FLORENT PAGNY
L’art du concept…
Un an seulement après son dernier album « Le présent d’abord », Florent Pagny a choisi de publier « Tout simplement », un album concept de reprises de chansons, reconstituant en quelque sorte le fil rouge de sa vie, et proposées en acoustique, dans leur plus simple appareil. C’est l’occasion de rappeler que le coach très cash de « The Voice » n’en est pas à son premier coup d’essai en matière de concept album : il fait même figure de pionnier, ayant exploré depuis presque 20 ans, et quasi-systématiquement entre deux albums de chansons originales, toutes les combinaisons du genre, avec plus ou moins de succès critique et commercial. JSM vous invite à ce flash-back discographique sur la carrière d’un monument de la chanson populaire…
1999 : RéCréation
Après le raz-de-marée de l’album « Savoir aimer », qui marque son réel retour en grâce après une première remise en lumière par Goldman (« Si tu veux m’essayer », « Bienvenue chez moi »), et à l’aube de l’an 2000, Florent enregistre un double-album de 17 titres du patrimoine de la variété française, revus à la sauce Electro : une façon de revenir à la source pour celui qui, enfant, faisait la fierté de ses parents en remportant des radio-crochets. Au générique de cet album de chansons, toutes créées après 1961, année de sa naissance (à l’exception de « Jolie môme » datant de 1960), on retrouve des standards de la variété de qualité (Gainsbourg, Clerc, Hallyday, Goldman, Bashung, Higelin, Jonasz, Daho, Manset, Balavoine, Delpech, Lavoine, Art Mengo…) et des légendes du Rock français (Trust, Téléphone). Le projet rencontre un demi-succès commercial mais conforte Pagny dans son image d’artiste inclassable et incontrôlable. Il permet surtout à ses fans de patienter jusqu’au suivant, « Châtelet-les-Halles »…
2001 : 2
A 40 ans, et histoire de surfer sur le formidable succès de « Châtelet-les-Halles » (écoulé à 800.000 exemplaires sans aucune promo), l’artiste désormais installé en Patagonie avec sa dulcinée Azucena, enregistre un « Best of » de son répertoire, augmenté de quelques standards, soit quinze titres au total, en duo avec des artistes dans l’air du temps, dont beaucoup issus de son label chez Universal Mercury. Isabelle Boulay, Souad Massi, David Hallyday, Marc Lavoine ou Axel Bauer font partie des heureux élus. Ils reprennent ses derniers tubes concoctés notamment par Obispo et Goldman, mais aussi des succès intemporels du répertoire francophone et international avec la même aisance : »La poupée qui fait non” (Michel Polnareff), “We Are The Champions” (Freddy Mercury et Queen), de “Mes emmerdes” (Charles Aznavour), “Pas de Boogie Woogie” (Eddy Mitchell). Force est de constater que depuis, le concept a été démultiplié par toutes les stars françaises et internationales en mal d’inspiration….
2004 : Baryton
Après le triomphe de l’album Ailleurs Land, propulsé par le controversé mais tubesque « Ma liberté de penser », Pagny s’offre le luxe d’un nouvel album concept, mais classique cette fois. Rassuré par le succès de sa reprise de « Caruso » de Lucio Dalla, et l’accueil du maître Pavarotti avec lequel il a chanté en duo sans se ridiculiser (« La dona e mobile ») , il s’offre un opus aux luxueuses orchestrations (70 cordes et 60 choristes sont ici dirigés par Yvan Cassar), et réunissant quelques uns des plus grands « tubes » de l’Opera (Puccini, Verdi…), habilement tressés avec 6 titres originaux entre variété et classique, dont un premier extrait “Io Le Canto Per Te” (composé par Calogero), mais aussi “Guide me Home” de Freddie Mercury ou encore « Maria » de « West Side Story », tous revisités avec majesté.
