DISCORAMA #12
Promenons-nous dans les bacs…
édition JSM#12 . 01.09.18.
DISCORAMA, c’est notre panorama des sorties de la rentrée qui annonce une belle fin d’année, à commencer par les albums de Zazie et de Mylène Farmer, suivies par Véronique Sanson qui gâte ses fans, par Cali qui chante Léo Ferré, par le second opus de l’année de Dominique A, par le nouvel album de Jeanne Added, par le coffret Nino Ferrer, la compil des Gens du Nord et la surprise ensoleillée de notre été : la prometteuse Gaumar . Bonne écoute et belles découvertes… C’est parti !
ZAZIE
« Essenciel »
(La Zizanie / 6 & 7)
C’est un des temps forts de cette rentrée : annoncé par l’excellent premier extrait « Speed », avec son crescendo diabolique et sur lequel elle s’adresse à son petit coeur désabusé, déjà suivi du plus guerrier « Waterloo » sur le thème du combat pour l’amour, voici enfin le 10ème album studio de Zazie. Dès la première écoute, force est d’admettre que l’auteure-compositrice et chanteuse est au meilleur de sa forme et de son inspiration, après deux derniers opus en demi-teintes et n’ayant pas rencontré le succès escompté. Plus connue par les plus jeunes comme coach de l’émission The Voice, une participation qui avait surpris ses fans les plus radicaux et fait couler beaucoup d’encre en son temps, cet « Essenciel » qui marque son passage de Mercury à l’écurie de son ex big boss Pascal Nègre, devrait donc lui permettre de reprendre la place de choix qu’elle occupait dans la chanson française à l’aube des années 2000. Loin de constituer un best of, comme son titre à double sens pourrait le laisser supposer, cet opus revient pour autant bien à l’essence même du talent de la belle Isabelle. A commencer par son audacieuse pochette, signée du fidèle Laurent Seroussi et dévoilant une plastique toujours aussi parfaite et un goût affirmé pour l’insolence et la liberté, quand bien même elle a passé en beauté le cap de la cinquantaine. Réalisé par sa partenaire de tournée, la talentueuse Edith Fambuena qui a co-composé la plupart des titres avec Alexis Anéville, à l’exception de rares autres conçus par Zazie elle-même ou Phil Baron, l’ensemble est – comme annoncé – à dominante Electro, mais compte également quelques jolies ballades introspectives et sensibles comme on les aime, à l’instar de « Nos âmes sont » chantée sur le fil du rasoir, ou « Veilleurs amis », petite valse rappelant « J’envoie valser », et évoquant la chance d’avoir pour amis des anges-gardiens. Côté textes, si elle ne peut s’empêcher de commettre quelques jeux de mots comme à son habitude, de ceux qui font sa griffe mais agacent aussi ses détracteurs (« Dire ce qu’on danse », véritable ode à la liberté, « Nos âmes sont », “On s’aima fort”, « Essenciel »…), l’auteure se distingue surtout par sa faculté à observer, scanner même, le monde qui l’entoure et ses contemporains avec justesse, ironie et sans concessions. Ainsi va-t-elle utiliser le vocabulaire canin pour évoquer la soumission de l’homme dans nos sociétés (« Va chercher »), dénoncer avec autodérision la difficulté d’être une fille dans un monde de diktats (« Patatras »), mettre en lumière les dérives des réseaux sociaux (« Ma story », un des meilleurs titres), ou encore se désoler de la paralysie qu’engendre la sur-information sur les menaces et les dangers d’un monde qui explose (« Garde la pose », avec ses couplets chuchotés, une idée géniale…). Enfin, cet « Essenciel », qui porte bien son nom, et de bien belle facture, s’achève majestueusement sur « La source », véritable hymne à la féminité, tout en poésie et en douceur. L’origine du monde, selon Zazie, en quelque sorte…
Eric Chemouny
sortie : le 7 septembre -N.B : existe en LP, CD et livre-disque collector
MYLENE FARMER
“N’oublie pas” (single en duo avec LP)
“Désobeissance'” (album)
(6 et 7 / Sony Music)
