CONCERTORAMA
La musique se vit. Live.
édition JSM#10 . 02.06.18.
La musique s’écoute, la musique se voit, la musique se vit. Live. Quand les artistes entrent dans la lumière, ils sont face à nous, ils offrent leurs chansons et les font voyager avec nous. CONCERTORAMA, c’est un panorama non exhaustif des concerts du mois, de ces espaces temps où la musique, l’artiste et les fans ne font plus qu’un, dans une fulgurance d’émotions et d’instants suspendus et exaltés.
Ce mois-ci, impossible d’échapper à la tournée acoustique de Julien Doré qui parcourt les routes de France, aux 30 ans du Grand Bleu avec Eric Serra, à la performance d’Emily Loizeau au Centquatre et au sacrement de Tim Dup à La Cigale…
31 mai 2018 à La Cigale
TIM DUP
Il est si proche et si loin déjà, le temps où le jeune et timide Timothée se présentait devant une poignée d’afficionados aux Etoiles à Paris. C’est désormais dans une Cigale pleine à craquer, et ayant affiché complet dès la mise en vente des billets, que l’artiste Tim Dup se produit…
Rappelant combien cette salle était chère à son coeur, pour y avoir assisté à son premier concert à l’âge de neuf ans, il entre sur scène sous les ovations, devant un public conquis d’avance.
Plus à l’aise que jamais, tant vocalement que dans son jeu scénique, c’est en pleine possession de son spectacle, rôdé lors de longues tournées, qu’il s’offre sa première grande scène parisienne en ce dernière jour orageux de mai.
Visiblement comblé par l’accueil chaleureux qui lui est réservé (et on ne parle pas de la température dans la salle qui dépasse les 40 degrés…), il enchaîne avec fluidité les succès de son album “Mélancolie heureuse”, dans une architecture musicale savamment élaborée (“Comme un écho”, “L’envol”, “Moïra Gynt”, “Paradoxe”, “Soleil noir”, “Une envie méchante”, “Vers les ourses polaires”, “Un peu de mélancolie heureuse”), mais nous offre aussi la primeur de trois nouveaux titres à paraître sur son prochain album prévu en juin 2019. Le public est aux anges !
A sa propre surprise, ils sont nombreux dans la salle à connaitre sur le bout des doigts absolument toutes les paroles de ses magnifiques chansons, sensibles et littéraires. Entre autres surprises, il est rejoint sur scène par le pianiste Alexandre Tharaud, le temps d’une reprise de Barbara, “Pierre”. Le silence est religieux, l’émotion à son comble… Un peu plus loin, il nous arracherait presque les larmes lorsque, à la façon d’un Vincent Delerm, d’ailleurs présent dans la salle et visiblement très fan, il nous fait partager un message téléphonique plein d’amour et de fierté, laissé par sa grand-mère au lendemain d’un concert et de la parution d’un article dans Ouest-France.
La symbiose est si totale avec ce public qui lui renvoie des tonnes d’amour, qu’il ne peut s’empêcher d’aller se balader dans la fosse, avant de remonter sur cette scène de la Cigale, désormais trop étroite pour son insolent et gigantesque talent.
Une star est née !
Eric Chemouny
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Crédit photos: Eric Chemouny (D.R./JSM)
13 mai à l’Olympia
JULIEN DORE : VOUS & MOI
Le 5 avril dernier, Julien Doré reprenait la route pour prolonger l’aventure “&” et confirmer l’énorme succès et de l’artiste et de son oeuvre. Précédé d’un album acoustique intitulé “Vous & moi”, la tournée éponyme s’est installée pour 4 soirs sur la scène de l’Olympia en mai et elle y reviendra les 22 et 23 juin prochain, avant d’entamer la tournée d’été.
