JULIEN DORÉ
La loi de l’attraction
Au terme de sa tournée « & tour » qui s’est achevée par deux concerts sold out à l’Accor Hotels Arena en décembre dernier, et d’un parcours sans faute ayant accompagné la sortie de l’album du même nom, succès discographique de l’année 2017 toutes catégories confondues, émaillé de tubes en rafales, du premier extrait « Le lac », à « Coco Câline », on imaginait que Julien Doré reprendrait les chemins d’une retraite solitaire, dans l’attente d’une nouvelle vague d’inspiration… C’était sans compter la fameuse loi de l’attraction, cette loi du désir, qui l’anime depuis ses débuts et le ramène irrésistiblement comme un aimant vers son fidèle public…
« Ce qui se trouve devant nous & ce qui se trouve derrière nous sont bien peu de choses au regard de ce qui se trouve à l’intérieur de nous. & quand nous faisons jaillir dans le monde ce qui se trouve en nous, des miracles se produisent ». C’est avec ces quelques lignes aux accents philosophiques empruntées à Henry-David Thoreau que le blond chanteur justifiait son retour aussi inattendu que rapide, sur scène et dans les bacs, avec l’album « Vous & moi », dont nous vous avions déjà parlé dans nos colonnes Discorama.
Soucieux de se réinventer en permanence, il a choisi de revisiter douze chansons dans leur plus simple appareil et de les livrer à ses fans, mises à nu, dans un périlleux exercice de dépouillement extrême, alors même que depuis deux albums, ses chansons se distinguent justement par une production ultra léchée, concoctée avec son gang de musiciens. Loi du désir ou goût du danger ? Toujours est-il que c’est dans la cave à vin d’une vieille bâtisse du sud de la France où il a ses attaches familiales, qu’il a pris de risque de déshabiller ses tubes pour les orner d’une simple guitare sèche, d’un piano et de son souffle de voix si sensuel et singulier, pour en extraire la quintessence et mieux mettre en valeur leur mélodie intrinsèque. Car c’est ainsi que naissent les chansons, on l’oublie trop souvent…
Dans ce jeu de miroirs déformants, « Le lac », « Coco câline », « Porto-Vecchio », « Moonlight Sérénade », « Eden », « Sublime et silence », « Romy », « Caresse », « Magnolias » et « De mes sombres archives » s’enchaînent dans un flux continu de mots susurrés d’une voix confidente et complice, comme au creux de l’oreille. Tout juste viennent s’intercaler « Africa » (le tube de Rose Laurens, chanteuse culte des années 80, dont on a oublié qu’elle a chanté du Cabrel…) en duo avec le très rockabilly Dick Rivers, une idée originale et à contre-courant de toute branchitude ambiante, venant rappeler l’esprit provocateur qui animait le trublion à l’époque où il reprenait « Moi Lolita » d’Alizée ou « Mourir sur scène » de Dalida, devant le jury médusé de la « Nouvelle Star ». Et pour finir, c’est à Christophe, son maître entre tous, avec lequel il s’est désormais beaucoup produit, qu’il rend respectueusement hommage en reprenant son tube des années 60, le fameux et langoureux slow « Aline ».
Inépuisable et non content d’offrir ce cadeau discographique à ses fans (un CD en double version, jaune et/ou noir, un code couleurs qu’on ne peut qu’apprécier à Je Suis Musique, mais également un vinyle orné d’un visuel différent), c’est à une tournée acoustique qu’il convie désormais ses fans.
Entamée le 5 avril dernier au Fouesnant dans le Finistère, la tournée qui annonçait une vingtaine de dates dès la mise en vente n’a cessé de s’agrandir. Complète en quelques heures, elle totalise aujourd’hui plus du double dont 6 soirs à l’Olympia en mai du 13 au 16 et les 22 et 23 juin avant une tournée des festivals d’une douzaine de performances qui vont cadencer son été.
Pour autant, soucieux de préserver le climat intimiste qu’il a voulu conférer à ce nouveau rendez-vous, et la surprise qu’il s’attache à réserver à ses fans, très peu de photos ont filtré de cette nouvelle tournée, l’artiste a mis le frein à sa promo intensive, se concentrant sur son investissement sur scène, et le tracklisting-même du concert évolue au fil des dates, faisant de chaque concert un événement unique et mémorable… C’est dire si d’ici l’été 2018, nous ne sommes pas au bout de nos surprises avec notre Mister Mystère préféré…
Eric Chemouny
_
crédit photos: Julien Doré par Goledzinowski (D.R./Columbia / Sony Music)
Un commentaire sur « »