Les Francofolies de la Rochelle :
le feu d’artifice !
Du 11 au 14 juillet dernier, c’est un véritable feu d’artifice musical que nous offrait la 34ème édition des Francofolies de La Rochelle. Alors que le pays tout entier s’apprêtait à remporter la Coupe du monde de football, 150.000 festivaliers ont vibré au terme de 5 jours et de 140 heures de concerts donnés par 550 artistes et musiciens, aux couleurs d’une chanson bleu blanc rouge plus riche et diversifiée que jamais !
A la fois populaires et élégantes, fédératrices et curieuses de nouveaux talents, les Francofolies de la Rochelle 2018 sont restées fidèles à leur ambition et à leur ligne éditoriale de toujours. Réparties sur 14 lieux différents tous aussi magnifiques sous le soleil estival, diverses manifestations célébraient la chanson francophone et les musiques actuelles : bien entendu des concerts, mais aussi des expositions, notamment celle des magnifiques dessins de notre ami Albin de la Simone (cf. notre dossier dans ce numéro), des ateliers et conférences (dont celles animées par l’écrivain Eric Fottorino, autour de la production française, ayant accueilli notamment Aldebert, Ben Mazué, Bertrand Burgalat et Dani pour des débats passionnants), sans oublier les prestations souvent plus informelles de jeunes talents profitant d’une exposition sans précédent et de la présence de parisiens du “métier” pour se produire dans les cafés, restaurants et rues de la ville, en ce week-end très fréquenté de fête nationale.
Entre autres temps forts de cette édition exceptionnelle, on retiendra en guise d’ouverture de bal, le concert de Véronique Sanson, très en forme, venue escortée de sa famille de coeur et de sang, et rassemblant sur scène son fils Chris Stills, mais aussi son ex mari Stephen Stills, Alain Souchon, Vianney, Tryo, Jeanne Cherhal et Patrick Bruel, comme un avant-goût de son album à paraître “Duos Volatils” (cf notre reportage dans ce numéro).
Elle était précédée ce soir-là de Raphaël, venu tout simplement chanter quelques chansons très aériennes de son répertoire (dont les tubes “Sur la route”, “Caravane”…), et suivie de Calogero, tout en nervosité et en énergie, et remportant un vif succès auprès d’un public rassemblé autour de ses très nombreux succès efficaces et fédérateurs (“En apesanteur”, “Je joue de la musique”…).
Sur cette même scène dénommée Jean-Louis Foulquier, historiquement installée sur l’esplanade Saint-Jean d’Acre, les jours suivants, et dans un autre registre moins traditionnel, Mc Solaar dont c’était le grand retour aux Francos NTM et s’offrant pour l’occasion un hommage au maître Gainsbourg, Orelsan, BigFlo et Oli (en interview dans ce numéro), Shaka Ponk, Jeanne Added et Jain, toutes deux venues tester les chansons de leur deuxième album respectif, auront rassemblé une foule toute aussi compacte et enthousiaste, démontrant la capacité du premier festival musical de France, à réunir toutes les générations. C’est là aussi, qu’on pouvait assister aux premiers pas d’Eddy de Pretto, de Loîc Nottet, Roméo Elvis ou encore Therapie Taxi…
Et le dimanche 15 juillet, pour la soirée de clôture, dans l’euphorie de la victoire de l’équipe de France, on pouvait assister après diffusion du match sur grand écran, à une soirée musicale en forme de triptyque de ce que la chanson française au féminin peut nous offrir de mieux : à commencer par Juliette Armanet, programmée en première partie de Benjamin Biolay l’an dernier, et dont on ne pouvait que mesurer l’incroyable chemin parcouru. Euphorisée par la victoire de l’équipe de France, c’est avec un immense drapeau tricolore que la chanteuse faisait son entrée sur scène, avant de chanter les succès de son premier album “Petite amie”, visiblement très populaires tant ils sont tous repris par le public.