“Vous & moi” aurait pu être une simple mise à nue de la tournée “&” si Julien Doré n’avait pas distillé dans son concert autant de bonnes idées qui font mouche. Même si on n’en doutait pas, tant l’homme est sur la scène autre chose qu’un chanteur à succès et plutôt un bon showman, drôle, vif et aiguisé, on est embarqué par ce fil d’idées qui relèvent un spectacle qui, sur le papier, aurait pu s’avérer linéaire. En effet, difficile exercice que de passer de l’excitation de chaque instant d’un vrai grand show comme le “& Tour” à un piano-guitare-panda-voix de facture assez classique dont il manque le souffle entraînant des titres qui ont fait bouger les salles jusqu’à l’AccorhotelsArena en décembre dernier.
Pour commencer, l’une des bonnes idées de Julien Doré est d’avoir confié ses premières parties à des artistes “locaux” recruté sur casting sous forme de concours; bonne idée aussi lorsqu’il vient lui même les présenter sur scène; bonne idée quand il les rejoint sur leur dernier titre pour les accompagner au piano; bonne idée quand il enchaîne directement avec son propre tour de chant, ni tout à fait le même ni tout à fait un autre selon les soirs; bonne idée de reprendre des chansons aimées de ses fans mais trop peu entendues en live comme “Glenn Close” ou “Les bords de mer” qui se prêtent totalement à l’ambiance de son concert feutré; bonne idée de faire le choix de reprises éclectiques de Boys Town Gang à France Gall; bonne idée d’avoir crée deux ambiances distinctes sur une même scène: piano et guitare; d’avoir habillé son cocon vital de bougies (fausses mais qu’importe), d’avoir éparpillé des instruments comme pour mieux avoir le choix d’improviser, d’avoir entrouvert le rideau rouge comme une invitation à entrer dans son monde.
Qui dit bonnes idées, dit aussi son contraire et on ne comprend pas, par exemple, ce choix assumé de faire entrer sur scène le drôle de panda de “Coco Caline” (titre pourtant présent dans ce tour de chant) venant parasiter une chanson aussi sérieuse et sublime que “Corbeau blanc”, l’une des plus belles de tout son répertoire qui clôt son spectacle. Dommage sur un moment aussi fort.
Au final, le temps a passé trop vite, comme à chacun des concerts de Julien Doré grâce son humour de plus en plus affiné, à sa répartie de chaque instant, à son sens de l’histoire et à son rythme qui font que “Vous & moi” n’est pas qu’un simple concert mais un véritable show, une vraie tranche de vie partagée entre lui et nous.
Gregory Guyot.
Crédit photo: Gregory Guyot (D.R./ @I_am_Gregg / JSM)
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Setlist (13 mai 2018) : Le Lac / Les bords de mer / Bergman / Panda Roux Panda Gris / Moonlight Serenade / Mon apache / Chou Wasabi / Can’t take my eyes off you (reprise de Boys Town Gang) / Cet air là (reprise de France Gall) / Glenn Close / Kiss me forever / Magnolia / Eden / Femme Like U (reprise de K-Maro) / Coco Caline / Aline (reprise de Christophe) / Sublime et Silence / Paris Seychelles / Rappel 1 : Porto Vecchio / Rappel 2: Corbeau Blanc.
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LOUISE
Le soir où nous y étions c’est Louise qui a ouvert la soirée. Délicate et douce, elle a suspendu le temps à l’Olympia au son de sa guitare. C’était beau et touchant. Louise montre que le talent est partout, dans sa jeunesse et dans ses rêves. Bravo Louise.


11 mai 2018 à la Seine Musicale
ERIC SERRA : LE GRAND BLEU
La musique et le cinéma, un mariage fou, une union parfois indissociable pour en faire sa réussite car il y a finalement assez peu de films qui peuvent se targuer d’une telle alchimie, mises à part les comédies musicales. Parmi ces mariages réussis, “Le Grand Bleu”, sorti en mai 1988 et son histoire incroyable: boudé, hué, conspué à Cannes, le film est immédiatement encensé par le public. Qui n’a pas vécu l’année Grand Bleu ne peut pas se figurer ce qu’est vraiment la folie autour d’un film culte : projections en délire, soirée spéciales, version longue, version grand large (inaugurée au Grand Rex), réédition augmentée de la BO, coffrets, livres, t-shirt, photos, carte postales, folie des dauphins, Barr Mania, etc. et l’avènement de Luc Besson. Le film totalise près de 10 millions d’entrées en France, Nà1 du box office en 1988, et sa BO, écrite par Eric Serra, remporte une Victoire, un César, un prix Sacem et se vend à près d’1,8 million d’exemplaires en France (3 millions dans le monde) ce qui en fait la meilleure vente de BO française de tous les temps et la 2ème derrière “Saturday Night Fever”, indissociable du film, immergée dans son monde, chaque note évoque le film, une émotion, une intention, un personnage. Une vraie réussite.