2007 : Pagny chante Brel
Définitivement installé dans sa position d’interprète reconnu et doté d’une voix exceptionnelle, Pagny peut enfin s’offrir le rêve d’enregistrer tout un album de reprises de Jacques Brel, sans que les gardiens du temple ne crient au scandale. On parle alors même de lui comme du plus digne héritier du « taulier », Johnny Hallyday auquel il s’est désormais régulièrement mesuré en duo amical. Illustré d’un sobre dessin et soutenu par France Televison, partenaire du projet, « Pagny chante Brel » mêle les grands succès du chanteur et poète torturé à des titres plus rares. Le tout, avec une application et une humilité à l’égard du Grand Jacques qui forcent le respect. Jusque là, Pagny ne nous avait pas habitués à tant de sobriété et le public y est fortement sensible…
2012 : Baryton – Gracias a la Vida
En 2012, au terme de presque 15 années d’exil choisi au sud de la Patagonie, dans un ranch avec femme et enfants, Pagny est quasiment devenu sud-américain à part entière. Il était naturel qu’il enregistre alors un nouvel album studio de chansons sud américaines à la sauce « Baryton », histoire aussi de surfer sur le succès de son album du même nom, écoulé à 800.000 exemplaires : conçu entre Paris, Miami et Londres, toujours sous la houlette du grand Yvan Cassar, il compte 11 chansons dont des reprises de Carlos Gardel (« El Dia Que Me Quieras » et « Volver »), Manu Chao (« Clandestino »), Luz Casal (« Piensa en Mi ») ou la grande Mercedes Sosa (« Gracias a La Vida », un titre sublime déjà repris par Maurane). Après L’hymne « La Soledad », « A La Huella, A La Huella », et « Quizas » complètent un disque en forme d’invitation au voyage, rythmé et sensuel.
2016 : Habana
Désormais installé à Miami, Florent Pagny rêve d’un album cubain : il la concrétise avec son ami Raúl Paz, un artiste hyper reconnu pour la qualité de ses compositions et respecté pour son parcours et sa solide formation classique.
Celui-ci écrit tous les titres et confie la réalisation au célèbre producteur colombien Julio Reyes Copello, complice des pop-stars latinos et auréolé de nombreux trophées (Latin Grammy Awards, Grammy Awards…). Entre tradition et modernité, Pagny apporte sa voix puissante aux solides compositions de Paz, et contre toute attente, l’alchimie fonctionne à merveille : en témoignent quelques réussites incontestables comme « Donde Va La Vida », « Viviré », « Volver A Cantar », « Encore », « Agua Salada » à « Voz de Bolero », sans oublier le tandem avec Raúl Paz dans « Donde Estan ». Véritable chanteur-caméléon, estampillé à tort d’artiste nonchalant en dépit de son extraordinaire productivité, Pagny est plus crédible que jamais dans ce nouveau registre et rencontre un vif succès populaire.
Eric Chemouny (*)
(*) Eric Chemouny est l’auteur de la première biographie officielle de Florent Pagny parue aux Editions Hors-Collection en 1999 (rééditée en augmentée en 2006), le concepteur-rédacteur de son premier site internet officiel pour Mercury-Universal, et l’auteur de deux chansons interprétées par Florent sur l’album “Châtelet-Les Halles”, sur des musiques de David Hallyday (“Les ombres”, “La légende de Carlos Gardel”).
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crédit photos: Fifou (D.R. / Universal Music) + pochettes albums originales (Universal Music)
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Maurane / Françoise Fabian / Sylvie Vartan / Charlotte Gainsbourg / Juliette Armanet / Kumisolo / Brigitte / Véronique Sanson / Florent Pagny / Pomme / Hoshi / Un soir aux 3 Baudets / Concertorama#10 : Julien Doré, Tim Dup, Eric Serra , Emily Loizeau / Discorama#10: Calogero, Charlotte Cardin, Mariscal, Coeur de Pirate, Pomme, Zazie, Arnold Turboust.
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