MICHAEL JACKSON
Un roi de France
Michael Jackson était, est et sera la roi incontesté de la Pop et de la musique, qui continue d’éblouir le monde entier. L’histoire qu’il entretenait avec chaque pays était très forte, mais certains pays le fascinaient et l’inspiraient encore plus que d’autres, en particulier la France. Ce mois de novembre sera un mois Jackson en prélude à celui de juin prochain, qui marquera les 10 ans déjà de sa disparition. Si JE SUIS MUSIQUE privilégie habituellement la francophonie, l’influence de l’idole planétaire et les événements français de ce mois nous ont néanmoins donné envie de vous parler des multiples ponts entre l’artiste et la France. Dans cette première partie, nous revenons sur le rapport de l’idole avec les arts et quelques un de ces français qui étaient en relation étroite avec lui : des auteurs, des photographes, des artistes qui, de ce roi du monde éternel, ont fait un roi aimé de France…
Michael Jackson, un roi au Grand Palais
Michael Jackson a toujours entretenu un rapport exacerbé avec les arts, collectionnant les beaux livres, les statues et les sculptures, les esquisses et les peintures, visitant les plus grands musées du monde lorsqu’il était en tournée. Et l’art le lui a bien rendu au fil des décennies. Pour preuve et témoignage, “Michael Jackson : On The Wall”, l’exposition exceptionnelle qui s’installe au Grand Palais jusqu’au 14 février 2019 et qui explore l’impact culturel de la personnalité et de l’oeuvre de Michael Jackson dans le champ de l’art contemporain des années 1980 à aujourd’hui.
Cette exposition ravira bien sûr les fans, mais aussi les plus aiguisés des amateurs d’art contemporain : on peut y admirer une quarantaine d’artistes de toutes les générations qui ont représenté le King of Pop dans des disciplines artistiques telles que la peinture, le dessin, la sculpture, la photographie, la vidéo ou la performance. Parmi ces œuvres, nous pourrons enfin admirer pour la première fois l’un des portraits que son ami Andy Wharhol avait réalisé à l’époque de “Thriller” pour la couverture du TIME en mars 1984 , l’album le plus vendu de tous les temps dans le monde. Ou encore le travail de David Lachappelle, dont l’oeuvre a été choisie comme affiche de l’exposition ou les montages de Todd Gray, le photographe qui l’a suivi partout à la fin des années 70 jusqu’à l’explosion de “Thriller” (ndlr: son livre de photos “Before He was King” est une référence pour les fans.)
Cette exposition tente de questionner l’ampleur et les raisons de l’impact de son oeuvre dans la culture actuelle, cherchant à savoir pourquoi et comment l’artiste continue d’avoir une influence sur les nouvelles générations d’artistes et les fans dans différents lieux du monde. Elle a la mérite de considérer la superstar éternelle sous un nouvel angle artistique, enfin intelligible et intéressant, montrant à quel point ce génie était bien autre chose qu’un chanteur, qu’une idole, qu’un artiste américain, et qu’il embrasse dans toute ses facettes la France comme le monde entier. Michael Jackson, au travers de cette expression artistique est l’humain universel. Pour autant il entretenait avec ses pays fétiche une relation très intime. Parmi ces pays, la France. Voici quelques points de repères d’un Roi, prophète en notre pays.
Michael Jackson , un roi au pays des livres
En marge de cette exposition événement, Michael Jackson est aussi le sujet de plusieurs 5 livres qui sortent simultanément cet automne, avant un raz-de-marée attendu pour les 10 ans de sa disparition en juin prochain et déjà planifié par les maisons d’édition.
Parmi ces sorties : deux encyclopédies discographiques toutes les deux remarquables, bourrées d’anecdotes et magnifiquement illustrées et documentées:
La première, “L’intégrale”, est signée Riad Bettouche et Benoit Cachin, lequel a consacré des ouvrages de référence à des icônes comme Mylène Farmer, Sylvie Vartan, Michel Polnareff ou Etienne Daho. Elle offre au néophyte un premier contact avec l’ensemble de l’oeuvre de Michael Jackson, accompagné de photos emblématiques de la star.