Décidément, Mylène Farmer sait manier l’art du mystère comme personne ! Après un premier single signé du DJ français Feder, “Rolling Stones”, ayant quelque peu dérouté ses fans purs et durs, la belle est revenue cet été en duo cette fois avec LP, le temps d’un single “N’oublie pas”, plus conforme à son style habituel et dont le clip marquait les retrouvailles avec son réalisateur/compositeur Laurent Boutonnat : certes, la chanteuse n’en est pas à son premier duo, de Murat à Sting, mais ce tandem féminin pourrait bien rajeunir son public, lui donner une image plus Rock, tout en lui ouvrant davantage encore le marché nord-américain où l’androgyne LP est véritablement une star. Mais surtout, c’est avec la superbe pochette de son nouvel album, “Désobéissance”, marquant un changement de maison de disques et dévoilée m-août, qu’elle attise désormais toutes les curiosités : renouant avec l’esthétique mi-romantique, mi-sulfureuse du 18ème siècle, de celle qui avait fait le succès de ses somptueux clips en forme de moyens métrages, de “Libertine” à “Pourvu qu’elles soient douces”, la star s’y dévoile sur une image ultra-léchée, signée Jean-Baptiste Mondino, très chargée en symboliques et renvoyant aux thèmes récurrents de son répertoire. Le track-listing des douze titres a beau avoir été révélé depuis, le mystère demeure entier quand aux collaborations (même si Feder devrait s’y tailler la part du lion) et quant à la couleur générale de l’album : il ne sera levé que le 28 septembre prochain, avec la sortie de ce “Désobéissance” très attendu, et disponible en multiples formats : édition collector CD livre grand format avec livret de 24 pages, édition limitée cover-sleeve avec livret de 20 pages, double vinyle gatefold et CD avec livret de 16 pages… Les fans seront gâtés.
Eric Chemouny
track listing : Rolling Stone ; Sentimentale ; Désobeïssance ; N’oublie pas ; Histoire de fesses ; Get Up Girl ; Prière ; Au lecteur ; Des larmes ; Parler d’avenir ; On a besoin d’y croire ; Retenir l’eau.
sortie : le 28 septembre
VERONIQUE SANSON
« Duos volatils » et Coffret « Essentiel en public »
(Columbia / Sony Music) § (Warner Music France)
Alors que l’on attend avec impatience chez Columbia-Sony Music son nouvel album collectif « Duos volatils », avec l’ami de toujours Alain Souchon (partenaire du nouvel extrait « Bahia »), mais aussi Christophe Maé (cf. « Besoin de personne », premier extrait en mai dernier), Vianney, Julien Doré, Patrick Bruel, Tryo, Zaz ou Jeanne Cherhal, un évènement discographique dont son concert unique aux dernières Francos de la Rochelle donnait un avant-goût très prometteur, son ex maison de disques historique Warner a eu la bonne idée de publier cet été un copieux coffret « Essentiel en public ». Illustré d’une jolie photo de Claude Gassian magnifiant une Sanson volcanique à son légendaire piano. Cette rétrospective de la blonde chanteuse propose, à prix très doux (moins de 40 euros), de revivre 11 concerts historiques en 11 CD dans leur pochette originale cartonnée et 2 DVD bonus : « Olympia 1975 » (disponible en vinyle depuis l’an dernier seulement), « Live at the Olympia », « Palais des Sports 1981 », « Olympia 1985 », « Olympia 1989 », « Symphonique Sanson » (enregistré au théâtre du Châtelet en 1989), « Zénith 1993 », «Comme ils l’imaginent » (son premier album de duos en Live, enregistré lors d’une « fête à… » aux Francos de la Rochelle, ici en CD et DVD), « Avec vous » (témoin de sa tournée, faisant suite à son album hommage à Michel Berger, « D’un papillon à une étoile »), « Olympia 2005 » (part 1 et part 2), et enfin « Les années américaines » (un DVD tourné en 2016). C’est l’occasion rêvée de retrouver, avec la même force, une voix et un vibrato qu’on affectionne tant, de réécouter avec le même bonheur ses innombrables et indémodables tubes dans divers habits de soirée (symphonique, acoustique, piano-voix, ou plus rock), et de revivre 40 ans de carrière scénique menée avec passion et maestria, par l’« indestructible »Véro.