L’immense Jane Birkin lui succédait en formule symphonique dans un recueillement quasi-religieux malgré l’immensité du lieu : l’émotion était à son comble, lorsqu’en signe de fierté nationale, la belle anglaise entonnait La Marseillaise, a cappela. Difficile de ne pas y voir un clin d’oeil à la version reggae de Serge, si contestée en son temps.
Enfin, le duo Brigitte très en forme dans leurs robes blanches estivales et sexy à souhait, ont fait danser la foule au son de “Bus Palladium”, “Sauver ma peau”, “Battez-vous” et autres hymnes féministes qui leur collent à la peau. Les deux sirènes se sont même autorisées également leur version de “La Marseillaise”… “Parce qu’on ne la chante jamais assez, non ?”, justifiait Aurélie…
Dans une configuration plus intimiste et chaleureuse, le grand théâtre de la Coursive accueillait cette année, Charlotte Gainsbourg, interprète féminine de l’année, toujours aussi sobre et parfaite dans le décor ultra moderne et référencé, tout en ombres et lumière, imaginé pour sa tournée “Rest”.
La belle et toujours très classieuse Clara Luciani faisait forte impression également avec les chansons parfaites de son album “Sainte-Victoire”. Au point qu’on ne serait étonné de la revoir sur la grande scène en 2019…
Pierre Lapointe y offrait également son concert conçu autour du sublime album “La science du coeur”, cerné d’un subtil décor composé de néons verticaux de toute beauté, habillé lui-même d’une veste turquoise très glitter glam, dans laquelle ces lumières bleutées venaient se refléter jusqu’à se fondre…
Toujours aussi populaire, on pouvait enfin y applaudir Nolwenn Leroy, superbe dans son costume rose métallisé, proposant un tour de chant autour de son dernier album “Gemme”, mais faisant tout de même une jolie place au répertoire celte qui lui colle à la peau depuis le succès de l’album “Bretonne”.
Julien Clerc, quant à lui, affichait complet avec son concert plus que parfait autour de ses 50 ans de chansons, que nous avions tant aimé l’hiver dernier à l’Olympia…
Dans le plus intime encore théâtre Verdière étaient programmés des artistes aussi éclectiques et débordants d’énergie, que la prometteuse Angèle, Gaël Faure très souriant et convaincant, l’Impératrice, l’iconoclaste québécoise Klô Pelgag, Arthur H avec le groupe Catastrophe en première partie, et la sympathique Hoshi, dont l’album ne cessait alors de grimper au top albums, grâce au succès exponentiel de son tube radio “La marinière”. De leur côté, sur la plus excentrée Scène du Port – Belle du Gabut, Suzane, Chevalrex, et surtout Hollydays (cf. notre questionnaire de Proust dans ce numéro) se présentaient au public rochelais avec beaucoup de conviction. Enfin la Salle Bleue, célébrait plus discrètement les retours de Nicolas Peyrac, Bill Deraime, Gilles Servat ou Fred Blondin, tandis que Aldebert y proposait ses “Enfantillages 3”, toujours aussi populaires auprès du jeune public, dans le cadre des Francos Juniors.
A noter également, que le fameux Chantier des Francos fêtait cette année ses 20 ans de découvertes, une initiative riche en promesses de grandes carrières à venir : Aloïse Sauvage, Voyou, Malik Djoudi, Mariscal, Shelmi, ou encore Hyacinthe, y côtoyaient d’autres découvertes passées comme Emilie Loizeau, François Atlas, Ben Mazué, Pomme ou Laurent Lamarca…
Bref, il sera difficile de proposer une 35ème édition édition plus riche et festoyante, du 10 au 14 juillet 2019, mais on fait confiance à la vivacité de la scène française et à l’équipe de programmation des Francos pour nous impressionner encore et toujours : quoiqu’il en soit, nous y serons !
Eric Chemouny
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crédit photo: Francos de la Rochelle organisation (D.R.) // mosaïque des 9 photos : Eric Chemouny (D.R./JSM)
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