La seconde intitulée “La totale”, plus monumentale encore, et franchement plébiscitée par les fans , est signée de deux des plus grands spécialistes français du roi de la Pop : François Allard et Richard Lecocq (qui avait déjà sorti en 2011, disons-le, la meilleure biographie de l’idole à lire absolument : “King”) qui ont minutieusement réunis dans un beau pavé tout ce que l’on doit savoir sur chaque titre et sur les shorts films du chanteur.
Au même moment, un autre livre, plus anecdotique mais aussi intéressant sort: “Icônes et instincts”, l’autobiographie de Vince Paterson. A part les fans, cet inconnu du grand public est pourtant l’un des plus grands chorégraphes du monde de la pop (dont celui de Madonna, entre autres) et principalement de Michael Jackson. Le livre fait la part belle à la star au travail, parmi beaucoup d’anecdotes racontées au fil de ses nombreuses collaborations, bien que la traduction française soit parfois approximative.
Et enfin, notons aussi “The Legend”, un très beau livre de photos du King of Pop signé par Thomas Macri, avant tout danseur et fan absolu de la star.
Michael Jackson, un roi qui aime les artistes français
Au cours de sa vie, Michael a entretenu des relations particulières avec beaucoup de français (l’un de ses plus fidèles garde du corps, Yannick, était français par exemple). Du côté des artistes, voici quelques uns des français que Michael aimait beaucoup :
Arno Bani
Quand Michael découvre son travail dans le supplément magazine du “Sunday Times”, il demande tout de suite à rencontrer Arno Bani, qui a alors 23 ans, et lui demande de réaliser la pochette de “Invincible” : les deux hommes shootent plusieurs séries de photos mettant en scène un Michael totalement inédit dans les Studios Duran Duboi à Issy les Moulineaux en juillet 1999. Ces photos seront rejetées par Sony Music (comme l’avait été déja en 1987 le portrait de Greg Gorman en 1987 pour l’album “Bad”) et resteront enfermées dans les coffres de la maison de disques qui en détient les droits pour 10 ans, jusqu’en juillet 2009. Hasard des calendriers, les photos, presque oubliées par Sony Music, sont retournées au photographe quelques jours après la disparition de Michael appliquant stricto-sensu le contrat. Arno Bani décide alors de les vendre aux enchères à Paris, et souhaite des prix de mise abordables, destinées surtout aux fans. A défaut d’en faire l’acquisition, ils peuvent toutes les retrouver dans un catalogue somptueux, dont une édition limitée à … 2009 exemplaires a été imprimée dans un luxueux coffret incluant 4 tirages originaux.
Christophe Boulmé
Il est l’un des photographes français qui a le plus photographié la star, photographe principal de Sheila aussi et entre autres, Christophe Boulmé a été le directeur artistique du magazine français exclusivement dédiée à Michael, “Black or White”, crée en 1991, référence absolue de l’univers Jackson. Michael appréciait beaucoup son travail et ses montages photographiques ainsi que Laurent Hopman et Julien Derain qui créait sous la bienveillance de la star ce magazine trimestriel. Ayant gagné sa confiance, Michael confie à Christophe la réalisation de l’affiche de “Ghost” (présenté à Cannes en 1997) et met en lumière son travail autour de “Michael et l’Egypte” et de ses clichés live sur le Dangerous Tour devenus iconiques. Michael l’invite sur le tournage de “Stranger in Moscow” pour réaliser des clichés exceptionnels de la star.