Eric Chemouny
sortie de l’album : 23 novembre ; coffret : déjà sorti
CALI
« chante Léo Ferré »
(BMG)
Une chose est sûre, crise du disque oblige, la mode est aux albums de reprises… et le résultat est plus ou moins réussi et légitime. Après le demi-succès de son dernier album studio, Cali propose ici de revisiter le répertoire du monstre sacré Léo Ferré, disparu il y a tout juste 25 ans. L’entreprise était casse-gueule, mais autant le dire tout de go : l’ami Bruno s’en tire avec les honneurs. Sans grandiloquence et avec une humilité et une sobriété bienvenues, l’écorché vif de la chanson française a choisi de reprendre 16 titres de celui qui, de son propre aveu, l’a aidé à « traverser l’adolescence pétillante, devenir un homme, être un homme »… L’association est finalement loin d’être illogique au regard du parcours de Cali le révolté. C’est en tout cas l’occasion de redécouvrir la poésie sublime et visionnaire d’un artiste de génie, méconnu des plus jeunes, au fil d’un tracklisting mêlant de véritables tubes (« C’est extra », déjà repris par Pierre Lapointe dernièrement, « Les anarchistes », « Jolie môme » immortalisé par Juliette Gréco, « Avec le temps » dont la plus belle interprétation restera celle de Dalida…), et d’autres plus obscures ou politiquement engagées (« Ils ont voté », « les anarchistes », « Les étrangers », « Thank You Satan »…). Si Cali a eu la bonne idée de poser avec un chimpanzé sur la jolie pochette (l’animal de compagnie de Léo Ferré), il a également eu le bon goût de solliciter Steve Nieve, talentueux pianiste aperçu avec Mick Jagger, Lou Reed, Sting, Alain Chamfort, et grand fan de Ferré, mais aussi Francis Poggio à la guitare (cf. Etienne Daho, Lou Doillon…). L’ensemble réalisé par le jeune Félix Remy a été enregistré au studio Pigalle, là-même où Ferré a gravé ses premiers 78 tours, en cinq jours d’avril dernier, et en présence de Mathieu Ferré, fils de… Celui-ci a aussi accepté de lire le poème méconnu de son père « L’amour est dans l’escalier », sur une improvisation musicale de Nieve et Poggio. De même, Cali a eu l’honneur de recevoir la visite de sa femme Marie-Christine et de sa fille Marie-Cécile pendant l’enregistrement des chansons que Léo avait écrites pour elles, en guise d’ultime aval. Alors les puristes n’approuveront peut-être pas le parti-pris d’expérimenter de nouveaux arrangements comme dans une sorte de laboratoire musical, l’implication et la sincérité de Cali dans ce projet, qui pourrait bien lui permettre de revenir au premier plan, en font pourtant un des albums les plus réussis et attachants de cette rentrée.
Eric Chemouny
sortie : le 5 octobre – Cali sera en concert au théâtre Déjazet à Paris, le 16 novembre 2018 et en tournée entre octobre et décembre 2018.
JEANNE ADDED
« Radiate »
(Naïve / Believe)
Il n’y a pas de hasard… Trois ans après le succès de son superbe album « Be Sensational », Jeanne Added nous propose un deuxième opus dans la continuité du précédent, et dont chaque détail a été pensé, jusqu’à sa pochette aussi pure et immaculée que la précédente pouvait être sombre et tourmentée, même si la belle regarde toujours dans la même direction. Comme rassurée dans ses doutes et ses interrogations artistiques au terme de plus de 200 concerts, la chanteuse semble s’être épanouie et détendue comme le laisse entendre le visuel lumineux, mais aussi et surtout ses nouvelles compositions, moins tendues, froides et métalliques, chantées d’une voix plus proche de l’auditeur et plus organique : « J’avais envie de plus de voix, c’est à dire d’entendre ma voix telle que je la connais, de la faire entendre dans un spectre plus large » explique-t-elle. Produit par ses amis du temps où elle était élève du Conservatoire National Supérieur de Paris, Mark Kerr (du groupe Limousine) et Fréderic Soulard (ex batteur des Rita Mitsouko), l’album fait preuve d’une belle cohérence et d’une singularité qui font désormais la griffe d’une artiste aussi unique qu’étrange, dotée d’une forte personnalité qui s’exprime jusque dans son physique graphique et nerveux, identifiable entre mille avec sa frêle silhouette filiforme vêtue de noir, tranchant avec sa foisonnante crinière peroxydée. En dépit d’influences multiples, et de trouvailles futuristes servies par une interprétation fiévreuse et précise, un univers très personnel se dessine joliment et avec une densité remarquable, en seulement dix titres, de « Remake » à »Years Have Passed ». Aussi à l’aise sur scène qu’en studio, comme elle a pu le démontrer cet été de Fnac Live à La Rochelle, l’exigence, l’inventivité et le talent de Jeanne pourraient bien faire d’elle une des plus sérieuses « concurrentes » de Chris (ex Christine and The Queens) en cette rentrée musicale très riche et foisonnante.
