AXELLE RED

Le retour d’exil


JSM 8 Je Suis Musique Axelle Red 1 (4)Après avoir enflammé tous les tops dans les années 90, avec des tubes radio en rafales, extraits d’albums mâtinés de ses influences Pop Soul, Axelle Red s’était faite plus discrète dans les années 2000, malgré la parution d’albums réguliers, comme plutôt prioritairement  consacrée à sa vie de famille. La flamande à la crinière incandescente est aujourd’hui de retour avec « Exil », un nouvel album riche en collaborations qui renoue avec ses racines musicales et le meilleur de son inspiration…

Depuis son premier tube « Sensualité » en 1993 , on a tous un jour flanché pour une chanson d’Axelle Red, tant la Bruxelloise a aligné de hits addictifs et d’une efficacité dingue, dans un régulier balancier entre titres rythmiques et balades langoureuses, toujours superbement produits et puisant leurs influences dans les sonorités estampillées 60’s / 70’s des albums cultes de la Motown et du label Stax  : « Le monde tourne mal », « Elle danse seule », « Parce que c’est toi », « Mon café », Rester femme », « Je t’attends », « Ce matin », « « Ma prière », « J’ai jamais dit », « A quoi ça sert », « Rien que d’y penser »… Sans oublier « Manhattan Kaboul », énorme tube en duo avec Renaud, sorti au lendemain des attentats du 11 septembre à New-York, et devenu un standard incontournable du répertoire de la « chetron sauvage ». Parce qu’au-delà de la qualité de ses chansons et de ses albums, Axelle Red possède un truc en plus, qui la rend terriblement attachante : sa timidité et son hyper-sensibilité si touchantes lorsqu’elle s’exprime, son grain de voix particulier, sa silhouette filiforme et sa grâce naturelle, son bon goût artistique et vestimentaire (devenue icône de mode, elle fut une des premières à s’habiller chez Véronique Leroy, aujourd’hui styliste fétiche de Juliette Armanet)…

De plus, elle possède incontestablement une singularité et un univers musical aux contours bien définis, qui lui confèrent une crédibilité et une solidité artistiques que bien des chanteuses en mal d’identité pourraient lui envier … A ce titre, la chanson française de ces années-là lui doit des moments mémorables comme ce concert au Palais des Congrès où elle se produisait (enceinte) entourée des légendes de la Soul (Wilson Pickett, Sam Moore, Eddie Floyd, Percy Sledge et Ann Peebles), ou encore l’ouverture de la Coupe du monde de football 1998, qu’elle marquait de son empreinte, le temps d’un duo historique avec Youssou’n’Dour, « La cour des grands »…

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Si bien que c’est une voix amie et familière que l’on retrouve à l’écoute de ce nouvel opus, qui pourrait bien la voir renouer avec le tourbillon de ces années fastes, mais avec la distance de la maturité en plus. A l’origine de cette belle aventure, un voyage aux Etats-Unis en août 2016, au cours duquel elle compose vingt chansons en deux semaines, entre Nashville, Memphis et Los Angeles, comme galvanisée par le bain musical qui la ressource depuis toujours, avec à l’esprit des collaborations diverses (Shelly Peiken, Albert Hammond, déjà aux manettes de ses plus grands succès…) : « On entre dans la pièce et on s’échange quelques généralités en guise d’introduction. Un préliminaire d’un quart d’heure, puis on s’assied et l’écriture commence. Soudain, sans qu’on s’en rendre compte, la magie opère et l’on s’apercoit qu’on arrive aux contours d’une chanson dont sait qu’elle fonctionne. C’est merveilleux », raconte-t-elle sur l’origine de ces nouvelles chansons, nées dans l’harmonie et l’évidence. C’est souvent bon signe…

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Et c’est en Californie, sous le soleil de Los Angeles qu’elle prolonge l’aventure, en composant de nouveaux titres, en 2017, pour finir par enregistrer et mixer l’album chez trois co-compositeurs et réalisateurs : le danois Rune Westberg, le norvégien Jarl Aanestad, et surtout l’anglais Dave Stewart, moitié mythique avec Annie Lennox du duo Eurythmics… Installée en famille à Fareholm Drive, elle retrouve alors le doux climat qui a inspiré les grands artistes de référence pour elle, et tout naturellement la fraicheur de ses premiers titres, doublée d’une écriture affutée et d’un engagement humaniste qui se sont développés au fil des derniers disques. « A travers l’Histoire, il y’a toujours eu des gens prêts à souffrir, à terme stigmatisés, pour offrir le bonheur aux autres. Moi-même j’ai payé celui de rester toujours fidèle à mes convictions, en m’éloignant parfois de la Pop pour écrire des chansons qui reflètent ma vision du monde. Exil est un album Pop mais aussi spirituel. La Fortuna, l’accomplissement de soi est dans le voyage, le partage, la gratitude qu’ils se trouvent » justifie-t-elle. Ce n’est pas pour rien, qu’Axelle a été choisie pour être marraine de l’Unicef depuis 1997, et désormais aussi de Handicap International : son coeur est grand et son âme est belle.

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En guise de témoignage de cette osmose artistique et de cet état de plénitude qui semble être le sien désormais, à l’aube d’une cinquantaine qu’elle arbore superbement, elle nous livre quelques jolies réussites aux accents universels, promises à un beau succès, comme « Gigantesquement belle », « Un ami », « Le grand retour », « C’est ainsi » ou encore « Le plus beau reste à venir », qui clôture majestueusement cet « Exil » sur une note positive : « Je n’ai jamais été aussi positive. Toute cette misère qui s’étend autour de nous éveille la jeune génération. L’engagement prend du souffle et le sens des responsabilités redevient palpable. Le tournant se pointe… Exil le célèbre, l’accompagne et l’encourage… ».

Bref, qu’on se le dise, Axelle Red est de retour d’exil…

Eric Chemouny

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crédit photos : Jan Welters (D.R. / Play Two / Warner Music)

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