Pierre & Gilles
Voila l’un des rendez-vous raté de Michael, au début des années 90, qui tombe un jour sur le travail de Pierre et Gilles et les appelle immédiatement, en personne, par téléphone pour leur demander l’impossible : un livre entier de photos de lui par le couple iconique de la photographie. Ses exigences et surtout le manque de temps pour honorer la demande du chanteur feront capoter le projet car bien que fans (ndlr: Pierre et Gilles ont plusieurs objets exposés chez eux liés à Michael), c’est à grand regret qu’ils lui diront non. Au printemps dernier, dans le cadre de leur exposition “Le temps imaginaire” à la Galerie Templon, Pierre et Gilles ont présenté une oeuvre dédiée à Michael Jackson intitulée “Loving you (Hommage to Michael Jackson)” .
le Mime Marceau
Le Mime Marceau est un homme à part dans la vie de Michael : a l’instar d’un Fred Astair ou d’un Charlie Chaplin dont il adore et s’inspire de leur gestuelle, Michael Jackson voue une admiration au Mime Marceau et à qui il doit l’idée du Moonwalk. Il le rencontre plusieurs fois, en fait l’invité d’honneur de son concert privé qui devait être diffusé sur HBO : “One Night Only” en décembre 1995 (le projet n’aura jamais lieu, dû à la santé défaillante du chanteur qui viendra se reposer… à Disneyland Paris) . Le Mime sera aussi l’invité surprise du Musée Grévin en avril 1997 quand la star vient inaugurer sa statue en personne. Il disparaît le 22 septembre 2007.
Christine “Coco” Decroix
Pendant longtemps, les fans se demanderont qui est la mystérieuse Christine “Coco” Decroix remerciée sur l’album “Bad” (ndlr: pour l’anecdote, Henri Salvador est aussi remercié!) et il faut regarder du côté de Quincy Jones, son producteur pour avoir la réponse. Amie de Mister Q, Coco tient une place à part dans la carrière de Michael Jackson, moins dans sa vie personnelle. Traduction libre du premier single de “BAD”, “I just can’t stop loving you” sorti en 1987, la chanson restera officiellement inédite jusqu’en 2012 quand sort la réédition des 25 ans de “Bad” où elle se retrouve en bonus. Coco, que l’on disait morte d’un cancer (sic!) ne l’était pas du tout, ayant notamment participé à la série des “Real Housewifes de Hollywood”. Si la chanson ne s’inscrit pas parmi les plus grandes réussites artistiques de la star, elle est la seule tentative de Michael avec la pratique de notre langue.
Michael Jackson, un roi à l’Olympia
On ne le sait pas forcément mais Michael Jackson, bien qu’il soit venu plusieurs fois à Paris, a chanté à l’Olympia, une seule et unique fois. On est en novembre 1972, les Jackson 5 , megastars aux Etats Unis en quelques mois, alignant tubes sur tubes depuis “I want you back”, partent conquérir le monde et donnent à cette occasion leur premier concert en France dans la salle mythique de Bruno Coquatrix. A l’époque, un passage à l’Olympia est une consécration pour celui qui s’y produit. Le groupe en profitera pour jouer les touristes dans Paris, notamment au pied de la tour Eiffel.
Michael Jackson, un roi à la télévision française
La plus grande sensation télévisuelle du public français avec Michael Jackson (et l’un des plus grands moments de l’histoire de la télévision française) restera sans aucun doute ce 2 décembre 1983 quand la France découvre une partie du clip de “Thriller” (la seconde quand il chante à la sortie du cinéma) dans “Champs Elysées présenté par Michel Drucker, un an jour pour jour après la sortie en France de l’album de tous les records, bien que la star ne soit pas sur le plateau. (l’intégralité des 14 minutes du clip sera diffusé la semaine suivante en ouverture des “Enfants du Rock” en seconde partie de soirée).