Eric Chemouny
sortie : le 14 septembre
DOMINIQUE A
« La fragilité »
(Cinq 7 / Wagram)
Chose promise, chose due ! Dès la sortie l’hiver dernier de son album « Toute latitude » (que nous avions beaucoup aimé), Dominique A., annonçait qu’il s’agissait là du premier volet d’un double album : comme il est homme à tenir ses promesses, l’auteur compositeur qui fêtera bientôt joliment 30 ans d’une carrière faite de discrétion et d’exigence, nous en offre en quelque sorte la face B : « La fragilité », aussi acoustique et mélodique que son prédécesseur pouvait être électrique et orchestré de plages sourdes et rythmiques. A l’origine de cet album de l’intime, les retrouvailles avec sa vieille et fatiguée guitare acoustique, achetée à l’époque de l’album « La mémoire neuve ». C’est au contact de cette amie de longue date que sont nées les 12 chansons d’un album qui se veut tout en douceur, rondeur et simplicité. A ce titre, de « La poésie » qui ouvre cet opus, à « La fragilité » qui le clôture et lui donne son joli titre, en passant par d’autres belles réussites comme « J’avais oublié que tu m’aimais autant », « Le temps qui passe sans moi », « Beau rivage » ou « Le grand silence des campagnes », et « La clairière », tout renvoie ici à ce qu’on aime par-dessus tout chez Dominique A. et qui avait assuré le succès sans précédent de l’album « Eléor » : le choix de thèmes universels et traités avec une délicatesse et une poésie remarquables (l’enfance, la ruralité, l’histoire marquée par la guerre, la fuite du temps, les racines…), une interprétation remarquable de concision et de clarté, une évidence mélodique, mais surtout un regard unique, oscillant entre candeur quasi-enfantine et gravité, sur les hommes et les paysages, au travers de textes en forme d’ode à la beauté du monde et des choses qui l’entourent. A noter que l’album a été enregistré dans le confinement de son studio, sur une console huit pistes, et que la plupart des titres ont été conservés dans leur première prise, comme pour mieux retrouver une certaine forme d’innocence artistique, d’immédiateté et d’intimité. Signalons enfin, que « La poésie » a été écrite deux jours après la mort de Léonard Cohen. On ne pouvait espérer un plus pudique et émouvant hommage au grand chanteur et poète canadien : « la poésie s’en est allée, je la soupçonne d’être passée par chez toi, de s’être allongée dans ton lit, et d’avoir écouté la pluie, sur le toit… ». Tout simplement magnifique.
Eric Chemouny
sortie : le 5 octobre – Dominique A sera en tournée et en concert le 29 janvier 2019 à Paris, salle Pleyel.
« LES GENS DU NORD »
Divers Artistes
(Smart / Sony Music)
Décidément les gens du Nord ont la côte ! Depuis le succès de Dany Boon et des « Chtis » au cinéma, ils sont nombreux à s’être fait un nom en revendiquant leur « Norditude ». De là à célébrer en musique une Région d’exception réputée pour son accueil et la sympathie de ses habitants, en demandant à 24 artistes emblématiques de revisiter 15 chansons inoubliables, il n’y avait qu’un pas. A tout seigneur, tout honneur : c’est Dany Boon qui ouvre le bal en reprenant « Tout In Haut Deuch Terril », l’histoire poignante d’un mineur partant chaque été en camping, dans laquelle beaucoup de familles de mineurs de fond ne manqueront pas de se reconnaitre. L’autre icône du Nord, Line Renaud est venue apporter sa pierre à l’édifice en reprenant « Le plat pays » de Brel, même si l’original visait plutôt la Belgique natale du grand Jacques. On la retrouve également en duo avec Pierre Richard sur « Ker j’te Ker » en titre bonus. Entre autres reprises réjouissantes, on peut citer aussi Arno chantant « Quand la mer monte » de Raoul Godewarsvelde, Salvatore Adamo reprenant « Le petit quinquin », Alain Souchon et ses fils Charles et Pierre, entonnant avec bonne humeur « Perds pas le Nord » ou se promenant plus romantique sur « La côte d’Opale », alors qu’on retrouve la voix toujours aussi superbe de Maxime Le Forestier sur « Tu n’es qu’un employé », une chanson « sociale » à laquelle on comprend que le chanteur contestataire n’a pas pu rester insensible. Sans oublier le toujours poignant Enrico Macias, sur l’éternel hymne « Les gens du Nord », en duo avec Pauline. Dans un registre plus joyeux, on adore la reprise des « Tomates » par l’irrésistible Yolande Moreau, en compagnie de Franck Vandecasteele, entourés de Marcel et son orchestre. Enfin, l’atoût charme de cet album foisonnant et réussi, est assuré par cinq Miss du Nord, réunies autour du tube de Line Renaud, « Mademoiselle From Armentières » : Iris Mittenaere, superbe miss Univers 2016, Elodie Gossuin, Maeva Coucke, Camille Cerf et Rachel Legrain-Trapani, rivalisant toutes de beauté nordique. Bref, bien qu’inégal et un peu fourre-tout, cet album mérite de trouver son public, ne serait-ce que pour sa sincérité et sa générosité.
