DISCORAMA #10
Promenons-nous dans les bacs…
édition JSM#10 . 02.06.18.
DISCORAMA, c’est notre panorama des sorties du moment : ce mois-ci, peu de sorties marquantes mais parmi elles, le nouvel album de Coeur de Pirate, le bel album de Mariscal, celui de l’autre québécoise Charlotte Cardin mais aussi l’EP de Pomme, et le nouveau tube de Zazie. Et sachez que votre collection de vinyles va s’agrandir, avec des rééditions de vinyles des albums historiques de Calogero qui sort l’artillerie lourde avec ses 6 premiers opus solo, et celui d’Arnold Turboust, un des albums majeurs des années 80 : “Let’s go à Goa” . Bonne écoute et belles découvertes… C’est parti !
COEUR DE PIRATE
« En cas de tempête, ce jardin sera fermé »
10 ans déja que la France est tombée en amour pour Béatrice Martin, la petite Montréalaise au drôle de pseudonyme, au corps recouvert de tatouages multicolores et à la voix si singulière, et surtout pour ses chansons acidulées et son talent de mélodiste Pop comme en témoignait le hit « Comme des enfants ». Après le rafraichissant premier album (2008), le plus produit et néo-Yéyé « Blonde » (2011), et le décevant Electro-Pop « Roses »(2014), suivi en 2017 des « Souliers rouges », un magnifique concept album avec Marc Lavoine et Arthur H, dans lequel elle incarnait une jeune ballerine avec beaucoup de sobriété et de sensibilité, et dont on regrette encore qu’il n’ait pas donné lieu à un spectacle, Coeur de Pirate revient avec un disque au titre aussi étrange que littéraire, « En cas de tempête, ce jardin sera fermé », inspiré d’une mention lue sur un square parisien. Habillé d’un très beau visuel, ce disque se veut celui d’une femme forte, malgré ses 28 ans, ayant acquis une belle maturité artistique et sentimentale, au point de vouloir explorer toutes les facettes du sentiment amoureux, dans un élan de fièvre créatrice, avec la complicité de Tristan Salvati (réalisateur et co-arrangeur du disque, s’étant déjà illustré aux côtés de Louane ou Marina Kaye). Entre autres thèmes explorés, elle a choisi de traiter sans filtres des sujets aussi crus, douloureux et casse-gueules que l’infidélité (« L’autre »), le viol conjugal («Je veux rentrer »), l’amour non partagé (« Malade »), les nuits passées avec un monstre (« De honte et de pardon »), ou encore les aventures éphémères (« Amour d’un soir »). Un disque ultra-contemporain parfaitement ancré dans son époque, tant pour les thèmes abordés, que pour sa production qui flirte parfois avec des sonorités nouvelles dans l’univers de CDP (cf. « Danse la nuit », sur laquelle elle se frotte gentiment au Rap avec son compatriote québécois Loud, ou « Prémonition » et Dans la nuit », avec leurs incursions Electro racées), qui n’évite pas certaines maladresses, qu’on lui pardonne volontiers, au regard de son audace et de sa sincérité.
Eric Chemouny
MARISCAL
« Plus le temps »
Séduit par la beauté sobre et mélancolique de l’excellent titre « A l’arrière des voitures », sur le thème d’une paternité qu’on devine blessée, on a eu envie de découvrir plus encore le discret Mariscal, et son premier album « Plus le temps » paru début mars dernier. Et autant le dire tout de go, c’est un vrai coup de coeur. Si on apprend qu’il a mis 8 ans à peaufiner son univers artistique, explorant diverses pistes et prenant le temps de digérer toutes ses influences musicales, de Sufjan Stevens, à Louis-Jean Cormier jusqu’à Win Butler d’Arcade ou les Beach Boys, on ne peut que le féliciter au final de tant de persévérance et de volonté. Car le résultat final est de toute beauté : avec sa voix claire et son phrasé d’une grande précision, Mariscal nous livre 11 plages très variées, entre titres Pop rythmiques et ballades langoureusement étirées, comme autant de chansons millimétrées, très finement ciselés et d’une intelligence rare, dont la confection artisanale semble relever d’une époque quasi-révolue, de celle qui a vu émerger des Jean-Louis Murat ou des Dominique A. S’il fallait trouver un dénominateur commun à l’ensemble, on pourrait dire que chacune des chansons est placée sous le signe de l’émotion pure et intense que déclenche entre autres le sentiment amoureux, de « La rouille », à « Je marche, je respire », « Cimetière de l’amour », ou « Le coton à même la peau » : autant de petits bijoux qui dessinent avec délicatesse et pudeur la carte du tendre de ce très attachant nouveau-venu, dont le parcours atypique et l’exigence forcent le respect.