Et si l’on excepte son message spécial aux français aux NRJ MUSIC AWARDS, en janvier 2008, enregistré depuis Las Vegas en guise de mot d’absence alors qu’il devait se rendre à la cérémonie cannoise, Michael Jackson n’aura mis les pieds qu’une seule fois sur un plateau de télévision française…
… et pas n’importe laquelle! Le 30 mai 1977, les Jacksons, qui ont quitté la Motown pour CBS Records (Sony Music) sont les invités de l’émission télévisée culte de l’époque, le rendez-vous variété incontournable de la France entière : “Numéro Un”, l’émission des mythiques Maritie et Gilbert Carpentier, consacrée ce soir là à Joe Dassin qui les présente dans un décor rococo façon “Croisière d’amuse”, entre Dave et Carlos. Les Jacksons y interprètent “Keep On Dancing”. L’enregistrement a lieu dans les studios des Buttes Chaumont (aujourd’hui fermés). Les frères en profitent pour se balader presque incognito dans le 19è arrondissement où ils feront une halte improbable au bar “Le Rendez vous des Alouettes”.
A suivre… Dans le prochain numéro de JE SUIS MUSIQUE, vous retrouverez “le Tour de France de Michael Jackson”, la suite de notre reportage consacré au rapport de Michael Jackson avec la France.
Gregory GUYOT
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crédit photos & oeuvres: Photo page Gauche : Matthew Rolston (1985), détail de la couverture du numéro spécial “Beaux Arts” / Photos affiche exposition “Michael Jackson : On the wall” et oeuvres / cover livres (D.R./editions) + album, poster et singles (D.R./Sony Music) / “Loving You” par Pierre et Gilles (D.R.) / Photo “Le Mime” N°57 par Arno Bani : collection personnelle Gregory Guyot (D.R./JSM) / Photos Arno Bani par Gregory Guyot (D.R./ @I_am_Gregg/ JSM)/ Photo “Thriller” N&B : Gregory Guyot (D.R./@I_am_Gregg / JSM) / Divers Photos DR
MICHAEL JACKSON, ON THE WALL
Au Grand Palais, du 23 novembre au 14 février 2019. Horaires de l’exposition: Lundi, jeudi, vendredi, samedi et dimanche de 10h à 20h, Mercredi de 10h à 22h. Fermeture hebdomadaire le mardi. Fermeture à 18h les 24 et 31 décembre 2018. Fermeture anticipée à 19h le 23 novembre 2018.
En parallèle,
- Le 28 Novembre à 18h30, présentation de l’exposition par Vanessa Desclaux, commissaire associée pour l’exposition au Grand Palais.
- Le Dimanche 9 décembre à 15h, Sonarium: « Inspiration Michael Jackson ». Immersion dans une œuvre musicale. Écoute d’un album dans son intégralité en son haute-fi délité. Présentation et discussion animées par l’artiste invité. (Programmation en cours. Une formule brunch est proposée à l’espace restauration de 11h30 à 15h30).
- Le Mercredi 16 janvier à 18h30, conférence par Isabelle Petitjean, docteure ès Musicologie, musiques actuelles, Sorbonne Université.
- Le Mercredi 23 janvier à 18h30, conférence par Sophie Orlando, historienne de l’art, professeure de théories de l’art, Villa Arson.
- Le Mercredi 30 janvier à 18h30, conférence par Annabelle Ténèze, directrice générale des Abattoirs et du Frac Midi-Pyrénées.
- Le Jeudi 31 janvier à 19h, Salle MK2 du Grand Palais, Face au présent : Michael Jackson, un modèle pour les artistes aujourd’hui ? Projection du film Prince de Wojtek Doroszuk, avec Elohim “Prince” Ntsiete, 2014, 30’ suivie d’une discussion avec le réalisateur, Marie Canet, historienne de l’art, Ensba, Lyon, Valérie Belin, artiste, et Mehdi Derfoufi , docteur en études cinématographiques et chercheur associé en études postcoloniales et de genre à l’IRCAV, Université Paris 3 Sorbonne-Nouvelle.
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