Eric Chemouny
NINO FERRER
« Et toujours en été »
coffret 3 CD édition limitée spécial 20ème anniversaire
(Barclay / Universal)
A l’occasion du 20ème anniversaire de la disparition de Nino Ferrer (il s’est donné la mort le 13 août 1998), Universal a vu les choses en grand ! Illustré d’un visuel très moderne et réussi, à l’image de l’artiste multi-facettes et avant-gardiste qu’il était, tout Nino Ferrer ou presque est rassemblé ici sous forme d’un digipack 3CD, en 4 volets et édition limitée. Passionné d’archéologie, de peinture, de gravure et de voyages, le chanteur découvert en 1965 juste après la vague yéyé détonne alors dans le paysage musical, à l’instar d’un Dutronc, avec son physique de jeune premier propre sur lui et des succès très rythmiques plein d’ironie et de second degré : « Mirza », « Les cornichons », « Je veux être noir », « Le téléfon », « Oh ! Hé ! Hein ! Bon ! », « Mao et Moa », « Mon copain Bismarck », « Je vends des robes »… Au début des années 70, il commence à explorer d’autres univers musicaux et à revendiquer des influences plus anglo-saxonnes. De sa rencontre avec Micky Finn (cf. Jimmy Page, T. Rex…) naitront des albums de rock progressif de qualité exceptionnelle, mais il faudra attendre 1975 pour qu’il renoue avec le succès, grâce au tube sans précédent « Le sud », escorté sur les plateaux TV et sur la pochette du disque de la belle Radiah, maman de Mia Frye. Le titre est encore sur toutes les lèvres, plus de 40 ans après. C’est ce parcours atypique et exemplaire d’un artiste hors normes que ce coffret propose de retracer (à l’exception des dernières années plus sombres et torturées), sous forme d’un joli triptyque : un premier CD regroupe tous ses succès, dont 4 versions alternatives. Un second CD permet de découvrir ses années 70 méconnues et sa plongée dans un Rock alternatif progressif qui n’a pas pris une ride. Enfin, le dernier volet comprend 23 titres (dont 3 inédits) de Ferrer, repris par des artistes du monde entier, attestant de son impact dans de nombreux pays et de son influence indéniable sur les générations qui ont suivi et s’en revendiquent encore : Rodolphe Burger, Nilda Fernandez, Sébastien Tellier, Arthur H, Arno, Stacey Kent, Manu Dibango, Daniel Darc, Morrissey, Lola Marsh, et même Dalida (« C’est irréparable », version française de « Un ano de amor »)…
Eric Chemouny
GAUMAR
EP “Yellow”
(Active Record)
La nouvelle génération n’a pas froid aux yeux et Gaumar a sorti le drapeau de la conquête. Pour elle, un drapeau jaune, fièrement levé qui marque le territoire d’un premier E.P. au vent de liberté et d’envie d’embrasser le monde entier. Suave, aux accents reggae et World Music, résolument joyeux, cet E.P. de 5 titres écrits par elle et produits par Théo Maxyme, est un concentré de good vibes, qui sent bon le soleil, à l’instar du premier extrait lumineux : “Yellow”, dont le clip réalisé par Paul Marques Duarte et Martin Laugery, avec Sacha Naceri (MC Solaar, Kungs, FKJ…) au steadycam, laissait déjà présager une grande maturité et une détermination qui forcent le respect: c’est même l’un des meilleurs clips français de l’année, osons le dire!
