ALEXANDRE, JULIETTE ET BARBARA :

« Vaille que vivre… »


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Dimanche 15 octobre 2017. Le public se presse et s’entasse dans la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie pour l’une des représentations les plus attendues de la saison : « Vaille que vivre », le spectacle de Juliette Binoche et Alexandre Tharaud, clôturant un week end de spectacles dédiés à Barbara, disparue il y a 20 ans déjà et prolongeant la sortie de l’album hommage d’Alexandre Tharaud.

Il entre le premier en scène sur la pointe des notes d’un petit piano d’enfant tandis que le grand piano à queue dort sous une couverture noire. Elle fait résonner sa voix qui précède une entrée attendue, entre ombre et lumière.

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Pendant plus d’une heure quinze, le duo théâtralise les textes de la dame en noir, extraits d’une biographie inachevée (« Il était un piano noir… mémoires interrompus ») , scènes d’une vie dédiée à la scène, entrecoupées de chansons emblématiques, les plus connues, les plus attendues aussi: « mon enfance », « ma plus belle histoire d’amour c’est vous », « Nantes », « Vienne » mais aussi la (re) découverte de titres moins faciles comme « femme-piano-lunettes », où Juliette Binoche sans pour autant lui ressembler tient la scansion de la chanteuse. Et puis il y a « la solitude » dans un duo à fleur de mal, à fleur de peau, à fleur de voix entre le pianiste et l’actrice, instant suspendu, totalement.

« La solitude » en duo ? Ce n’est pas le seul paradoxe de ce spectacle, qui a opté pour une mise en scène d’une sobriété classieuse, sombre et dépouillée, à l’image de la dame en noir, tandis que le moment magique nous offre deux immenses stars, simples, parfois fragiles, assumant autant les faiblesses qu’une certaine incandescence.

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Autre paradoxe : les autres chansons trop évidentes, trop connues, trop faciles sont justes évoquées par le grand piano à queue de Tharaud , troisième acteur du spectacle. Ainsi ce piano tisse le lien avec la voix ensorcelante de Binoche. Ce n’est jamais physique, c’est métaphysique : car à l’image de cette « solitude », le duo ne se rencontre jamais vraiment : il se cherche sans se trouver, comme sur l’île aux mimosas imaginée par Barbara.

Et lorsque les lumières de la salle se rallument, le duo se fait couple : main dans la main, émus, ils s’inclinent sous les applaudissements d’un public exigeant mais conquis.

Gregory Guyot

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crédit photos: prises à la fin du spectacle à la Philharmonie le 15 octobre 2017 par @I_am_Gregg (D.R / JSM) // Affiche du spectacle « Vaille que vivre… » (D.R / Les Visiteurs du soir)

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