Eric Chemouny
CHARLOTTE CARDIN
« Main Girl »
Avec ses faux-airs de Jane Birkin période 70’s et ses allures de topmodel sur la pochette minimaliste et ultra référencée de son premier album, Charlotte Cardin est déjà le nouveau phénomène Pop du moment, et le coup de coeur des médias français les plus pointus. Encore inconnue ici il y a peu, elle est pourtant déjà célèbre chez elle au Québec, où elle fut révélée par l’émission « La Voix » (version locale de « The Voice », avec Pierre Lapointe, Ariane Moffatt ou Isabelle Boulay comme coaches). Découverte avec le hit « Main Girl », cette autre Charlotte de la musique francophone prolonge notre plaisir le temps d’un mini album de 10 titres tout aussi percutants, essentiellement en anglais, ayant réussi l’exploit à se constituer un répertoire original mettant en valeur sa voix extrêmement attachante et singulière, tout en prenant de la distance avec les « tounes » de grande variété québécoise sur lesquelles elle s’était distinguée dans le fameux radio-crochet. Si elle déclare avoir grandi en écoutant les disques de ses parents, des Stones à Led Zeppelin, cela s’entend et de telles références sont à son honneur : ses compositions minimalistes entre Soul et Pop, mettant en avant l’extrême virtuosité de son interprétation chaude et puissante, dévoilent au passage une belle maturité d’écriture, à la fois simplissime et très personnelle, jusqu’à l’envoûtement. Des réussites comme « Faufile », « Love Doesn’ Hurt », « Big Boy », ou « Dirty Dirty », ne sont que échantillons, plus éclatants les uns que les autres, de son talent très prometteur.
Eric Chemouny
POMME
« A peu près, sessions montréalaises »
(vinyle 5 titres)
Histoire d’accompagner son prochain concert à la Cigale à Paris le 20 juin prochain, Pomme a eu la bonne idée de proposer son album augmenté de 5 sessions live acoustiques de titres ré-enregistrés en duo avec des artistes montréalais de sa famille artistique : les Soeurs Boulay (« De quoi te plaire »), Elliot Maginot (« A Lonely one », Safa Nolin (« On brûlera »), Fanny Bloom (« Pauline ») et Philémon Cimon (« Comme si j’y croyais »). En bonus, les 5 titres sont proposés sur un joli vinyle, illustré d’un visuel raffiné aux couleurs du Québec, signé Diglee. De la sensible Safia Nolin aux facétieuses Soeurs Boulay, c’est ici l’occasion de découvrir en avant-première le meilleur de la nouvelle scène québécoise. Quant à Pomme, en solo comme en duo, on se délecte plus que jamais de la délicatesse des chansons, de la sensibilité de l’interprétation et de la maturité du talent de ce petit bout de femme, dont le répertoire Folk et terriblement ambitieux, pourrait bien faire d’elle la plus digne héritière d’une Marie Laforêt.