Car Gaumar, en distillant la bonne humeur au fil de ses mélodies, associant musiques urbaines, musiques du monde et pop culture, nourrit ses paroles de ce qui l’entoure : l’amour, la rue, la vie, les gens, bref un grand fourre tout urbain qui donne à cet E.P. une consistance qui augure le meilleur pour la suite. Car, en plus de ce premier single “Yellow”, les quatre autres titres sont tout aussi forts que cette petite bombe jaune : “Entre tes doigts” le nouveau single comme “Mon Amour” évoquent la relation amoureuse, “Sourire” plaisante sur les rabats-joie du métro parisien avec humour et “Les Gens” aux accents groove et funk finit d’imposer une voix de caractère.
Avec ce petit bijou couleur soleil, Gaumar, 22 ans, est la nouvelle venue sur la scène musicale, au tout début d’une carrière prometteuse. Il y a dans cet EP, de la jeunesse, de la sagesse, de la tendresse, et surtout le souffle doux de l’ambition d’une génération généreuse et libre. Et puis il y a surtout une authenticité revigorante, une envie de séduire le monde entier, de se faire une place, sans bousculer personne, juste méritée.
Elle a su créer autour d’elle un univers déjà très prolixe qui font éclater un vrai talent d’auteur mais aussi d’interprète, à l’instar de ses Gaumashup sur YouTube, tout en construisant intelligemment un début de carrière qui semble déjà maîtrisé . Après un été en tournée et en promo, un EP de remixes de “Yellow” plutôt très réussis lui aussi est sorti hier en attendant la suite. C’est notre coup de cœur du moment et définitivement une artiste à suivre et à écouter d’urgence.
Gregory Guyot
“SOUVENIRS D’ÉTÉ”
Compilation Deezer
(MCA / Universal)
C’est la première production du site français de streaming DEEZER et plutôt que d’aller dénicher des nouveaux talents et laisser ce savoir-faire aux labels musicaux établis, le site à choisi de faire appel à la crème de la nouvelle scène Pop française, laquelle a répondu “présente” avec comme feuille de route, la réinvention des grands tubes des étés de nos années 80. Sur le papier, on ne fait pas dans la nouveauté et l’exercice peut même sembler éculé, arrivant bien après cette mode de tout reprendre, après “Nouvelle Vague” et les compilations de Béatrice Ardisson, pour ne citer que les plus réussies. Et pourtant, à l’arrivée, on ne peut que s’incliner devant le niveau général très élevé du projet finalisé. Et là où dans ce type d’exercice, on a une inégalité qualitative des réinterprétations, force est de constater qu’ici, chaque titre et sans exception est abouti, réussi et inspiré. Pourquoi ? Parce que chaque artiste a réussi le quasi impossible : transformer la chanson choisie en une relecture musicale ultra moderne, bien d’aujourd’hui, sans jamais renier l’oeuvre originale, tout en l’amenant dans son propre univers, son propre style, et en conservant son identité forte. Propulsée tout d’abord sur Deezer, cette collection de (nouveaux) tubes de l’été voit aujourd’hui le jour en magasin, dans une édition spéciale FNAC, qui regroupe les 19 titres produits spécialement et exclusivement par le site.
Pour amorcer la promotion du projet (ndlr : sorti à la veille de la fête de la musique) Deezer avait choisi de mettre en avant Juliette Armanet qui “armanise” en douceur la gentille chanson de l’ex baby-star Mélody : “Y a pas que les grands qui rêvent” (écrite par Guy Carlier), donnant le ton général de ces “Souvenirs d’été”. Mais ce n’est pas la seule bonne surprise de cette compilation, tant chaque titre est jubilatoire. De “La Madrague” à la sauce Angèle, suave et sensuelle, à “Sous le soleil exactement” reliftée par Clara Luciani dont la voix grave et le son pop rock apportent au titre une toute autre modernité, du surprenant “Coup de Soleil” pointé par Foé dans une magnifique et bouleversante mise en abîme d’un astre en éclipse (une réussite audacieuse et stylisée), aux sons disco pop et sexy de Corine avec “Macumba”, ou encore à L’impératrice et son “Histoire d’un soir”, ces “Souvenirs d’été” composent un voyage éclectique éblouissant. A écouter sans modération, histoire de prolonger l’été, et même après…
Gregory Guyot.
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Bonne écoute, bonnes découvertes musicales…
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