attend là-bas »
(maxi vinyles remixes)
(Warner Music)
Le début d’année 2019 était porteuse de bonnes nouvelles en provenance de notre chère Véro, après de sérieux soucis de santé, avec la reprise de la promo de son superbe album « Duos volatils », et la programmation de nouveaux concerts : elle fêtera notamment son anniversaire au Dôme Palais des Sports à Paris, le 24 avril prochain. Un bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, les fans de la blonde chanteuse peuvent de surcroit se délecter de deux nouvelles pièces de choix à leur collection, avec la parution isolée de deux jolis maxi vinyles, illustrés de photos de concerts issus de ses fameuses et productives « années américaines », contenant des remixes par des petits génies des dance-floors, la Funky French League, de chansons incontournables de sa discographie parfaite : « On m’attend là-bas » (1974) et « Bernard’s Song » (1977, dédiée à l’époque à Bernard Saint-Paul ). Rappelons que ces chansons sont issues des albums de légende « Le maudit » et « Hollywood », restés d’une modernité dingue et encore estampillés de l’étiquette « côté Ouest », Réalisés à partir des bandes multi-pistes historiques de l’époque, les titres revus et visités qui font le pont entre le son de la magic West Coast des années 70 et la Disco Funk Touch 2019, s’écoutent avec jubilation et témoignent – si besoin était – de la richesse mélodique inépuisable, du vaste et protéiforme répertoire de l’immense Sanson.