30 ans plus tard, jour pour jour, le 11 mai 2018, Eric Serra a rejoué sa partition du film intégralement sur la Seine Musicale en mode ciné-concert.
Avouons-le : en se préparant à cette soirée événement, on pensait assister à une séance nostalgie face à la projection d’un film ancré dans le culte des années 80 à la BO trop synthé pour durer dans le temps. Mais dès la première seconde, dès la première image de cet océan en noir et blanc qui défile sur l’écran géant de la Seine Musicale et les premières notes qui l’accompagnent dans une acoustique absolument parfaite, la magie opère. Comme si elle ne nous avait jamais quittée. Une fulgurance absolument jouissive et force est (heureusement de constater que) la BO est resté très actuelle et le film, remastérisé (mais ne version courte) n’a pas pris une ride.
Si nous n’avons pas l’habitude de mettre en avant les ciné-concerts, nous avons celle d’évoquer ceux qui font l’histoire de la musique. Assurément, Eric Serra vient de nous rappeler avec cette leçon magistrale qu’il est l’un des compositeurs contemporains les plus importants que les flots d’un phénomène eighties n’a pas fait s’échouer. Ainsi, face au succès de cet événement, Il joue de nouveau sur la Seine Musicale ce samedi 2 juin.
Gregory Guyot
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Crédit photo: Gregory Guyot (D.R./ @I_am_Gregg / JSM)
2 mai 2018 au Centquatre
EMILY LOIZEAU : Run Run Run
Alors qu’on l’attendait avec son spectacle musical “Mona”, c’est dans un hommage à Lou Reed, “Run, Run, Run”, qu’Emily Loizeau est revenue occuper la scène du Centquatre-Paris les 2 et 3 mai dernier.
Alors que les spectateurs s’installent sur des coussins posés à même le sol, Emily Loizeau se livre a quelques exercices de relaxation tandis que la comédienne Julie-Anne Roth court inlassablement autour de la scène circulaire. Ce dispositif audacieux et intimiste rend un peu difficile la vision globale du spectacle. Il faut jouer du cou pour apercevoir le dos des 2 femmes, ou du guitariste Casba Palotaï, entre un grand piano à queue, des frigos défraîchis et des écrans de télé, également en boucles.
Heureusement l’heure qui suivra verra quelques échappées parmi le public, sur des titres phares comme “Perfect Day” ou “Chelsea Girl” qui ont permis de pénétrer plus intimement l’univers du Velvet. La voix d’Emily Loizeau finit de rendre chaleureuse cette ambiance de motel, ou semblent pouvoir surgir à tout moment les fantômes de la Factory.
Pierre Olivier Signe.
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Crédit photos: Pierre Olivier Signe (D.R.)
Sortez, vivez, découvrez en live les artistes et leurs chansons et rendez-vous le mois prochain pour un nouveau CONCERTORAMA.
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Maurane / Françoise Fabian / Sylvie Vartan / Charlotte Gainsbourg / Juliette Armanet / Kumisolo / Brigitte / Véronique Sanson / Florent Pagny / Pomme / Hoshi / Un soir aux 3 Baudets / Concertorama#10 : Julien Doré, Tim Dup, Eric Serra , Emily Loizeau / Discorama#10: Calogero, Charlotte Cardin, Mariscal, Coeur de Pirate, Pomme, Zazie, Arnold Turboust.
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