Eric Chemouny
(voir aussi notre rubrique Questionnaire de Proust)
CALOGERO
6 albums vinyle réédités
Alors qu’il poursuit sa tournée triomphale, portée par le succès incontesté de son superbe album « Liberté Chérie », dont vient d’être extrait le nouveau single « 1987 », sa maison de disques Universal a eu la riche idée de ressortir ses six précédents albums solo en luxueux vinyle : « Au milieu des autres », « «Eponyme », « 3 », « Pomme C », « L’embellie » et « Les feux d’artifice ». En attendant peut-être de voir rééditer ses albums au sein du groupe les Charts, ou encore ses disques Live, afin de satisfaire les plus aficionados, c’est l’occasion de mesurer que celui qu’on surnomme à juste titre aujourd’hui « le patron de la variété » n’est pas arrivé à ce niveau d’excellence par hasard. En plus de son talent de mélodiste hors-pair, de sa volonté de fer et de son acharnement au travail, l’artiste a incontestablement toujours fait preuve d’humilité, de bon goût artistique et de cohérence dans ses choix, qu’il s’agisse des visuels de ses disques, toujours sobres et élégants, ou encore et surtout de ses collaborateurs paroliers, duettistes ou producteurs (Zazie, Raphaël, Jean-Jacques Goldman, Dominique A, Pierre Lapointe, ou encore dernièrement Clara Luciani… ). En attendant, d’aller l’applaudir à l’Accor Hôtel Arena les 5 et 6 juin prochain, c’est l’occasion de réécouter sur galettes noires avec un léger crépitement au coeur et dans les oreilles, les innombrables et indémodables tubes d’un artiste emblématique de nos années laser…
Eric Chemouny
ARNOLD TURBOUST
« Let’s Go à Goa » (réédition deluxe)
30 ans après, et histoire de célébrer comme il se doit son retour sur scène au Café de la Danse à Paris, le 13 juin prochain, entouré de nombreux invités (dont Barbara Carlotti, Bertrand Burgalat…), Universal réédite le premier album emblématique de l’ami Arnold Turboust. Véritable figure incontournable de la Pop française depuis les années 80, il reste dans l’esprit du grand public le chanteur au cheveux bouclés et au regard candide du duo culte « Adélaide » (1986) avec Zabou Breitman, mais aussi et surtout l’homme derrière les plus grands tubes et les albums à succès d’Étienne Daho (« Tombé pour la France », « Épaule Tattoo », « Les Bords de Seine », « Rendez-vous au jardin des plaisirs »…). Plus discret comme chanteur, le compositeur-producteur peut toutefois s’enorgueillir de cinq autres albums à son actif, que tout véritable fan de French Pop se doit d’avoir dans sa discothèque : « Mes amis et moi » (1994), « Toute sortie est définitive » (2007), « Démodé » (2010), « Eponyme » (2018). Réédité en version collector, ce « Let’s Go à Goa » compte bien entendu l’excellent second single paru en 1987, « Les envahisseurs », écrit avec le parolier Jacques Duvall (cf. Lio, Alain Chamfort, Marie-France…) ainsi que quelques autres raretés. Une légende de la musique élégante et populaire, à découvrir ou redécouvrir…
Eric Chemouny
ZAZIE
single “Speed”
Le lancement est à l’image de son titre, “Speed”, tant le nouveau Zazie a crée la surprise réjouissante de cette fin de mois de mai peu prolixe, orchestré par un teasing fulgurant qui a excité les réseaux sociaux. Et puis la chanson se révèle, déséquilibrante et vertigineuse comme un grand huit émotionnel, construction déconstruite qui s’accélère comme une boite à musique moderne qui aurait perdu le sens de sa mesure pour mieux célébrer l’amour de nos jours. Comme toujours Zazie fait du travail d’orfèvre dans ses chansons, elle cisèle les mots et les sons, elle en contorsionne les mesures, les distends, les tords jusqu’à faire battre nos cœur à son propre rythme et, une fois encore, le fait rougir d’amour. Ce nouveau Zazie distille son élixir efficacement et se répand dans nos têtes comme un doux poison. 3 ans après “Encore Heureux”, l’écriture est toujours fine et poétique et “Speed” rejoint la grande collection des tubes populaires de l’artiste, tels que “Rodéo” ou “Rue de la Paix”. Allez hop! Vite l’album! Il est annoncé pour septembre !
Grégory Guyot
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Bonne écoute, bonnes découvertes musicales…
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Maurane / Françoise Fabian / Sylvie Vartan / Charlotte Gainsbourg / Juliette Armanet / Kumisolo / Brigitte / Véronique Sanson / Florent Pagny / Pomme / Hoshi / Un soir aux 3 Baudets / Concertorama#10 : Julien Doré, Tim Dup, Eric Serra , Emily Loizeau / Discorama#10: Calogero, Charlotte Cardin, Mariscal, Coeur de Pirate, Pomme, Zazie, Arnold Turboust.
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